Publié le 31 Jan 2019 - 18:45
VOL PORTANT SUR 10 CHÈQUES, FAUX ET USAGE FAUX, ESCROQUERIE

Elle puise 5 millions dans le compte de son employeur

 

De l'audace et du culot, Henriette M. Sow en a à gogo. Elle a subtilisé dix chèques de son employeur Saadbou Thiam et retiré plus de 5 millions de F Cfa.

 

''Trop de confiance est mère de déception''. Ce proverbe français du XVIe siècle sied le mieux à la conclusion de la relation entre Henriette M. Sow (27 ans) et la mère de Saadbou Thiam. Ce dernier a engagé, au mois de juin 2018, la jeune fille pour qu'elle assiste sa mère âgée de 86 ans et domiciliée à Dakar. Lui réside à Saly pour les besoins de son travail. À la barre du tribunal de grande instance de Mbour, il explique que, depuis 20 ans, il a mis à la disposition de sa mère son chéquier avec sa signature dessus. ''Chaque jour, renseigne Saadbou Thiam, ma mère met la somme requise pour les dépenses à réaliser par le courtier qui se trouve à Dakar. Henriette a profité de sa confiance pour voler 10 chèques vierges et signés sur le chéquier. Elle a déchiré les chèques de manière désordonnée et futée pour ne pas que ça se remarque''. 

Après avoir volé les chèques, l'assistante a effectué des retraits à hauteur de cinq millions cent cinquante mille francs : 150 000 F Cfa le 2 octobre 2018 ; 250 000 F Cfa le 5 octobre ; 750 000 F Cfa le 2 novembre ; 800 000 F Cfa le 6 novembre ; 800 000 F Cfa le 19 novembre ; 800 000 F Cfa le 30 novembre ; 800 000 F Cfa le 4 décembre et 800 000 F Cfa le 6 décembre.
Après son forfait, Henriette Sow a rompu son contrat et s’est rendue à Mbour.

Devant la barre, elle explique avoir gardé le contact avec la mère de Saadbou Thiam, à qui elle apportait, de temps en temps, des légumes. Ce n'est que quelque temps après que son ex-employeur a constaté des retraits abusifs sur son compte bancaire. Il a demandé à son personnel qui était l'auteur de ces retraits. N'ayant pas eu de réponse, il s'en est ouvert à son banquier. Un relevé de son compte, durant la période du 1er octobre 2018 au 31 décembre 2018, lui a été remis. 
Il a constaté avec désarroi que les chèques portaient la signature de celle qu'il avait engagée pour assister sa mère de 86 ans. 

Installée à Saly, la fille a été livrée à la brigade de Saly. Selon le procès-verbal, des fouilles ont permis de trouver les deux chèques restants. Devant les gendarmes de Saly et à la barre du tribunal de grande instance, elle a reconnu les faits et avancé qu'elle a aussi fait des retraits pour le compte de la mère de son employeur. 
''J'allais à la banque retirer de l'argent pour sa mère. Je reconnais avoir récupéré de l'argent, mais seulement à hauteur de trois millions. Le reste des sommes, je les avais remis à sa mère. Je faisais, de temps en temps, des retraits pour sa mère'', explique la jeune fille. Qui ajoute : ''Elle avait confiance en moi. Elle me conseillait beaucoup à entreprendre. Je lui parlais souvent de mes projets et elle m'encourageait. J'ai retiré cette somme pour mes propres investissements. Parfois, je disais à sa mère que j'avais retiré de l'argent sur les chèques. Elle me grondait et me disait qu'il faudra un jour penser à rembourser. Sûrement, elle a oublié parce que, des fois, elle oublie. Je comptais rembourser à long terme'', s’est-elle défendu.

Ces déclarations ont fait réagir Saadbou Thiam qui souligne que sa mère n'est pas atteinte d'Alzheimer, qu'elle n'a jamais dit à son assistante de se servir dans son chéquier. ''Elle n'a pas de perturbation psychologique ou psychique. Elle était enseignante, directrice d'école et psychologue. Elle a toutes ses facultés'', assure Saadbou Thiam. Pour son avocat, Me Ndior, la seule trahison est celle qui vient de ses amis les plus proches. ''Mme Thiam l'a conseillée et la considérait comme sa fille. Elle a subtilisé des chèques à d'autres fins. Un fait extrêmement grave. Plus grave encore, elle impute une partie du montant à la mère de M. Thiam. Elle allait jusqu'à Thiès et même à Mbour pour retirer les chèques, juste pour brouiller les pistes'', a dénoncé l'avocat. Qui a réclamé 10 millions pour les dommages causés à son client.

Dans son réquisitoire, le procureur explique que le ministère public aurait pu même se contenter de l'application de la loi. Puisque les faits sont établis. Et que si M. Thiam n'avait pas fait à temps la dénonciation, les montants retirés seraient plus exorbitants. Il a requis 2 ans, dont 1 ferme.

Mais l'avocat d’Henriette Sow, Me Fadel Fall, a imploré la clémence et l'indulgence du tribunal. ''Ce n'est pas un délinquant que vous avez l'habitude de voir. Même si elle évoque les bonnes relations qu'elle entretenait avec la maman, cela ne justifie pas son geste. Est-ce qu'elle n'est pas victime d'un système, victime de certains besoins ?'', s’est demandé Me Fall.

La prévenue sera fixée sur son sort ce 1er février.

KHADY NDOYE (MBOUR)

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