Publié le 19 Feb 2016 - 04:39

‘’Que quiconque est loup, agisse en loup !’’

 

Retomber en enfance ! Des souvenirs de classe qui resurgissent de partout, derrière chaque situation et tout propos et on ergote, on ratiocine puis on ressasse et on rabâche ! C’est ce qui m’arrive peut-être, à l’âge qui est le mien ou, seulement, menace de le faire. A moins que …car, si retomber en enfance devait m’être imputé, j’aurais garde d’oublier, cependant, qu’enfance et innocence ne font pas que rimer, ils vivent et cheminent de concert ! Ne dit-on pas, en effet, que la ‘’vérité sort de la bouche des enfants pour signifier que ceux-ci ne sauraient mentir parce qu’ils ne sauraient pas comment cela se pourrait faire ? Pareillement et à propos des ivrognes, ‘’in vino veritas’’ est une maxime fort connue. Car, d’avoir bu, d’être ivre vous fait sauter nombre des inhibitions que l’éducation, la morale, voire votre propre intérêt avaient mis en place dans votre cerveau pour vous protéger de vous-même d’abord, et l’ensemble de la société de cet autre ‘’vous’’ que bien peu pouvaient connaître !

Retombons en enfance donc et convoquons des souvenirs et Molière et La Fontaine pour commenter avec nous le discours du président de la République d’avant-hier ou, plus exactement, ‘’commentons les commentaires des commentateurs’’. Molière est à propos à travers le ‘’Bourgeois Gentilhomme‘’ et de M. Jourdain qui ne savait pas que, seulement en parlant, il faisait déjà de la prose et donc œuvre de prosateur (même si pas poète) et écrivain en tout cas. Quant à lui, ce bon M. de La Fontaine nous a montré dans sa fable ‘’Le loup devenu berger’’ comment l’on peut penser et espérer tromper tout son monde en changeant aussi bien d’aspect que de vêture.

Mais pourquoi donc convoquer de si grands écrivains pour parler de cette histoire de mandat présidentiel qui nous obsède tant ? Parce que j’ai observé dans la soirée d’avant-hier et avec le plus grand intérêt, le silence, vraiment assourdissant du Pds. Et depuis hier, c’est pratiquement silence radio ou ‘’abonné absent‘’ comme l’on disait au temps des PTT, chaise vide en tout cas, sur les plateaux télé. C’est qu’assurément, consigne aura été donnée. Il peut paraître  curieux, en effet, que le principal parti d’opposition reste ainsi ‘’de mur’’, c’est-à-dire sourd et muet devant une situation apparemment, embarrassante pour le pouvoir en place.

Mais c’est très intelligent au contraire, très fin et astucieux ! Car une bataille politique autour du Conseil constitutionnel et d’un prétendu ‘’wax waxeet’’ ne pouvait pas constituer un bon terrain de chasse pour eux ou une délicieuse tasse de thé ! Car là, ils (Wade et le Pds) n’ont déjà que trop donné eux-mêmes en 2011 et 2012. On verrait mal, en effet, le champion toutes catégories de tous les manquements se muer en accusateur public de quelqu’un qui n’est même pas un primo-délinquant et qui n’a jamais été trompé que par sa propre bonne foi. Car, à la vérité, le tort de Macky Sall, le seul qu’on puisse lui imputer, pour certains, c’est de s’être montré ‘’agneau’’ dans un univers de ‘’loups’’ : il est par trop ‘’cash’’ dans un monde de roublards.

Donc le Pds n’en sera pas, du moins en tant que tel : ce n’est pas sa bataille, ce ne peut pas être son combat ! Or, point de Pds, point de gros bataillons, point de logistique, point d’argent, point, point point…Il aurait été, pourtant, du dernier piquant de la dernière ironie et du dernier plaisant que de voir des affidés de Wade arpenter les rues et crier à tue-tête : Haro sur le wax waxeet… Bon, c’est quand même une bonne chose pour la République. On va, peut-être, éviter le pire à notre nation et passer, sans trop de dommages, le cap de ce référendum dont d’aucuns voulaient profiter pour faire leur 23 juin. Il n’y aura pas un nouveau 23 juin en février-mars !

A la place, nous avons eu et nous aurons une grande offensive des ‘’bien-pensants’’, et autres adeptes proclamés du ‘’politiquement correct. J’ai entendu, entre autres, Me Mame Adama Guèye et la certaine déclaration du Professeur Mbodji membres tous deux de ce qu’il convient d’appeler la ‘’Société Civile’’. C’est des ‘’sachants’’ et ils sont des plus respectables. Que ne font-ils pas et tout simplement de la politique alors ? Qu’ont-ils donc de moins -ou de plus- que les Lamine Guèye, Valdiodio Ndiaye, Boissier Palun, Boubacar Guèye, Babacar Niang, Babacar Sèye, Doudou Thiam, Doudou Ndoye, Abdoulaye Wade, Amadou Sall, Ousmane Sèye et j’en passe et pas des moindres sinon des meilleurs ! Quoi et pourtant ceux-ci ont osé sauter le pas et ont agi et pour certains agissent encore et à visage découvert, sans avoir à s’aider’’ de la peau du renard pour faire un nouveau personnage’’ !

La politique, une bonne fois pour toutes, c’est d’abord une école de courage. Parce qu’elle est, par essence, l’acceptation des ‘’mains sales’’, ainsi que Sartre l’a formidablement montré. C’est l’art aussi d’accommoder les réalités qui, qu’on le veuille ou pas, sont ce qu’elles sont, c’est-à-dire rarement très brillantes car si elles l’étaient, personne n’aurait besoin des hommes politiques pour ne pas parler des politiciens. Il suffit à chacun de regarder autour de lui pour savoir combien il est difficile de faire marcher tout le monde ensemble et vers le même objectif.

Or, l’homme politique doit non seulement gérer son propre environnement personnel et familial mais encore celui de tous les autres pour pouvoir les mobiliser. Et l’on voudrait qu’il soit un saint ? Il ne le peut pas et d’ailleurs, très nombreux ont été les saints et même les prophètes qui ont été martyrisés, massacrés pour leur faire payer leur sainteté justement ou leur don de prophète ! Pourtant ils parlaient tous au Nom de Dieu Lui-Même et étaient, pour ce propos, sous Sa haute protection. Ils sont tous au Paradis pour sûr mais, en attendant, ils ne sont plus là…Et c’est cela qui comptait pour leurs ennemis, pour les Hommes !

Il est confortable de pouvoir faire de la politique tout le temps, en parler tout le temps, donner des leçons de bonne gouvernance à tout propos sans jamais vouloir s’engager soi-même dans sa vie, dans sa famille, dans ses ressources, dans sa réputation, dans son honneur ; oui c’est ‘’cool’’ et jouissif peut-être mais, si ce n’est mal, ce n’est pas très bien en tout cas. Il vaut mieux comme l’avait écrit ce bon vieux La Fontaine, que ‘’quiconque est loup, agisse en loup’’. C’est la leçon qu’il donne dans ‘’le loup devenu berger’’. Il ne suffit pas de changer de vêture et d’aspect pour cesser d’être un loup et devenir ainsi un berger. Et la fin de la fable fut des plus cruelles pour celui qui crut qu’il fallait (juste) s’aider de la peau du renard (ruser donc) pour faire un nouveau personnage : les vrais bergers l’ontoccis lui qui croyait occire et se repaître ! 

 

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