Publié le 7 Dec 2018 - 19:58
VOL EN REUNION

L’entreprise Feramus réclame 2 milliards à un homme d’affaires

 

Deux milliards de francs Cfa. C’est le montant que réclame l’entreprise française Feramus à l’homme d’affaires A. Lô, traduit hier à la barre du tribunal correctionnel de Dakar.

 

En devenant l’adjudicataire des matériels de Feramus vendus aux enchères le 23 décembre 2014, A. Lô pensait faire une bonne affaire. Mal lui en pris, car il s’est retrouvé en justice, accusé de vol en réunion.  L’entreprise française spécialisée dans la métallurgie et la chauderie l’accuse d’avoir pris du matériel qui ne faisait pas partie des enchères. La société Feramus, qui avait commencé à s’installer sur la plateforme de Diamniadio, était en contentieux avec la Société générale de banques au Sénégal (Sgbs). Lorsque le tribunal a été saisi, il avait tranché en faveur de la banque qui avait décidé de vendre aux enchères le matériel de la société. Lors de la transaction effectuée par le commissaire-priseur, Me Oumar Guèye, Lô a été retenu comme meilleur enchérisseur en proposant la somme de 120 millions de francs Cfa.

Sauf que, d’après Me Emmanuel Padonou, la vente est non seulement irrégulière, mais l’homme a dévasté l’entreprise. En fait, selon les explications de l’avocat de Feramus, le titre sur lequel le commissaire-priseur s’est fondé pour procéder à la vente n’est pas un titre définitif. D’après son argumentaire, la Sgbs a été déboutée par le juge qui estime que Feramus ne lui doit aucune créance. Le pire, dit-il, ‘’le prévenu et l’auxiliaire de justice, munis de bras lourds et d'un bon à enlever, ont dévasté et vandalisé la société’’. ‘’Est-ce qu'un procès-verbal de vente autorise à une dévastation, car les lieux ont été totalement nettoyés ? Or, l’acquéreur Lô sait très bien ce qu'il a acheté’’, s’est interrogé Me Padonou. Des accusations contestées par le prévenu. Lô a déclaré avoir agi sur la base du bon à enlever remis à lui par le commissaire-priseur. Il a réfuté la présence de nervis en soutenant qu’il y avait plutôt des gendarmes mis à sa disposition par le commandant de brigade de Diamniadio. ‘’J’ai agi de bonne foi. Tout ce que j’ai enlevé figurait dans le bon’’, s’est-il défendu.

Mais Me Mbaye Sène, constitué également pour Feramus, a allégué qu’il y a effectivement du banditisme dans cette affaire, puisque les auxiliaires de justice sont allés au-delà de la décision. ‘’Même le câblage a été déterré et le cuivre vendu’’, a soutenu la robe noire. Pour le préjudice, il a réclamé la somme de 2 milliards de francs Cfa, arguant que plus d’un milliard a été investi par leur client pour bénéficier de la rente que constitue la plateforme de Diamniadio.

Le parquet a requis l’application de la loi. Ce qui signifie, de l’avis de Me Baboucar Cissé, que M. Lô doit être renvoyé des fins de la poursuite. Car le conseil estime que les véritables personnes qui devaient être poursuivies ne sont pas à la barre.

Revenant sur les faits, il a indiqué que l’entreprise française devait 462 millions à la Sgbs. Et après la décision du tribunal, la banque a obtenu un certificat de non opposition et de non appel. C’est sur la base de ces documents qu’elle a initié la procédure de vente, en faisant une insertion publicitaire dans la presse. En voyant l’annonce portant sur la vente de matériels lourds, son client a enchéri et a reçu un Bav qui énumère tous les biens. ‘’Lorsqu'il a envoyé des hommes pour enlever le matériel, la société s'est opposée et mon client a fait appel au procureur délégué de Rufisque qui a demandé à la gendarmerie de lui porter assistance. Donc, il n’y avait pas de nervis. L'adjudicataire est de bonne foi’’, a asséné Me Cissé.

Le tribunal rend son délibéré le 17 janvier prochain.

FATOU SY

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