Publié le 24 Feb 2016 - 03:25

Du courage de l’humilité  

 

Je n’y avais pas pensé ! Il m’aura fallu un jeune confrère pour qui j’ai une grande sympathie et beaucoup de respect pour me le faire découvrir et toucher du doigt. Non pas qu’il y eût, à proprement parler, de la grandeur à se montrer humble car, cela, tous les gens un peu éduqués le savent, je crois. Mais pour la bonne raison que l’humilité est comme consubstantielle des personnages, dont ont dirait qu’ils côtoient la sainteté.

Ibou Fall, car c’est de lui qu’il s’agit, discute souvent avec moi. Il me fait de la faveur d’être, quelquefois, d’accord et d’autres fois, non. C’est cela que j’appelle l’amitié et le respect. A propos de l’âpre débat actuel, je lui avais expliqué comment, à mon sens, je pensais qu’il allait finir : que le Président serait contraint de faire les 7 ans pour lesquels les Sénégalais l’avaient, en toute connaissance de causé, élu. Or lui, Ibou Fall, soutenait, mais surtout voulait et pour des raisons de politique qui lui étaient propres, que le Président Macky Sall ne fît que 5 ans afin de ‘’débarrasser le plancher’’ au plus vite. C’était cela son vœu et c’était carré. Il n’était intéressé par la question que pour ce seul et unique propos : se défaire de Macky Sall ! Or, il avait lui-même, Ibou Fall, contribué -et pas qu’un peu- à l’élection de ce même Macky Sall par les critiques acerbes et permanentes qu’il faisait des pratiques du pouvoir wadiste et notamment de ses errements monarcho-népotistes.

C’était carré disais-je mais les carrés, il faut bien le savoir, ne sont pas toujours d’un maniement aussi simple qu’il peut y paraître. N’est-il pas vrai, en effet, que la quadrature du cercle est un problème de géométrie qu’il est absolument impossible de résoudre et cela depuis la nuit des temps ? D’où, ne serait-il pas, Ibou Fall, un brin anarchiste, à force d’idéalisme ? Mais finalement, non !

Car, c’est de lui que je tiens le propos qui est le mien  aujourd’hui : rien n’est plus vaillant, ni plus courageux que de montrer à la face de tous, que finalement, on ne peut pas tout : si grands que soient nos titres, nos pouvoirs et fonctions. Parce que quelque chose, une entité, un concept, une idée se trouve placé au-dessus de nous et nous dominant ainsi, nous oblige !  Cela semble être du bon sens aux yeux des croyants, des vrais croyants veux-je dire, et donc n’étonner personne sinon pas grand monde. C’est bien le contraire malheureusement, une avalanche de critiques et d’invectives ! C’est la révolte des supposés bien-pensants, les intégristes, non pas de la foi-jurée mais de l’‘’ôte-toi vite de là que j’y mette enfin’’ ! Chacun, décidément et dans ce pays surtout, ne veut voir midi qu’à sa porte.   

C’est notre humaine condition qui le veut ainsi. Mais c’est, hélas aussi et plus gravement peut-être ce que ce fieffé raciste de Hegel disait de nous les Africains, je veux dire les nègres : transcendance, connais pas ! ‘’Zo Kwe Zo’’, dit-on en Centrafrique : ‘’l’homme c’est l’homme !’’. C’est même la devise de cette République fondée par Barthélémy Baganda en 1959. Mais qu’est-ce que ça veut dire vraiment sinon qu’il est, lui, l’Homme, au-dessus de tout et d’abord de la nature et tout son environnement et que donc, il peut faire tout ce qu’il veut et qui lui semble, à lui, bon y compris d’instituer un empire de pacotille et de se faire sacrer à la Napoléon Bonaparte comme Bokassa Ier le fit, il n’y a pas si longtemps. Et, «Zo Kwe Zo’’, l’Homme c’est l’homme waay !

 …et de l’abomination de l’enflure.

Je ne saurais terminer sans consacrer quelques lignes à M. Idrissa Seck toujours égal à lui-même dans la recherche de formules chocs. Et malheureuses et définitivement creuses dans cette occurrence. Mais il faut reconnaître qu’il travaille, qu’il creuse et profond, toujours plus profond afin de trouver les mots, les formules, les expressions susceptibles de faire mouche et de devenir, peut-être, impérissables ! Le perfectionnisme est une vertu, l’approximation une faiblesse insigne. M. Seck a fréquenté l’école des ‘’Pères’’ à Thiès, mais il n’y a probablement pas fait du latin ni même de catéchisme, je pense. Ce n’est pas une honte, bien au contraire puisqu’il est musulman. Il y fut en tout cas un élève assidu et brillant qui s’employait, cependant que ses camarades servaient la messe, peut-être, et faisaient les enfants de chœur, à mémoriser le Saint Coran. Ç’aurait pu être là un œcuménisme de bon aloi utile aussi bien au citoyen qu’à la Cité qu’il y aurait à gouverner. Sauf que sans réelle méthode, réelle discipline, cette acquisition de connaissances, de concepts, cette imprégnation anarchique ou ce gavage peut mener à un bien curieux syncrétisme !

Ce n’est pas de vouloir être président de la République du Sénégal que l’on est, en droit, de reprocher à M. Idrissa Seck, c’est de le vouloir à n’importe quel prix et par n’importe quels moyens ! Car jamais la fin ne doit prévaloir sur ces derniers et pouvoir les justifier. A vouloir ainsi enfourcher au galop un tel cheval, on s’écrase toujours si l’on ne se fourvoie pas pour de bon. Et d’errer ainsi de mécomptes en mécomptes jusqu’à la fin des temps.

Car, où en serait aujourd’hui, en février 2016, Idrissa Seck s’il n’avait pas entrepris de jouer au plus fin, lui le petit corbeau, avec Maître Renard pour une affaire de gros fromage ‘’à croquer’’ ? Il aurait passé quelques mois de plus ou, peut-être, quelques années en prison mais personne jamais n’aurait pu l’empêcher d’être président de la République aujourd’hui ! Au lieu que d’être là à chercher dans ses souvenirs de collège catho de quoi attaquer le Président Sall qu’entre autres, ses propres turpitudes ont contribué à amener au pouvoir !

‘’Énorme abomination’’ donc, a-t-il dit à propos du péché que constituerait à ses yeux le fait pour Macky de devoir faire 7 ans au lieu des 5 qu’il avait promis. Où a-t-on vu jamais ou entendu qu’il y ait, qu’il y ait eu ou seulement qu’il puisse y avoir une ‘’petite’’, une ‘’moyenne’’ abomination ? Celle-ci, pour ceux qui veulent encore parler français dans ce pays où il est toujours la langue officielle, est un comble, un absolu, le bout du chemin, un finistère et pour ce qui est de marcher, on ne peut pas aller plus loin. On ne peut rien y ajouter et en retrancher !

Aimer l’enflure, l’exagération et les formules chocs au point de commettre des fautes de langage d’une telle grossièreté en dit long sur la qualité de la flopée de diplômes collectionnés mais plus sérieusement, sur ses réelles aptitudes à vouloir nous diriger. Il ne doute de rien. Que n’était-il allé consulter les prêtres et les curés qui lui auraient bien expliqué ce que ‘’signifiait vraiment’’ l’abomination de la désolation ‘’qui était le concept exact auquel il voulait se référer ? Mais, ce serait déjà faire preuve d’humilité et là, ce n’est pas sur lui qu’il faudra compter !

Par Abdou Salam Kane

 

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