Publié le 4 Dec 2018 - 16:14
VOTE DU BUDGET DU MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE

Le respect des accords signés cristallisent les débats

 

Le vote du budget du ministère de l’Education nationale a été une occasion saisie, hier, par les députés, pour interpeller le gouvernement sur le respect des accords avec les syndicats d’enseignants.

 

Le respect des engagements signés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants a été, hier, au cœur des débats, lors du passage du ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam. Les députés de la 13e législature ont, en effet, profité du vote du budget dudit département ministériel pour demander au gouvernement de leur faire un état des lieux de ces accords.

Mais pour le ministre Serigne Mbaye Thiam, il n’y a pas de quoi fouetter un chat, dès lors que l’Etat a respecté tous les engagements auxquels il a souscrit. Seulement, précise le ministre, le principal point d’achoppement entre le gouvernement et les syndicats d’enseignement, lors des négociations de l’année dernière et relatif à l’indemnité de logement, n’a jamais fait l’objet d’une entente entre les deux camps. Selon lui, le gouvernement n’a jamais pris un quelconque engagement à cet effet.

Se prononçant sur le même sujet, le ministre du Budget a abondé dans le même sens que son collègue. Selon Birima Mangara, pour les rappels, le gouvernement a prévu, sur trois ans, en plus de la dotation annuelle de 29 milliards, d’allouer une enveloppe de 25 milliards, soit 50 milliards par an. En dehors des accords, 8 milliards ont été ajoutés. ‘’De janvier à novembre, 23 620 000 000 F Cfa ont été payés pour les intégrations. Pour les validations 11 670 000 000 F Cfa et les avancements 5 920 000 000 F Cfa. Le paiement de mise à solde de 6 492 maitres et professeurs contractuels a été effectif, soit 64,12 %. Le paiement de l’indemnité de logement fixée à 60 000 F Cfa de 2000 à 2012, portée à 100 000 F Cfa,  a déjà débuté. Le 1er octobre 2018, les 15 000 F Cfa sont payés. En octobre, nous avons payé 2 397 000 000 F Cfa pour tous les enseignants’’, liste le ministre du Budget.

Birima Mangara d’ajouter que les enseignants de l’éducation populaire, jeunesse et sports ont reçu, en septembre dernier, 95 760 000 F Cfa, 119 625 000 F Cfa en octobre et 119 850 000 F Cfa en novembre.

Revenant à la charge, le ministre de tutelle soutient qu’en plus des engagements souscrits auprès des syndicats d’enseignants, entre 2012 et 2018, plus de 160 milliards de francs Cfa ont été injectés pour la construction d’infrastructures pour 1 003 salles de classe. Cela compte non tenu de l’engagement des partenaires à accompagner le gouvernement pour un financement additionnel du Paqueeb de 32 milliards de francs Cfa. Ainsi, des programmes de 135 260 000 000 F Cfa entre 2019 et 2022 seront exécutés.

Selon Serigne Mbaye Thiam, les infrastructures scolaires ont permis d’augmenter le nombre d’élèves de 2 633 000 à 3 458 000 en 2018, soit une augmentation de 824 000 élèves. Il explique que c’est volontairement que le gouvernement a baissé le taux brut de scolarisation du moyen. Le taux brut de scolarisation est de 86,4 % dans l’élémentaire et le préscolaire a progressé, de même que dans le secondaire de 25,9 % à 34 %. A l’en croire, le gouvernement devra passer à 141 000 enseignants en 2030, parce que les élèves devront être à 6 432 000.

‘’Hausse du budget’’

Le budget du ministère de l’Education nationale a été voté hier à l’unanimité. Il a été arrêté à la somme de 476 940 066 492 F Cfa, contre 413 042 396 140 F Cfa en 2018, soit une hausse de 63 897 670 352 F Cfa en valeur absolue et 15,47 % en valeur relative. En commission, les députés ont abordé le déficit en tables-bancs dans les établissements. Ils ont proposé un plan quinquennal de résorption des abris provisoires au lieu de leur suppression immédiate. Ils ont également soulevé la question pendante de l’intégration dans la Fonction publique des diplômés en langue arabe. Les grèves récurrentes, entrainant, selon eux, une instabilité du système scolaire sénégalais, a préoccupé les commissaires qui ont demandé le respect des engagements envers les enseignants. Le soutien à l’éducation préscolaire est particulièrement important aux yeux des commissaires qui ont réclamé une subvention pour le secteur. Aminata Kanté a étalé le nombre pléthorique d’élèves dans les salles de classe à Guédiawaye. ‘’Il y a 110 élèves dans les salles de classe. Ce qui est dû, d’une part, à un déficit de tables-bancs’’, dit-elle. Sa collègue Aïssatou Sow Diawara reste satisfaite des réalisations à Guédiawaye, car elle note l’émergence des lycées et collèges.

MAMADOU DIOP DECROIX, DEPUTE DE L’OPPOSITION

‘’L’école sénégalaise doit être réinventée’’

Pour une éducation de qualité, le député de l’opposition, Mamadou Diop Decroix, estime que l’école sénégalaise doit être réinventée. Selon le leader d’Aj/Pads, la vision de l’Etat sur l’éducation ne règle toujours pas le problème auquel le secteur est confronté depuis des décennies. ‘’Deux millions d’enfants ne vont pas à l’école’’, constate-t-il pour le fustiger. Il déplore aussi la non prise en charge des langues nationales dans le système éducatif sénégalais.

Ainsi, invite-t-il le gouvernement à mettre en place une académie des langues nationales. Pour les filières scientifiques, ceux qui sont à la retraite doivent pouvoir être recrutés pour enseigner, selon Mamadou Diop Decroix. Qui juge insuffisant le budget accordé à l’éducation.

AIDA DIENE

 

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