Publié le 5 Dec 2017 - 13:38
VOTE DU BUDGET DU MINISTERE DE L’INTERIEUR

Cure d’amaigrissement à l’Intérieur

 

Aly Ngouille Ndiaye ‘’maigrit’’, pendant que ses collègues des autres ministères grossissent. Le budget de son ministère, voté hier, a connu une baisse de plus de 10 milliards de francs Cfa.

 

Le grossissement du budget national ne profite pas au ministère de l’Intérieur. Pendant que la plupart des départements ministériels grandissent, par la hausse des ressources à eux consacrées, celui en charge de la Sécurité des Sénégalais maigrit drastiquement. Plus de dix milliards de francs Cfa. C’est le montant de la baisse. Le portefeuille étant passé de plus de 133 milliards à un peu moins de 122 milliards de francs Cfa.

Mais pas de péril en la demeure, si l’on se fie aux explications du ministre délégué chargé du Budget. ‘’Cette baisse s’explique par l’arrivée, à terme, de certains projets, comme par exemple le Programme d’appui au cadre d’intervention et de coordination interministériel des opérations de lutte anti-terroriste (Cico) qui passe de 20 milliards à 3 milliards en 2018’’, se justifie Birima Mangara.

Cela dit, il ressort du rapport que les dépenses de personnel ont presque stagné en augmentant d’environ 140 millions de francs Cfa. En dehors de cette rubrique, toutes les autres ont connu une baisse. Pour le ministre délégué, ‘’le défi sécuritaire a toujours été pris en compte à sa juste valeur par l’Etat du Sénégal’’. En atteste, selon lui, les dotations budgétaires de 2016 (plus de 63 milliards) et de 2017 (plus de 110 milliards).

Ces explications n’ont pas empêché certains parlementaires d’exprimer leurs vives inquiétudes dans un contexte marqué par la recrudescence du terrorisme et du banditisme international. Enfilant leur robe, ils pleurent l’insuffisance de commissariats, de casernes de sapeurs-pompiers, de préfectures et de sous-préfectures…

 Ils sont nombreux, les parlementaires, à avoir demandé la parole pour porter les doléances de leurs mandants devant Aly Ngouille Ndiaye. Ainsi réclament-ils des commissariats, notamment à l’Ile à Morphil, à Mékhé, à Linguère, à Matam, à Koungheul, à Kanel, à Yoff, à Pire, à Diamaguène/Sicap Mbao, à Pikine, à Dieuppeul, à Fann, à Kaffrine et à Mermoz/Sacré-Cœur. La liste est loin d’être exhaustive.

Outre la demande de nouvelles infrastructures, les députés ont aussi réclamé la réhabilitation des établissements vétustes.

 C’est dire qu’hier à l’Assemblée nationale, les commissariats ont été au cœur des débats. Les députés ont, par moments, oublié leurs préoccupations partisanes pour s’ériger en défenseurs des forces de l’ordre. Déplorant ainsi leurs conditions ‘’exécrables’’ de travail : délabrement, insalubrité avec les odeurs pestilentielles… Pour les parlementaires, ‘’toutes ces sollicitations se justifient par la multiplicité des facteurs de menaces qui ont pour nom : prostitution, drogue, vols de bétail, agressions, terrorisme, incendies…’’, lit-on dans le rapport.

Pour le député Abdoulaye Baldé, c’est toute la problématique de la sécurité globale qui doit être repensée. ‘’Il existe des zones très menacées. ‘’Pour la lutte contre certaines formes d’insécurité, la police est plus outillée que la gendarmerie. Il faut des commissariats spéciaux dans des zones comme Saly ou Cap Skirring qui sont particulièrement en proie à des problèmes sécuritaires. Je demande aussi le relèvement du départ à la retraite des gardiens de la paix, d’autant plus que nous avons des problèmes d’effectifs’’, suggère l’ancien commissaire de police.

‘’En 5 ans, nous avons fait presque autant que ce qui a été fait depuis 1960’’

Pour prendre en charge ces fortes demandes en infrastructures, en équipements et en personnels, les parlementaires ont suggéré d’aller vers une loi-programme pluriannuelle et exhorté les collectivités locales à jouer leur partition. Ils proposent le renforcement des effectifs, du renseignement, en s’appuyant sur les citoyens, les associations et les chefs religieux, et la multiplication des patrouilles et des contrôles. Pour le député Yaye Mané Albis, personne n’est en sécurité. ‘’Nous sommes tous inquiets du fait de l’insécurité. Je voudrais que vous veilliez davantage sur la sécurité des Sénégalais. Quand on quitte la nuit notre lieu de travail, on a peur. Pas de lumière sur la route. C’est l’obscurité totale. Il faut mettre en place une stratégie draconienne pour lutter contre cette insécurité’’, plaide-t-elle.

 Dans sa réponse, le ministre de l’Intérieur a rappelé les nombreux efforts accomplis par le Sénégal en matière de sécurité depuis 2012. Il a soutenu que le Sénégal, en termes d’effectif, a fait presque autant que ce qu’il a fait depuis 1960, en recrutant plus de 5 000 agents, compte non tenu des 1 400 recrutés en 2017.

Conformément aux recommandations des députés, Aly Ngouille Ndiaye a magnifié le travail des agents de sécurité de proximité (Asp) en promettant d’étudier le relèvement de leur traitement salarial.  

MOR AMAR

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