Publié le 12 Mar 2019 - 20:31
LENDEMAINS DE LA DÉFAITE PRÉSIDENTIELLE A THIÈS

Le temps des règlements de comptes

 

C’est un secret de polichinelle que les démons de la division sévissent dans les rangs de la coalition Benno Bokk Yaakaar à Thiès. Aux lendemains de la cuisante défaite face au leader de la coalition Idy2019, Idrissa Seck, voici le temps des règlements de comptes.

 

Rien ne va plus au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar, à Thiès. La défaite de la coalition présidentielle dans le département de Thiès, accuse-t-on, a été préparée et planifiée pendant longtemps par les responsables locaux. Car, avant et pendant la campagne électorale, un vent de scission a soufflé dans les rangs de Bby. Une division payée cash et qui a permis au leader de la coalition Idy2019, Idrissa Seck, de renforcer sa mainmise sur la commune de Thiès et de reprendre le contrôle du département qu’il a perdu en 2017.

Un camp veut tenir Siré Dia pour responsable de cette déroute. Mais les partisans du directeur général de La Poste ne s’en laissent pas conter. Ils ont tenu, hier, une conférence de presse pour faire le bilan et l’évaluation du scrutin. De ce fait, ils réfutent cette thèse et mettent tout sur le dos des poids lourds de la coalition au pouvoir. Certains indexent le coordonnateur départemental de l’Alliance pour la République, le ministre des Forces armées et maire de la commune de Fandène, Augustin Tine, et le député Abdou Mbow.

Cependant, pour mieux analyser cette claque nocturne du 24 février dernier, il faut faire deux pas en arrière. Tout a commencé bien avant la campagne électorale, avec l’installation des comités électoraux. Dans toutes les communes (Est, Ouest et Nord), les responsables locaux ont étalé leur division dans les rues de la capitale régionale du Rail. Pour un poste de mandataire ou encore de coordonnateur d’un simple comité électoral, ils se sont écharpés au Nord et à l’Ouest. Ainsi, après bien des péripéties, les installations ont été faites. Après cette étape houleuse, on pensait les démons de la division définitivement enterrés. Il fallait donc travailler à accueillir leur commandant en chef, le candidat Macky Sall.

Le 17 février, jour du méga meeting de la coalition Benno Bokk Yaakaar à Thiès, ils ont réussi le pari de la mobilisation. Mobilisation qui a fasciné le chef de l’État sortant. Macky Sall a tour à tour remercié ses généraux, colonels, capitaines, lieutenants, adjudants-chefs, etc. Augustin Tine, Alioune Sarr, Ndèye Ramatoulaye Guèye Diop, Abdou Mbow, Fatou Sène, Talla Sylla, Charles Emile Ciss, Pape Siré Dia, Seynabou Ndiéguène, Pape Amadou Ndiaye… ont tous bénéficié des remerciements de Macky Sall. Devant une telle foule, le candidat de la majorité avait déclaré que ‘’Thiès est tombée et qu’il peut cesser de battre campagne’’.

Malheureusement, ce moment qui devait permettre de sceller l’unité retrouvée, a laissé entrevoir la scission devant Macky Sall. Puisque le directeur général de La Poste, Pape Siré Dia, a été rayé de la liste de ceux qui devaient prendre la parole. Mais il n’a rien dit, ni fait d’esclandre. Tout juste il dira : ‘’Je ne veux pas développer pour ne pas casser la dynamique unitaire en cette période de campagne.’’ Un épisode qui a laissé entrevoir les failles dans l’unité affichée.

‘’ Pape Siré Dia est combattu…’’

Toujours est-il que les lendemains de défaites sont douloureux dans les rangs de l’Apr. Personne ne veut en endosser la responsabilité. D'après le secrétaire général du Cadre de concertation pour le développement de Thiès, certains responsables ‘’rament toujours à contre-courant des intérêts de Thiès’’. Ils créent des réseaux, recrutent des Thiessois, dit-il, pour salir l’image de Siré Dia. ‘’Ils le tiennent pour responsable de la défaite de Benno Bokk Yaakaar dans le département. Ces personnes sont celles-là qui avaient demandé que la directrice de l'Agence nationale des affaires maritimes (Anam), Ndèye Tické Ndiaye Diop, et Pape Siré Dia soient zappés durant les prises de parole, lors du meeting de la coalition présidentielle à Thiès. Je puis vous jurer que Pape Siré Dia est combattu, tout simplement pour avoir commis le crime de réduire le taux de chômage des jeunes’’, fulmine Edouard Latouffe.

Revenant sur la défaite de la coalition au pouvoir dans le département de Thiès au sortir de la présidentielle du 24 février dernier, le secrétaire général du Cadre de concertation pour le développement de la cité du Rail rappelle d’abord que le Dg Siré Dia s’était imposé face à Idrissa Seck, lors des législatives du 30 juillet 2017. Bby avait pris une sérieuse option, devançant ainsi de 30 000 voix le président du Conseil départemental de Thiès. Pour le combat présidentiel, il soutient que les enjeux n’ont pas été les mêmes. ‘’Si Idrissa Seck a repris le contrôle du département de Thiès, c’est parce les Thiessois lui ont exprimé toute leur affection. Ils voulaient tout simplement qu’un fils de Thiès puisse accéder à la magistrature suprême. Siré Dia avait, en face de lui, la grande coalition d’Idrissa Seck et même des responsables de la coalition de la majorité. Voilà les raisons qui ont conduit à la défaite de Benno Bokk Yaakaar dans le département de Thiès’’, analyse et accuse Edouard Latouffe.

Le président du mouvement And Suxali Thiès, Habib Niang, de pointer un doigt accusateur en direction de quelques responsables de l’Alliance pour la République, tout en excluant du lot le Dr Augustin Tine, son attaché de cabinet ainsi que le directeur de La Poste, Pape Siré Dia, des personnalités qu’il juge de bonne foi et très engagées au sein de la coalition. A ses yeux, il y a toujours dans les rangs de l’Apr ‘’un esprit malsain qui se résume à des coups fourrés, de divisions, de manque de cohésion notoire entre les alliés’’. Aussi, ajoute-t-il que le président Macky Sall ‘’s’est désormais rendu compte de la division des responsables et alliés à Thiès’’. 

 ‘’Les Thiessois doivent arrêter le vote affectif’’

Faisant lui aussi la lecture et le diagnostic du revers présidentiel de leur coalition dans le département, le récent mandataire du comité électoral de la commune de Thiès-Ouest essaie de minimiser la gifle que leur a infligée le président du parti Rewmi. Tout comme Edouard Latouffe, le Dr Pape Amadou Ndiaye, responsable Apr dans la commune de Thiès-Ouest, estime que le vote affectif a été le seul élément déterminant dans la victoire d’Idrissa Seck. ‘’L’élection présidentielle est une élection particulière. C’est un homme qui va à la rencontre des populations. Et quand on sait qu’un des candidats de l’opposition est natif de la ville de Thiès. Donc, il y a eu un vote affectif, identitaire et de proximité. C’est ce qui peut expliquer la victoire du candidat Idrissa Seck. Malgré ce vote affectif, nous avons pu limiter les dégâts et avons eu des résultats relativement acceptables. Les Thiessois doivent arrêter le vote affectif’’, lance le président du Conseil d’administration du Fongip qui, par la même occasion, magnifie le travail abattu par les responsables de Benno Bokk Yaakaar à Thiès.

GAUSTIN DIATTA (THIÈS)

Section: