Publié le 9 Jan 2015 - 21:02
L’ÉDITO DE MAMOUDOU WANE

Savoir dire non !

 

Pourquoi ? C’est la question bien légitime que le monde se pose depuis le tragique massacre qui a décimé en partie la rédaction de l’hebdomadaire satirique ‘’Charlie Hebdo’’. Pourquoi ? Question à la fois ouverte et difficile. Tout le monde peut tenter une réponse. Il y en a de toutes les façons des milliers sur la Toile, de citoyens du net qui essaient de percer l’énigme de la vague de folie du mercredi 7 janvier dernier. On peut respecter toutes les opinions qui s’expriment, quel que soit par ailleurs leur niveau de pertinence. Qu’elles soient trempées à la plume de l’émotion, du dogme religieux ou de l’analyse scientifique. Mais la question n’est pas là.

Nous pensons qu’il y a des moments dans la vie où il faut simplement s’arrêter et dire :  Non. On devrait même dire, hurler…Non. Pas le ‘’non’’ du bout de langue que le cœur veut insidieusement étouffer, mais ce ‘’non’’ énergique, pur et dépouillé de toute hypocrisie. C’est un sentiment souvent humain que des criminels apparaissent comme des héros. La tentation est souvent grande, comme dans les films, de trouver sympathique le plus cruel des psychopathes. Mais il s’agit là de mort, version… réelle. 12 morts précisément, au cours d’une expédition punitive contre un journal, dont la ligne est de faire rire.

Ironie à la Charlie, ceux qui ont signé le crime, ont aussi tué deux personnes aux noms prédestinés, comme si le sort, insidieusement, s’y mêlait. Moustapha (signifie préféré en arabe) et Ahmed (cité à la sourate 61, verset 6) sont des noms du Prophète Mahomet. Mais au fond, les deux bourreaux de leur propre cause, se souciaient peu de qui allait se trouver sur leur chemin en cette fin de matinée de ce mercredi 7 janvier 2015, en débarquant au siège de Charlie Hebdo, Kalachnikov et fusil à  pompe à la main. Peu leur importait sans doute de le savoir. 

Il est vrai que côté Charlie, il y a eu des excès qui peuvent ressembler à de l’acharnement contre l’islam, une religion très tolérante pour ceux qui la connaissent bien. Mais tout de même, la mort ne peut être une réponse. La ‘’sentence’’ qui a frappé nos confrères du 9ème arrondissement (Paris) est non seulement disproportionnée, mais aussi moyenâgeuse. Serait-il possible, en 2015, de vivre en société si les frustrations, divergences de vue et colères, quels que soient leurs fondements (culturels, religieux, économiques) devaient se régler à l’arme automatique, à la grenade ou à la machette ?

Dans tous les cas, c’est une très mauvaise affaire pour la communauté musulmane de France qui vivait déjà à l’étroit dans un pays, faut-il le relever, où l’islam, même modéré, est marginalisé. Cette affaire va sans doute faire l’affaire des extrémismes de tous bords, qu’on retrouve dans la société civile européenne, mais aussi de l’extrême-droite qui se nourrit de haine. Et sans doute, tous ces pays-là qui se bombent le torse devraient regarder du côté du Sénégal où musulmans, catholiques et animistes vivent en parfaite symbiose. Nous avons sans doute là quelque chose à enseigner au monde. Touchons quand même du bois!

 

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