Publié le 2 Mar 2017 - 03:26
ZOOM SUR ADAMA BINETA SOW

Aveuglée par ‘’l’objectif’’

 

On n’en doute plus. En cinéma, la relève est assurée. Nombreux sont les jeunes qui s’y illustrent aujourd’hui et le font de fort belle manière. Parmi eux, Adama Bineta Sow qui n’a que 23 ans et qui voit son film sélectionné au Fespaco dans la catégorie ‘’Espace junior’’.

 

‘’Il n’y a pas d’âge pour faire du cinéma’’, a confié le réalisateur Moussa Touré à EnQuête dans un entretien. Adama Bineta Sow en est une preuve. Du haut de ses 23 ans, elle représente le Sénégal dans la catégorie ‘’Espace junior’’ au 25e festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. ‘En plus des 9 films de cinéastes sénégalais qui seront projetés au Fespaco, il y a également le film de la jeune Adama Bineta Sow qui sera montré’’, a déclaré hier au cours d’une conférence de presse le directeur de la Cinématographie Hugues Diaz. Une jeune fille, teint clair, taille trois pommes, se lève alors pour saluer le public. Elle est invitée à prendre la parole devant de grands noms du cinéma africain comme Ousmane William Mbaye ou encore Souleymane Cissé. Démarche aisée, elle part prendre le micro proposé. D’un ton calme, elle débite un discours beau, précis et concis. Ce qui a ravi un public qui pensait qu’elle serait intimidée. Ce qui laisse transparaître chez elle une certaine assurance et de l’ambition.

‘’Enfant, je regardais des bandes dessinées. Quand j’ai découvert une histoire japonaise ‘’Ana youri Dango’’, je ressentais des choses puissantes. C’est à cet instant que j’ai décidé que j’allais devenir auteure. Je voulais faire ressentir aux gens ce que je ressentais en lisant certaines œuvres’’,  explique-t-elle.

‘’Aveuglé par l’aveugle’’ est le titre du film qui lui a valu sa sélection à cette biennale cinématographique. Elle y raconte une histoire qu’elle a elle-même écrite. ‘’Avant de venir au cinéma, j’écrivais. C’est ce que j’aimais faire. J’aime être seule. Je profitais de mes moments de solitude pour écrire’’, partage-t-elle avec EnQuête après la conférence de presse. C’est ainsi qu’elle a imaginé l’histoire d’un jeune photographe du nom de Boubacar qui veut, comme elle le dit, ‘’percer dans son domaine’’. Un jour, en se promenant dans la rue, il rencontre alors une belle jeune femme aveugle. Il veut en faire vaille que vaille son modèle. Boubacar est ‘’aveuglé par l’aveugle’’. 

‘’Le public me dit souvent que c’est un beau film, qu’il est bien fait. Les professionnels, après l’avoir vu, me disent souvent que je pouvais améliorer telle ou telle autre chose, que par-ci ou par-là, il y a des erreurs de montage etc.’’, dit Adama Bineta Sow. Des erreurs commises et qu’elle reconnaît humblement. Ces dernières s’expliquent par le fait que la jeune réalisatrice n’a pas suivi un cursus normal en cinéma. Inscrite à l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar au département ressources humaines, elle suivait en même temps des cours à Ciné-Ucad. Quelques notions techniques lui sont alors transmises par son professeur M.Boye.

A la fin de cette petite formation à Ciné-Ucad avec les autres jeunes qui suivaient les cours, ils ont réalisé un film : ‘’hommage à Sina’’. De là est née une passion pour la réalisation chez Adama Bineta Sow. En 2015, elle réalise son premier court-métrage : ‘’Aveuglé par l’aveugle’’. En MBA à l’institut africain de management, elle allie cinéma et études. ‘’Mon cœur penche plus pour le cinéma. J’ai voulu arrêter les études à plusieurs reprises. Mais dans ma famille, on tient beaucoup aux études. C’est pour cette seule raison que je continue jusqu’à présent’’, indique-t-elle. Prendre part au Fespaco l’a davantage décidée à suivre son cœur. ‘’J’étais surpris quand on m’a dit que j’étais sélectionnée. Je l’ai su tardivement. C’est une chance pour moi d’être ici aujourd’hui. C’est une belle découverte’’, avoue-t-elle.

ECHOS… ECHOS… ECHOS…

PROJECTION

‘’Félicité’’ en salle aujourd’hui

Le film d’Alain Gomis est la grande attraction à la 25e session du Fespaco. Tout le monde en parle. Beaucoup ne l’ont pas encore vu. ‘’Félicité’’ n’a été montré qu’à la Berlinale. Sénégalais, Burkinabés, Ivoiriens etc. le verront tous en même temps demain matin au Ciné Burkina où sa projection est prévue à 8h. Après être reçu avant-hier par le Président Sall, Alain Formose Gomis, réalisateur de ce long-métrage, est arrivé hier à Ouagadougou où lui aussi est très attendu. Il a déjà un étalon dans son palmarès et vient pour un éventuel second sacre. En attendant samedi, il rencontrera les journalistes. A en croire certains, il a une ‘’grande nouvelle’’ à annoncer consécutive à cette audience.

DEDICACE LIVRE

L’histoire du septième art sénégalais racontée

Le cinéaste Pape Maguette Diop a profité de la tenue de la 25e édition du Fespaco pour sortir son livre intitulé ‘’cinéma sénégalais’’. Une œuvre de 238 pages éditée par Harmattan Sénégal et préfacée par le président des ‘’Cinéastes associés’’, Cheikh Ngaïdo Bâ. ‘’Je voulais tracer l’histoire de notre cinéma à travers ce livre. Il est un répertoire complet et accompagné du bilan de l’Etat sénégalais. 

Ce qui a été fait de nos indépendances jusqu’aujourd’hui. Vous y trouverez aussi pour vous les journalistes et jeunes étudiants une étude du Pr Kassé pour que vous puissiez porter de manière objective des critiques sur les œuvres qu’on vous présente’’, a dit son auteur. Lequel est un cinéaste qui pouvait raconter ce qu’il a dit dans le livre dans un film. Ce qui serait peut-être plus aisé pour lui. ‘’Je ne suis pas un écrivain et je ne cherche pas à l’être. J’ai essayé de tracer d’une manière technique. Parce que je suis un homme de l’image et de la camera, c’est de cette façon-là que j’ai compilé ce livre. On y trouve toutes les références, tous les repères. Ce n’est pas la peine d’aller à Paris chaque fois pour trouver quelque chose sur nous’’, a-t-il averti.

LA FORET DU NIOLO

Rokhaya Niang, dans un film burkinabé

Le grand public ne la connaît que très peu. Certains cinéphiles ne l’identifient qu’à travers ‘’Madame Brouette’’, mais l’actrice Rokhaya Niang est une vraie star africaine. Au Fespaco qu’elle ne rate presque jamais, elle a toujours un film à l’affiche. Des réalisations qui ne sont pas toujours sénégalaises. Cette année, elle est encore présente et le film dans lequel elle a joué est en compétition, ‘’La forêt du Niolo’’. Projeté hier au Ciné Burkina, ce film est du Burkinabé Adama Roamba. Rokhaya y interprète le rôle principal, celui d’une directrice d’une ONG dénommée ‘’Nature verte’’ et y est nommée Aïcha.

Avec son mari Nathaël, journaliste, ils luttent pour la préservation et la protection de l’environnement. Ce qui n’est pas du goût d’un ex-ministre des Mines, Kader Traoré. Une guerre sans merci se déclenche ainsi entre les deux camps. Le film a été projeté dans une salle archicomble. Et comme à la Can, ici aussi, chacun supporte son pays. 

 

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