Publié le 10 Sep 2018 - 23:46
PARRAINAGE - CAMPAGNE DE COLLECTE DES SIGNATURES

Dakar, la mère de toutes les batailles

 

Dans la campagne de collecte des signatures déjà ouverte, Dakar, la capitale, représente un enjeu de taille pour les différents états-majors.

 

Le la de la campagne pour le parrainage donné le 27 août dernier, les différents partis engagés dans la compétition électorale de 2019 investissent le terrain, à la recherche de parrains. Dans cette quête effrénée de signatures des citoyens sénégalais inscrits sur le fichier électoral, Dakar représente un enjeu de taille, du fait non seulement de son poids démographique, mais du grenier électoral qu’il représente. Qui gagne Dakar et les grandes villes, peut espérer une élection à la tête du pays, à l’issue de la prochaine présidentielle. C’est, d’ailleurs, fort de cette considération que les différentes formations politiques en lice ne lésinent pas sur les moyens pour aller à l’assaut des Dakarois.

Dans les différents états-majors, des stratégies et des dispositifs de collecte sont mis en place pour se donner le maximum de chance d’avoir plus de parrains.

Les leaders de Bby au-devant de la campagne

Dans la coalition de la mouvance présidentielle, un pôle parrainage dirigé par l’ancien Premier ministre Aminata Touré est mis en place. Ce pôle, qui travaille depuis des mois, est à pied d’œuvre, notamment dans l’élaboration de la stratégie, mais surtout dans l’encadrement des groupes de collecteurs dans les différents départements du Sénégal. Tous ont été formés aux techniques du porte-à-porte et de communication pour mobiliser davantage les électeurs. Des centaines de jeunes ont été formés à cet effet dans les différents départements du pays. Ce dispositif déployé, il s’est alors agi, selon le chargé des élections de l’Alliance pour la République, de mettre en place, dans chaque département, un comité Benno Bokk Yaakaar (Bby) qui travaille à poursuivre les objectifs qui ont été fixés.

Lors du lancement de la campagne de collecte des signatures, les leaders de Bby ont fixé la barre à trois millions de signatures, même s’il s’agira de déposer 66 680 signatures. Pour Benoit Sambou, il s’agit, au cours de ces opérations de collecte, de tester les capacités des différentes structures de Bby sur le territoire national, en perspective des prochaines échéances électorales. ‘’Toutes les structures de Bby, dans chaque département et dans chaque commune, sont mises en branle, se sont organisées et sont en train de faire le travail de collecte en vue d’atteindre les objectifs fixés. Comme vous le savez, Bby est une coalition huilée qui travaille avec l’ensemble de ses alliés depuis six ans. Dès l’instant que les objectifs sont fixés, il y a des comités électoraux qui sont mis en place, des coordonnateurs régionaux qui ont été désignés par le président de la coalition et constitués de leaders de parti’’, confie l’ancien ministre de l’Agriculture.

Il relève ainsi que les leaders de Bby ont été désignés pour coordonner le travail dans chaque région où un comité de coordination est mis en place. ‘’On travaille avec tous les partis et mouvements membres de la mouvance présidentielle’’, soutient-il.  

Une plateforme numérique annoncée par les libéraux

Si, dans la mouvance présidentielle, les opérations de collecte ont démarré depuis quelques jours, au Parti démocratique sénégalais, elles ont été lancées aujourd’hui, ce samedi 8 septembre, à la suite d’une réunion du Comité directeur. Celle-ci, selon le secrétaire national chargé des élections, a été l’occasion d’informer les militants sur le dispositif mis en place et les objectifs déclinés. Aussi, l’occasion, pour Oumar Sarr et ses camarades, de procéder au lancement officiel de la plateforme numérique de collecte des signatures et de soutiens élaborée à cet effet. Le Dr Cheikh Dieng renseigne que la plupart des sections et des fédérations ont tenu des assemblées générales d’information pour dire aux militants que Karim Wade sera bel et bien dans les starting-blocks et qu’ils ne se laissent pas désinformer par les responsables de l’Apr qui tiennent un discours contraire sur le terrain.

 ‘’Les grandes villes auront pour nous un enjeu particulier. Parce que les zones urbaines ont définitivement tourné le dos au président Macky Sall. La collecte des parrains sera un des moments de démonstration’’, déclare-t-il, tout en s’abstenant d’entrer dans le fond du sujet.

100 000 volontaires déployés au sein de Rewmi

Engagé dans la course à la présidentielle de 2019, le parti de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck accorde moins d’ampleur à la question du parrainage. ‘’Un parti qui a eu 212 000 voix en 2012, alors que son candidat n’a même pas battu campagne, n’aura aucun problème pour avoir 66 840 signatures’’, tient d’emblée à préciser Ass Babacar Guèye. Contacté vendredi par ‘’EnQuête’’, le secrétaire national chargé des élections de Rewmi, par ailleurs coordonnateur national du parrainage pour le candidat Idrissa Seck, soutient que la campagne de collecte sera, pour eux, un moment d’animation de leur parti avec des caravanes qui seront menées à Dakar avec l’implication du candidat de Rewmi. 

Néanmoins, pour collecter les signatures, un dispositif a été déployé à la suite d’un séminaire international qui a regroupé l’ensemble des responsables chargés des élections dans les 45 départements du pays, 552 communes et surtout dans quelques pays de la diaspora. Déjà, à Dakar, Idrissa Seck et ses camarades croient savoir qu’ils n’auront pas de problème particulier pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés. ‘’Sentant que le forcing va se faire, nous avons anticipé sur les évènements en lançant, deux mois avant, une opération dénommée ‘’100 000 volontaires de Idrissa Seck’’. Le focus était fait dans la région de Dakar où le samedi ou le dimanche, nous allons organiser une grande rencontre qui va mobiliser l’ensemble des responsables de Dakar avec les mouvements de soutien de Idrissa Seck et les alliés qui vont intégrer les comités de collecte pour qu’on puisse avoir le maximum de signatures dans la région de Dakar’’, confie-t-il.

Sur le plan national, c’est un arsenal qui a été mobilisé. ‘’On a eu à mettre en place un dispositif de collecte basé sur notre machine électorale. Que les gens le sachent ou pas, la chance de Rewmi, c’est qu’il dispose d’une machine électorale qui a fini de mailler le territoire national. Dans chaque commune du Sénégal, il y a un comité de collecte. Tout ce travail est géré par des délégués établis dans chaque région, conformément aux dispositions de l’article L57. Ces délégués sont chapotés par des superviseurs qui abattent le travail avec des délais très précis, des objectifs très précis pour que, d’ici un mois et demi, qu’on puisse ne plus parler de ces parrains. Parce que nous voulons nous focaliser sur les élections à venir’’, détaille Ass Babacar Guéye. Qui soutient d’ailleurs que ce travail ne va pas les mobiliser jusqu’au 11 décembre. ‘’Vite fait, nous aurons sur la table du président Idrissa Seck l’ensemble de ses parrains en version papier et numérique’’, promet-il.

Pape Diop opte pour une approche communale

A la différence de la plupart des formations politiques engagées dans la compétition électorale de 2019, la Convergence libérale démocratique/Bokk Gis (Cld/Bgg) privilégie elle, une approche communale pour enrôler le maximum de citoyens sénégalais électeurs. ‘’Nous, on a préféré faire une approche communale pour mettre en relief nos responsables dans les différentes communes de la région de Dakar. Parce qu’au-delà du parrainage, nous voulons profiter de cette campagne pour sensibiliser et préparer nos militants. Nous profitons de cette occasion pour organiser 52 assemblées générales dans les 52 communes de la région pour expliquer aux gens les enjeux du moment’’, soutient Moussa Diakhaté, porte-parole de la Cld/Bgg, par ailleurs coordonnateur du pôle parrainage de Dakar. Pour lui et ses camarades de Bokk Gis, le parrainage est une précampagne qu’il faut bien mener. Seulement, précise-t-il, les objectifs diffèrent d’une commune à une autre.

Mais toujours est-il que pour maximiser leurs chances, il a été désigné, au sein du parti, un collecteur régional, un superviseur, des points de collecte départementaux et des collecteurs communaux. ‘’Dans chaque commune, nous lançons un bureau communal composé de 22 membres qui vont s’assurer de la collecte des signatures. Il y a aussi les mouvements et associations qui soutiennent la candidature de Pape Diop, qui sont également mis à contribution dans ce travail’’, déclare Moussa Diakhaté.

Sonko dans une stratégie de zonage

Dans les rangs de Pastef d’Ousmane Sonko, l’on s’est déjà préparé à cette éventualité du parrainage. ‘’Depuis 2016, le parrainage était dans l’agenda du régime. Il fallait donc s’y attendre et se préparer en conséquence. Dès lors que la loi est passée et que toutes les voies de recours sont épuisées, il fallait donc développer des stratégies pour s’adapter à cette nouvelle donne’’, déclare Aldiouma Sow. Selon le chargé des élections de cette formation politique, depuis que le parti existe, il y a trois ans, il a pu se déployer sur l’étendue du territoire national.

Dans leur stratégie, ils ont, en effet, procédé à un zonage qui a fait ressortir deux types de zone : zone prioritaire et zone secondaire. ‘’Ces zones, nous les avons bâties en tenant en compte de notre rythme de progression, mais aussi en fonction des résultats que nous avons eus à l’issue des élections législatives de 2017. Dakar étant une zone prioritaire, nous allons y déployer des moyens importants. Nos cibles sont toutes les personnes qui ont acheté nos cartes de membre, qui adhèrent à notre vision que nous avons du Sénégal’’, souligne Aldiouma Sow. Avant de poursuivre : ‘’Au moment où cette loi était votée, nous étions présents dans tous les départements du Sénégal et dans plus de la moitié des communes. Très tôt, nous avons dissocié la dimension politique de la dimension technique de la loi.’’

Même si jusqu’à présent Ousmane Sonko et ses camarades continuent à s’insurger contre cette loi qui n’entre pas dans leur référentiel en matière de démocratie, du point de vue technique, ils ont utilisé l’appareil de leur parti pour accéder à tous les Sénégalais, quelle que soit la région où ils se trouvent. ‘’Nous avons déployés des moyens intellectuels pour sensibiliser nos militants sur les enjeux du parrainage. Nous avons mis en place un dispositif central et des dispositifs au niveau local. On a mis en place une coordination administrative qui est gérée par l’administrateur général de notre parti, une coordination technique pilotée par le chargé des élections que je suis. Nous avons doté ces espaces de ressources qui ont trait à cette question du parrainage’’, relève M. Sow.

ASSANE MBAYE

 

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