Publié le 10 Dec 2016 - 12:50
YAHYA JAMMEH CONFISQUE LE POUVOIR ET MENACE LES SENEGALAIS DE GAMBIE

Le Sénégal le met en garde

 

Hier à 20h sur la télévision nationale gambienne, le président gambien battu à la dernière élection présidentielle a fait une déclaration pour contester la validité du scrutin. Il a aussi proféré des menaces contre les Sénégalais établis en Gambie. 
 

Le scénario tant redouté en Gambie a finalement eu lieu. Le dictateur Yahya Jammeh a fini par contester l’élection d’Adama Barrow à la tête de l’Etat gambien. Hier, lors d’une allocution à la télévision nationale, il a déclaré qu’il ne reconnaissait plus le résultat de la Présidentielle du 1er décembre 2016 qui l’a pourtant donné perdant avec 212 099 voix contre  263 515 voix pour son challenger Adama Barrow. « Tout comme j'ai loyalement accepté les résultats, en croyant que la Commission électorale était indépendante, honnête et fiable, je les rejette dans leur totalité », a-t-il soutenu, en dénonçant des « erreurs inacceptables » de la part des autorités électorales. L’homme fort de Kanilai souhaite une réorganisation du scrutin. Une éventualité que l’Etat du Sénégal ne compte pas laisser se produire. Le ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, l’a clairement dit hier, dans un communiqué parvenu à EnQuête.

‘’Le Sénégal rejette et condamne fermement cette déclaration qui remet en cause celle par laquelle le Président sortant avait lui-même reconnu sa défaite après la publication des résultats du scrutin par la Commission électorale indépendante’’, écrit le ministre. Qui souligne que ‘’le Sénégal considère comme nulle et de nul effet cette déclaration qui constitue une grave atteinte aux principes élémentaires de la démocratie’’. Le ministre Mankeur Ndiaye de mettre en garde ‘’contre toute atteinte à la sécurité des ressortissants sénégalais vivant en Gambie’’. Car, le président Jammeh a menacé les ressortissants sénégalais établis en Gambie.

L’Etat du Sénégal, poursuit le ministre des Affaires étrangères, exige le respect ‘’sans condition du choix démocratique librement exprimé par le peuple gambien’’. Il demande à Jammeh d’organiser la transmission pacifique du pouvoir et d’assurer la sécurité et l’intégrité physique du Président nouvellement élu. Mais, au-delà des mises en garde, le Sénégal a décidé de saisir instamment la CEDEAO, l’Union Africaine et les Nations unies. Avec ces organisations, l’Etat sénégalais compte ‘’œuvrer et prendre toutes les mesures qu’imposent la sauvegarde des résultats du scrutin présidentiel en Gambie et le respect de la souveraineté du peuple gambien’’, conclut la note du ministre.

Ce coup de théâtre a aussi fait réagir Me Assane Dioma Ndiaye qui, dans cette tentative de confiscation du pouvoir comme une ‘’opportunité de nettoyer les écuries d’Augias’’. C’est-à-dire de débarrasser la Gambie de Yahya Jammeh et de toute sa clique. En effet, l’avocat y voit un baroud d’honneur de l’ex-homme fort qui ‘’joue ses dernières cartes’’. Maintenant, dit-il, c’est à la communauté internationale de prendre ses responsabilités, implanter un processus démocratique et permettre à Barrow de gouverner tranquillement.

Autre réaction, celle du président nouvellement élu Adama Barrow sur la TFM. Il a condamné la sortie de Jammeh et se considère comme le président de la Gambie.  

GASTON COLY

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