Publié le 11 Sep 2018 - 08:29
AFFAIRE KHALIFA SALL

La raison du plus fort

 

Non sans un intérêt particulier, je lis toujours les papiers que Monsieur Ibrahima Sène publie dans les journaux, soit pour soutenir le Président Macky SALL et son régime, soit pour pourfendre l’opposition. Que Dieu m’en garde d’être un répliqueur spontané de qui que ce soit, pour qui que ce soit, mais qu’on me comprenne si je prends ma plume pour réagir au papier que j’ai lu dans Walf Quotidien paru le 1er septembre 2018, qui est tout sauf de bon ton pour Khalifa SALL, mais qui sans doute berce les oreilles du Président Macky SALL et peut être de certains magistrats qui l’auraient lu mais malheureusement n’en n’auraient pas fait une bonne analyse de texte.

J’invite Mr Sène à ne pas perdre de vue que sans l’opposition, sans une certaine société civile, rien ne dit que Macky SALL qui les vilipende pourtant aujourd’hui, pourrait vaincre les dispositions du tout puissant Président WADE pour lui prendre son trône. Ils ne sont vénérés que par les aspirants au pouvoir qui une fois leur but atteint font d’eux des ennemis à défaut de pouvoir les transformer à leur goût.

Je n’ai pas pu me retenir, tant à cause de l’écart grandissant que je constate entre les positions politiques que des gens comme moi ont longtemps partagées avec le camarade Ibrahima Sène, leader politique qu’on ne présentait plus, jusqu’à une certaine époque, que pour ses affirmations trop osées et sans réserves relatives à l’adversité trop criarde entre le Président Macky SALL et le Maire Khalifa Ababacar SALL, rien que parce que l’un s’arc-boute sur le pouvoir qu’il a conquis démocratiquement, que l’autre veut lui retirer, tout aussi démocratiquement. Une bonne pratique qu’en Afrique on envie chez nous serait-elle en passe de disparaître ?

On le constate, Khalifa SALL est en train de pâtir de la raison du plus fort. En d’autre temps, les prises de positions de Ibrahima Sène en sa faveur seraient tout autre.

Bien sûr, il ne s’agit pas d’une force que donnent des biceps, mais d’une force que le Président SALL, comme du reste ses deux derniers prédécesseurs, tient de la possibilité dont-il dispose en se servant à sa guise des textes constitutionnels, pour pouvoir rendre heureux ou malheureux, d’enrichir ou d’appauvrir tout de suite et maintenant qui il veut, par le truchement de son pouvoir de nomination et de révocation, sans s’embarrasser d’aucune considération. Par ce pouvoir sans bornes, il est de taille à faire prendre n’importe quelle décision à n’importe quelle institution, à n’importe quelle autorité de la République, nonobstant les tintamarres des prestations de serment, rituel qui fait sourire par les temps qui courent, où les points d’honneur se monnaient contre ce qui ne vaudrait pas l’honneur. En fait, pour être objectif, reconnaissons qu’il en a été comme ça bien avant l’arrivée au pouvoir de Macky SALL.

Qu’on me comprenne, si je ne peux pas m’empêcher de revenir à la transhumance des politiciens et des idées politiques. On aura constaté qu’ils occupent toujours une place importante dans les programmes des opposants lors des campagnes aux présidentielles. On se souviendra toujours de la vilainie des propos que déversent sur des transhumants des futurs ex-transhumants, des promotions que d’autres intolérants opposants arrivés au pouvoir offrent à des résistants à la tentation de retourner leur veste pour leur faire adopter d’autres attitudes qui leur ôtent leur dignité et prennent rang parmi les assagis actuellement à la soupe mais aussi au service des régimes qui se succèdent, mais qui se valent pour l’essentiel

Un certain speaker propagandiste de Radio Sénégal, Ousseynou Seck pour ne pas le nommer, n’avait-il pas raison à l’époque lorsqu’il disait « ku ne nguur gi neexul danga ci bokkul » (dit que le régime n’est pas bon, celui qui n’en fait pas partie). Ceci explique les bousculades à la porte de ceux qui fraichement accèdent au pouvoir, qui font exactement comme ceux qu’ils en ont écartés, malgré tous les moyens et tous les courtisans toujours prêts à applaudir à se fracasser les phalanges qu’ils avaient à leur portée.

En mémoire encore un meeting bondé de monde auquel s’adressait l’autre candidat à sa propre succession plus que ravi de l’accueil organisé à son honneur par « sa nouvelle majorité ».

S’adressant à cette soit disante nouvelle majorité, il avait mis l’accent sur un de ses membres, en déclarant qu’il était seul à le défendre face aux attaques de l’opposition. En terminant son propos sur ce point, évaluant à des millions la foule qu’il avait en face de lui, il semblait n’avoir aucun doute sur sa réélection. Quelle fausse appréciation ! les résultats des élections l’avaient prouvée.

Je pense que le Président Macky SALL aura cette situation en tête pour éviter de s’endormir, faisant confiance aux transhumants et autres thuriféraires qui ne sont avec personne, mais avec tout le monde.

Pour percer le phénomène de la transhumance en politique, la vraie solution est entre les mains des chercheurs qui cherchent, pas entre les mains des politiciens qui ne savent plus de quel côté donner de la tête, et finissent par « faire comme les autres ».

Cependant ont tort les doctes qui mettent tous les hommes politiques dans le même sac et les insultent indistinctement. On ne peut pas se passer des leaders politiques. Et à priori il est difficile de distinguer les bons des vauriens, qui guettent les moments propices pour trahir et aller vers le plus offrant.

Je m’étonne que Monsieur Sène, présumé doté d’expérience en analyse des faits politiques, des faits sociaux, se mette à tresser des lauriers aux magistrats dont certains, sans aucun doute ont foulé au pied d’importantes règles de droit en matière de procédure pénale pour que pâtisse Khalifa SALL du fait que sa dignité ne lui a pas permis de courber l’échine, face au maître de ceux qui auraient souhaité être à sa place, destinataires de propositions alléchantes qui lui auraient été faites, avec comme contre partie qu’il s’abstint d’être candidat aux futures présidentielles, afin que le boulevard qui mène au Palais connaisse moins d’incontournables barrages.

En félicitant ceux qui auraient contribué à torpiller les droits de Khalifa SALL, Ibrahima Sène n’a pas tenu compte des avis de trois éminentes personnalités du parti au pouvoir. Sans en avoir conscience Monsieur Sène a rendu un mauvais service, à ceux des magistrats qu’on critique à tort ou à raison, en rapport avec le déroulement du procès sur la Mairie de Dakar. Il donne implicitement raison à ceux qui pointent du doigt leur partialité qui se justifierait par un manque de courage.

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