Publié le 13 Oct 2015 - 12:39
LEVEE DU CORPS DE MOUSSA NGOM

Un dernier hommage au parfum sobre

 

Moussa Ngom est parti comme il a vécu. La levée du corps effectuée hier à la morgue de l’hôpital Aristide Le Dantec était sobre et sommaire. Seuls les grands discours des officiels ont un peu altéré l’ambiance ‘’baye fall’’ dans laquelle se déroulaient les choses.

 

On était loin des atmosphères lourdes qui précèdent les enterrements. Même si, de la tristesse, on en lisait sur bien des visages, la foule présente hier à la levée du corps de l’artiste Moussa Ngom à l’hôpital Aristide Le Dantec était calme et avait une certaine retenue face à la douleur. Certains ont tenté de noyer cette dernière à travers des souvenirs. Car cette levée du corps était aussi un moment de retrouvailles entre certains qui s’étaient perdus de vue depuis longtemps. Ils ne se sont pas gênés pour se remémorer des moments passés avec le défunt et en riaient même. Pour d’autres, c’était le grand au revoir avec leur idole ou camarade. Ils avaient leur chapelet à la main et priaient sûrement pour le repos de l’âme de l’auteur de ‘’diebeluna’’.

Cette ambiance relax dans laquelle s’est déroulé l’adieu de Moussa Ngom ne signifie nullement qu’il n’était pas aimé ou apprécié. Mais plutôt que son entourage reflète la personnalité de feu Moussa Ngom. L’auteur de ‘’bakaan bi’’ a toujours vécu  de manière paisible et sans fioritures aucune. D’ailleurs la première fois qu’on a annoncé son décès alors qu’il n’en était rien, il ne l’a nullement mal pris. Au contraire, à ceux qui l’appelaient pour prendre de ses nouvelles, il se contentait de dire ‘’akassa’’. Pour dire que Moussa Ngom a vécu sans ‘’pression’’. Et c’est ainsi aussi qu’il a été enterré.

Ceux qui ont honoré de leur présence  la cérémonie et qui ont pris publiquement la parole ont tous rappelé son attachement à son guide religieux Serigne Afia Mbacké. Ce dernier a d’ailleurs envoyé son fils Serigne Fallou Gallas Mbacké le représenter à l’hôpital Aristide Le Dantec. En bon ‘’baye fall’, il avait la main sur le cœur. ‘’Moussa Ngom était généreux’’, ont dit ses proches. Sa philosophie ‘’baye fall’’ explique aussi sa simplicité. Laquelle lui a permis de se faire beaucoup d’amis dans le milieu du show-business.  D’ailleurs, nombreux ont été les artistes qui sont venus lui dire un dernier au revoir avant que la terre de Touba ne le reçoive. Parmi ceux-ci Ismaïla Lô, Omar Pène, Idrissa Diop, Youssou Ndour, Père Ouza, Lingstar, etc.

Les hommes politiques étaient aussi au rendez-vous à l’instar de l’ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, de Seydou Guèye et du ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye. L’ambassadeur gambien établi au Sénégal est aussi venu rendre un ultime hommage au principal défenseur de la Sénégambie. ‘’Moussa Ngom portait toujours des chaussures dissemblables et des chaussettes aussi de couleurs différentes. Il le faisait pour montrer que la Gambie et le Sénégal sont pareils en voulant être deux pays différents. Il s’était promis de ne changer son style que quand les deux pays s’uniraient. Il a toujours prôné cela. Aujourd’hui, il faut renforcer les rapports qui lient les deux pays’’, fait savoir Abdoulaye Ngom, un de ses amis. Gambiens et Sénégalais étaient ensemble hier à l’hôpital Aristide le Dantec pour magnifier la Sénégambie.  

C’est un peu avant 11h que le cortège funèbre a quitté la morgue de l’hôpital Dantec pour la ville sainte de Touba où repose désormais Moussa Afia Ngom. Repose en paix l’artiste !

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Pape Diouf : ‘’On a perdu une bibliothèque’’

‘’On a perdu une référence. On a perdu quelqu’un de bien. On a perdu un Baye Fall. On a perdu un grand homme qui avait du talent et était un fin panafricaniste. Il était un homme simple et un grand talibé de Serigne Touba. Il a toujours œuvré pour la Sénégambie. Il a toujours œuvré pour le développement de la musique africaine. On a perdu une bibliothèque. Je prie pour que Dieu l’accueille en son Paradis. Moussa Ngom nous a quittés et on ne peut que prier pour lui.’’

Ismaïla Lô : ‘’Ce qui m’étonnait chez Moussa Ngom’’

‘’J’adresse mes sincères condoléances à toute sa famille éplorée, à nous-mêmes, à tout le peuple sénégalais et à tout le peuple gambien. Le Sénégal a perdu un grand homme, tout comme la Gambie et l’Afrique. Moussa Ngom était un artiste bourré de talents. Il faisait son travail sans beaucoup de bruits. Dans toutes ses chansons, il avait des messages forts à véhiculer. Ce qui m’étonnait le plus chez lui est sa paire de chaussures et de chaussettes toujours distinctes. Sa manière à lui de montrer que le Sénégal et la Gambie devaient être un et un seul pays. C’est aujourd’hui, à sa mort, que cela se ressent le plus. Le Sénégal et la Gambie ne sont pas dissociables. Moi, j’ai chanté la Sénégambie. Donc je partage son idée. C’est un message fort qu’il a voulu lancer à travers cette idée de réunification. Je crois que le président de la République Macky Sall est un Président dynamique et jeune. Le Président Yaya Jammeh l’est aussi. Ils peuvent donc comprendre que notre souhait et notre vœu est de voir nos deux pays réunis pour former un seul territoire. Du temps d’Abdou Diouf, on avait tenté de le faire mais cela n’avait pas abouti. Il faut mettre la politique de côté afin d’y arriver. Je prie pour que Dieu accueille Moussa Ngom en son Paradis.’’

Omar Pène : ‘’Moussa Ngom était un homme simple’’

‘’Moussa Ngom était quelqu’un de bien. Il était ouvert et très simple. Il était humble. Il n’avait que deux préoccupations dans la vie : la Sénégambie et le mouridisme. Il croyait fort en ce qu’il faisait. J’ai eu plusieurs fois à partager la scène avec lui et on a cheminé ensemble au sein du Super Diamono. Donc, je sais qui il était. Il était simple et n’aimait pas la division. Quand des incompréhensions minaient certaines relations, il faisait tout pour lever les équivoques. Il n’aimait pas que les gens aient des problèmes. Il était vraiment quelqu’un de bien. Je présente mes condoléances à sa femme, ses enfants, aux Sénégalais et aux Gambiens. On a perdu quelqu’un de très important pour le raffermissement des liens entre le Sénégal et la Gambie. Son rêve était de voir le Sénégal et la Gambie s’unir. Il disait qu’on avait une langue commune qu’est le wolof.’’

Youssou Ndour : ‘’On a perdu un très grand artiste’’

‘’On a perdu un très grand artiste et un grand citoyen de la Sénégambie. Les gens aimaient Moussa Ngom parce qu’il se respectait et aimait son pays, sa culture et l’Afrique. Je crois que ce qui s’est passé avec Moussa Ngom est tout un symbole. Il aimait le Sénégal et passait beaucoup de temps à Dakar et c’est ici qu’il a vécu aussi ses derniers instants. C’est tout un symbole. Je pense que Moussa Ngom incarne la Sénégambie à jamais. Aujourd’hui, les autorités comme sa famille sont confiantes et savent qu’il ira au Paradis. C’est quelqu’un qui œuvrait pour le bien. Après la levée du corps, on partira en Gambie présenter nos condoléances à Abdoulaye Ngom et à toute sa famille.’’

Souleymane Ndéné Ndiaye : ‘’Il a marqué son passage sur terre’’

‘’Moussa Ngom a prôné des valeurs sur terre. Et ceux qui ont la chance de le voir samedi passé lors de sa dernière prestation savent qu’il a gardé ces valeurs jusqu’à ses derniers instants. Il a marqué son passage sur terre. Dieu a fait qu’il a fait sa dernière prestation au Sénégal. Je présente mes condoléances à sa famille et ses fans.’’

Ouza Diallo : ‘’Je l’ai vu naître musicalement’’

‘’Je sais que Moussa Ngom est un saint homme et je pèse bien mes mots. On a vécu ensemble pendant un mois en Allemagne. Je l’ai vu prier toute une journée sans manger. Et pendant un mois, il priait plus qu’il ne mangeait. Donc, c’est un saint homme. Mais ici au Sénégal, quand on voit quelqu’un sur scène avec une guitare et autre, on dit qu’il n’est pas un homme de Dieu. Ce monsieur est un grand homme comme El hadji Ibn Mansour. Il a profondément vécu sa vie spirituelle et l’a réussie. Il n’a pas connu l’échec. Ce sont les gens qui pensent le contraire.

Moussa Ngom n’a jamais cru au monde matériel comme moi. Il a toujours cru à la philosophie Baye Fall. C’est très difficile d’être Baye Fall mais lui l’a réussi. C’était un grand homme. Musicalement, il est né devant moi. Je suis sénégambien. En 1973, je jouais à Afrodunya, Fambody jouait à Tropico à Banjul et Guelewaar son orchestre jouait à Number one. Ses mentors Baye Diankha et Laye Ngom sont venus dans ma boîte me dire qu’ils ont un jeune chanteur. C’était Moussa Ngom et ils voulaient que je l’écoute. Ce jour-là, il a chanté Saaraba à sa façon, sa manière et son style. C’était un grand chanteur. Mais moi, ce qui me plaisait chez lui, c’est son esprit saint, c’est-à-dire l’abandon du matériel pour se consacrer à son Dieu. C’est cela que Moussa Ngom a réussi.’’ 

BIGUE BOB

 

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