Publié le 5 Sep 2018 - 16:42
43E EDITION DU MAGAL DES 2 RAKKA

Les Mourides se souviennent de Serigne Moctar Mbacké

 

Saint-Louis est dans l’effervescence depuis plus d'une semaine. La ville vibre au rythme des khassaïde pour marquer la 43e édition du Magal des deux rakka dont la cérémonie officielle est prévue ce mercredi 5 septembre à la place Faidherbe. 

 

Depuis le démarrage de la commémoration du Magal des deux rakka, expositions, animations, récitals de Coran sont au programme. Disciples et musulmans se souviennent de l’œuvre grandiose de Cheikh Ahmadou Bamba qui, un matin du 5 septembre, a défié le colon en priant à la Gouvernance. Cette année, le rappel de cette date historique est placé sous le parrainage de feu Serigne Sidy Moctar, rappelé à Dieu l’année dernière. Le 7e khalife reste et demeure un modèle pour les jeunes générations qui n’ont pas manqué de retracer son Califat marqué surtout par la cohésion entre les confréries.

En effet, ce 5 septembre 1895, le fondateur du Mouridisme fit un acte de dévotion envers son Seigneur Allah. Depuis 43 ans, l’audace de Borom Touba est louée dans la cité tricentenaire qui incarne le trait d’union entre le Sénégal et la Métropole, avec la présence de la statue de Faidherbe sur le lieu de la prière. D’ailleurs, à l’heure de la commémoration, les ‘’baye fall’’ l’habillent. Ce n’est pas tout, les fidèles parcourent la ville en visitant tous les lieux où il a séjourné, qui sont devenus des sanctuaires. Ainsi, depuis 72 heures, une belle ambiance règne à la Place Faidherbe et autres lieux retenus pour la commémoration de la 43ème édition du Magal des 2 rakka.

Déjà, on a pu assister à la journée Mame Diarra Bousso. Cette année, la marraine est Mame Marema Sèye, grand-mère de Serigne Modou Kara. Cette festivité a ouvert, comme d’habitude, la commémoration du Magal. Le même jour, la journée du patrimoine s’est tenue au jardin d’Essai de l’Isra, communément appelé « Kadd Gui », dans le faubourg de Sor. Le choix de ce lieu s’explique par le fait qu’il a été un espace de séjour du fondateur du Mouridisme. Les fidèles, en grand nombre, s’y sont retrouvés pour louer le Seigneur.

Pour cette édition, la journée du Coran est dédiée à Serigne Saliou Mbacké, cinquième khalife de Khadimoul Khadim. Pour célébrer « Serigne Saliou Borom Khelcom », un concours de récital de Coran a eu lieu. Les 5 meilleurs ont été primés, après des prestations de haut vol.  Le Magal, c’est également une exposition sur l’œuvre et la vie du fondateur du Mouridisme, tenue à la Place Faidherbe, en marge de la journée de Mame Cheikh Ibra Fall, organisée ce lundi. Serigne Ablaye Fall Ndar a été désigné parrain de cette activité qui a été le point de convergence de tous les Baye Fall.  

La nuit du parrain Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, défunt khalife, célébrée dans la nuit du lundi au mardi, a été un moment de prières. Et les responsables du kuréel, structure organisatrice de ce Magal, ont salué l’apport de la municipalité. En effet, le maire Amadou Mansour Faye a mis à leur disposition des tentes de bonne qualité.  

Les fidèles se ruent à la Gouvernance

 A la Gouvernance de Saint-Louis se trouve la cellule N°4, la chambre où a été détenu Serigne Touba, après qu’il eut défié et humilié le gouverneur dans son bureau.  C’est une petite chambre à l’intérieur de la Gouvernance. Elle est le lieu de prédilection des pèlerins qui viennent s’y recueillir. Chaque année, de longues files d’attente se forment sous la surveillance des éléments du GMI et des agents chargés de la sécurité du kuréel des deux rakka. C’est de cette cellule que Serigne Touba fut déporté au Gabon par la mer.

Durant cette commémoration, des fidèles se rendent aussi au domicile de l’érudit maure Ahmed Khouraïch, transformé après en école des fils de chefs, devenue aujourd’hui école élémentaire Khayar Mbengue en face du marché de Sor. Le Cheikh y était resté avant d’être transféré dans le faubourg de Sor où il a vécu enfermé dans des magasins, chaque nuit, du 18 août au 4 septembre 1895, la veille de son procès devant les autorités coloniales. A l’emplacement de ces magasins sont érigés actuellement les locaux du laboratoire d’analyses médicales et de la Banque de sang de Sor. On raconte que les conditions de détention étaient dures pour le Cheikh, mais dans ses écrits, il a formulé « le pardon » pour ses « adversaires ».

FARA SYLLA (SAINT-LOUIS)

 

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