Publié le 21 Dec 2014 - 23:47
SUPRESSION DES ASSISES, RECRUTEMENT DE 30 MAGISTRATS ET 150 GARDES PENITENTIAIRES…

Sidiki Kaba en croisade contre les longues détentions 

 

Pour venir à bout des longues détentions qui gonflent les prisons du Sénégal, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a annoncé hier une batterie de mesures qui visent toutes à pallier le problème.

 

Le ministère de la Justice entend dégraisser le mammouth. Réduire les longues détentions et, par là, désengorger les prisons du Sénégal est la principale motivation de la panoplie de mesures annoncées, hier, face à la presse. La suppression des Assises, déjà effective, arrive en tête de cette révolution. A la place, des chambres criminelles seront érigées pour diligenter rapidement la procédure. Ainsi donc, souligne Sidiki Kaba, ‘’les prisonniers n’auront plus besoin d’attendre 5 ans et plus pour être jugés’’. Pour pallier le manque de personnel qui influe négativement sur la prise en charge des détenus, le ministre de la Justice a annoncé le recrutement imminent de 30 magistrats, 150 gardes pénitentiaires et plusieurs greffiers. Il s’agit, selon le ministre, d’avoir ‘’plus de personnes engagées dans le jugement’’.

La liberté conditionnelle et la grâce présidentielle sont autant de mesures qui seront davantage encouragées. Il faut ajouter à cela la pose de la première pierre, en janvier 2015, d’une nouvelle prison en remplacement de la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. Egalement, le démarrage de la construction de la première école de formation des gardes pénitentiaires. Sidiki Kaba de regretter que, depuis 1963, le Sénégal n’a pas construit de prison. La MAC de Rebeuss, construite en 1929 pour environ 600 détenus, a vu ce chiffre tripler au fil du temps atteignant 2000 détenus à des heures de pointe.

Affaire Arcelor Mittal, la faute au PDS

Face à la presse, hier, le ministre de la Justice, garde des Sceaux a également été interpellé sur plusieurs autres questions, notamment le débat qui fait actualité et relatif à l’affaire Arcelor Mittal. Rejetant la faute sur le régime de Wade, le ministre de la Justice dira que la première entorse dans cette affaire, c’est que le ministre de l’Industrie d’alors a négocié le contrat entre l’Etat du Sénégal et Arcelor Mittal. Un rôle qui incombait, selon lui, à l’agent judiciaire de l’Etat. Sidiki Kaba de dire que les 37 milliards que le Sénégal est contraint de payer pouvaient servir à autre chose. ‘’Il n’y a pas de liberté dans l’ignorance. Cette affaire, nous ne l’avons pas créée. C’est l’affaire dans l’affaire et il faut en sortir très vite, pour passer à autre chose (…) Cette affaire alourdit inutilement la balance’’, regrette le ministre.

Abdoulaye Wade est passible de poursuites

Sur les menaces de poursuites proférées à l’endroit de l’ancien chef de l’Etat par le Premier ministre Boun Abdallah Dionne, le ministre de la Justice a souligné qu’il est bien possible de poursuivre Me Wade. A l’en croire, au Sénégal, le statut du chef de l’Etat n’est pas totalement réglé. Il y a un décret qui met à la disposition de l’ancien chef d’Etat un véhicule, un aide de camp et des indemnités. Mais, en ce qui concerne son immunité, il y’a une loi et elle n’a pas encore été prise. Par conséquent, tranche Sidiki Kaba, ‘’il peut effectivement être passible de poursuites. Son statut d’ancien chef d’Etat ne l’exonère pas de poursuites’’. Me Kaba explique qu’il est ‘’peut-être temps d’avoir un statut pour les anciens chefs d’Etat et certains pays l’ont réglé’’.

Affaire Alioune Ndao : ‘’le parquet est un et indivisible et il fera son travail’’

Le ministre de la Justice a également été interpellé sur la dimension politique de l’affaire Karim Wade et la crédibilité de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Sidiki Kaba a expliqué à ce niveau que dans l’histoire politique du Sénégal, énormément de procès aux ‘’relents politiques’’ ont été tenus. Mais, quoi qu’il en soit, il a réitéré la posture de son ministère qui est d’adopter la ‘’non ingérence’’ dans une affaire pendante devant la justice.

Abordant le limogeage de l’ex-procureur spécial de la CREI, le ministre, sans trop aller en profondeur a déclaré que ‘’la magistrature debout obéit à des règles et que si l’on en sort, on viole les règles déontologiques (…) Lorsque l’on nomme quelqu’un dans une République, il y a toujours des raisons, tout comme lorsqu’on le démet.

Il ne s’agit pas d’évoquer ces raisons sur la place publique. Mais, ce qui est important, c’est que rien, dans ce procès, ne sera perturbé. D’autant que le parquet est un et indivisible et le parquet est en ordre de marche pour tenir ce procès’’. Le garde des Sceaux de poursuivre : ‘’il n’y a rien à dire sinon que le parquet fera son travail. Dès lundi, l’équipe de choc, qui est là, fera son travail et représentera les intérêts du Sénégal et il croisera le fer avec les avocats de la défense. C’est cela les règles d’un procès juste et équitable’’.

Abordant sa nomination à l’Assemblée des Etats parties de la Cour pénale internationale, Sidiki Kaba a souligné que c’est un titre honorifique et que cette fonction est bien compatible à celle qu’il occupe actuellement.  

AMADOU NDIAYE

 

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