Publié le 25 Nov 2015 - 21:26
VOTE DU PROJET DE LOI DE FINANCE DE LA GESTION 2016

Un budget chanté par ses concepteurs

 

Le budget 2016 a été voté hier par les députés. 3 022 milliards dont le 1/3 est destiné à l’investissement et un effort important de l’Etat dans le financement. La séance à l’hémicycle a été une occasion pour Amadou Ba de faire l’éloge dudit budget. Transparent, lisible, ambitieux et généreux sur le plan social ; autant de qualificatifs qui traduisent des vertus exceptionnelles.   

 

Le projet de loi de la finance 2016 a été adopté hier à l’Assemblée nationale. Comme annoncé depuis plusieurs semaines, le  budget est établi à 3 022,4 milliards contre 2 869 milliards en 2015. La nouvelle information à ce niveau, c’est que le ministre de l’Economie a estimé que cette prévision ne reflète pas la situation économique réelle du pays. Si l’on en croit Amadou Ba, le budget du Sénégal 2016 dépasse les 3 022 milliards votés hier à l’Assemblée. ‘’Nous avons démarré les travaux au mois de mars. Mais si on devait faire les projections aujourd’hui, on vous présenterait un budget supérieur à 3 000 milliards, tellement on a été prudent, tellement il y a eu une amélioration réelle de l’ensemble des agrégats macroéconomiques’’, renseigne l’argentier de l’Etat qui assure que si toutes les données d’aujourd’hui étaient disponibles à l’époque, la croissance se situerait à plus de 5,4%. Très euphorique, Amadou Ba promet de donner les nouveaux chiffres au mois de février ou mars 2016, le temps que les techniciens terminent le travail.

Amadou Ba fait l’éloge de son budget

Plus que satisfait de son travail, le ministre n’a pas tari d’éloges à l’endroit de son  budget, chantant ses louanges dans toutes les langues auxquelles il a eu à s’exprimer. ‘’Ce budget symbolise le Sénégal qui est sur la voie de l’émergence.  C’est le budget de la deuxième année de mise en œuvre du PSE. C’est un budget tourné vers l’avenir’’, se félicite-t-il. Mais ce n’est pas tout. Amadou Ba a vu d’autres vertus qu’il est le seul à avoir. ‘’C’est le budget le plus transparent, le plus lisible. Nous savons de quoi nous parlons, puisque c’est nous qui élaborions les autres. D’habitude on parlait de programme qui est un fourre-tout. Ici on donne les projets avec leur budget. C’est aussi le budget le plus ambitieux et le plus généreux sur le plan  social’’, se glorifie-t-il.

Par ailleurs, il est surtout important de retenir la part réservée à l’investissement. De 962,2 milliards l’année en cours, les dépenses d’investissements vont se  chiffrer à 1 045 milliards l’année prochaine. Une autre source de fierté pour le ministre qui a longuement insisté sur cette nouveauté. Le nouveau militant du parti présidentiel s’est même permis un rappel de ce qui se faisait jadis. Selon Amadou Ba, si le Sénégal avait du mal à faire de la croissance, c’est que dans le passé, la part réservée à l’investissement était généralement détournée pour servir de budget de fonctionnement. Une pratique qui appartient désormais au passé si l’on se fie à l’argentier de l’Etat. D’après le ministre, des efforts ont permis de retirer 156 milliards du budget de fonctionnement. Celui-ci s’arrête à 745,8 milliards en 2016.

En outre, une partie importante du budget, à savoir 2 490,6 milliards, provient de ressources internes. Sur les 1 000 milliards destinés à l’investissement, les 611 milliards sont des fonds propres. ‘’Une hausse qui, selon le ministre de l’Economie, traduit les efforts conséquents de l’Etat dans le cadre du financement des projets du PSE.’’ Amadou Ba assure que c’est la nouvelle dynamique du chef de l’Etat qui vise à rendre le pays indépendant dans le financement de son développement. C’est pourquoi d’ailleurs, dans le cadre du PTIP, aucun partenaire n’a participé à plus de 5% du budget.

Hausse de la part des salaires

Malgré tout, le ministre et ses collaborateurs ne sont pas encore satisfaits des résultats en matière de collecte de recettes. ‘’Au niveau de la mobilisation des ressources, les efforts seront concentrés sur l’amélioration et l’efficacité du recouvrement dans tous les domaines. Il faudra dégager plus de marges budgétaires  au profit des investissements du PSE’’, souligne le ministre à travers le rapport de la commission de l’Economie.

 Quant aux dépenses de personnel, elles ont connu une augmentation, malgré les réserves exprimées par le ministre notamment lors du conseil présidentiel sur les Assises de l’Education et de la Formation. La part des salaires dans le budget est passée à 538,2 milliards en 2016 contre 510 milliards pour l’exercice en cours, soit une hausse de 28,2% en valeur absolue et 5,5% en valeur relative. La masse salariale représente en effet 31,3% des recettes fiscales. Le service de la dette s’établit à 595,6 milliards. Ce qui reflète, d’après le ministre, le choix des prêts à longue durée. Tout le contraire, d’après lui, de ce qui avait lieu avec l’ancien régime qui privilégiait ‘’l’argent facile’’ mais dont le remboursement est difficile.

62,8 milliards pour les collectivités locales

Depuis le début de sa mise en œuvre, l’acte III de la décentralisation a été longuement critiqué, notamment du fait du transfert de compétences non suivi de ressources financières. Hier à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Economie a annoncé 62,8 milliards pour les collectivités locales. Amadou Ba a déclaré que le problème des collectivités locales sont de deux ordres : d’une part, l’Etat doit aider, et il s’attellera à le faire ; et d’autre part, il doit y avoir aussi une bonne répartition des ressources existantes. En fait, le ministre de l’Economie n’a pas apprécié l’utilisation des fonds que l’Etat leur avait octroyés l’année dernière.

Lorsque les communes avaient des difficultés pour payer les salaires des travailleurs, de l’argent a été déboursé par le Trésor. Mais si l’on en croit le ministre, les mairies ont payé un mois de salaire pour utiliser le reste comme fonds de secours. Ainsi, il annonce la sécurisation des salaires pour 12 mois afin d’éviter les désagréments aux travailleurs. Cependant, Amadou Ba a prévenu que les problèmes fiscaux que connaissent les collectivités locales ne peuvent pas être résolus rapidement, puisque les réformes entamées dans ce sens en 1996 ne se sont stabilisées qu’en 2003. Il faut donc du temps. 

BABACAR WILLANE

 

Section: