Publié le 29 Sep 2019 - 10:29
PROMOTION DE LA DESTINATION AFRICAINE

Les jeunes invités à créer des entreprises touristiques 

 

La jeunesse africaine est invitée à adopter une politique de transformation numérique assez importante, en créant des entreprises touristiques en ligne, dans l’optique de vendre la destination du continent. L’appel a été lancé, hier, par le fondateur d’Africa Tour Center, Donald Djobo, par ailleurs initiateur de la Semaine africaine du tourisme, tenue cette année à Dakar.

 

Le tourisme ne peut avoir un impact économique que lorsque les différents gouvernements pourront s’impliquer, selon l’initiateur de la Semaine africaine du tourisme. Mais Donald Djobo, qui est par ailleurs fondateur d’Africa Tour Center, reconnait que les responsabilités sont partagées. ‘’Les acteurs privés se doivent absolument de jouer un rôle important et pertinent dans la croissance du tourisme. La production de l’offre touristique ne peut pas se faire par le gouvernement ; c’est le rôle du privé. Le tourisme ne peut pas se développer sans formation continue. C’est à cet instar que nous encourageons les jeunes à créer des entreprises touristiques. Qu’ils puissent commencer, après leur formation professionnelle, à réfléchir au taux d’employabilité qui est pauvre et à développer des talents sur beaucoup d’entreprises touristiques qui pourraient être créées’’, dit M. Djobo.

Il s’exprimait hier, face à la presse, lors de la cérémonie de clôture de cette semaine tenue cette année à Dakar. 

Au fait, le fondateur d’Africa Tour Center a souligné qu’aujourd’hui, la technologie s’allie à l’innovation. Donc, pour Donald Djobo, il est ‘’impossible’’, pour un pays, de se développer sur le plan touristique, en 2019, sans utiliser l’informatique et la technologie. ‘’C’est pourquoi nous incitons la jeunesse à adopter une politique de transformation numérique assez importante. Ils ont le potentiel et le talent en eux. Donc, qu’ils n’aient pas peur. Le tourisme durable, la croissance inclusive dans le secteur ne peuvent pas se faire en Afrique sans la jeunesse. Il faut qu’elle soit consciente et qu’elle comprenne qu’elle doit changer de costume’’, plaide-t-il. M. Djobo pense que les jeunes Africains ‘’ne doivent plus’’ continuer à faire des formations pour être employés dans les hôtels. Ils doivent plutôt commencer à créer du business, de nouveaux ‘’ubers africains’’, des centrales, des plateformes de réservation. ‘’Et ceci peut se faire. Le tourisme génère 300 milliards de dollars dans le monde et l’Afrique n’y pèse que 8 % et l’Afrique francophone ne touche que 3 %. Ce qui est très grave. Il y a un potentiel énorme qu’on peut développer en tant qu’Africains et Francophones pour combler ce gap et arriver au même niveau que nos frères anglo-saxons. Nous avons un rôle important à jouer pour remettre l’Afrique sur la carte touristique’’, fait-il savoir.  

Sur ce, il affirme que la faillite de Thomas Cook peut résonner comme une leçon pour l’Afrique. Mais, en tant qu’acteurs, ils peuvent aussi profiter de cette faille pour savoir comment communiquer en moment de crise. ‘’Parce qu’en Afrique, nous vendons l’originalité de l’offre touristique. Il faudrait aussi que cela puisse servir de leçon aux grandes compagnies aériennes qui croient à leur souveraineté et ne pensent pas à l’intégration. Il faut que les Africains sachent que cette petite menace de faillite dans plusieurs multinationales touristiques peut jouer à notre avantage’’, signale le patron d’Africa Tour Center.

Faire la promotion du tourisme intra-africain

Pour sa part, le vice-président de Fly Afrika prône pour une promotion du tourisme intra-africain. ‘’On a aussi besoin, lorsqu’on a un pouvoir d’achat, de pouvoir visiter nos pays voisins. On a besoin d’améliorer l’existent. On a été largement dépourvu d’atouts touristiques, sur le plan de la faune, de la flore. Il faut que nous restions de ce que nous sommes dans l’originalité, l’authenticité. On ne doit pas avoir honte de nos valeurs qu’on doit pouvoir utiliser et commercialiser sur tous les plans ; que ce soit nos plages, nos civilisations. On doit être en mesure de vendre ce qu’est l’esclavage, nos différents parcours dans la résistance à l’esclavage, etc.’’, préconise Féliho Albin. Le président du patronat béninois estime que les Africains doivent savoir vendre leur histoire. ‘’Pour moi, qui viens du Bénin, la pratique du vodou doit être quelque chose qu’on doit magnifier pour le mettre en évidence et non pas le regarder, comme on a voulu nous faire croire, d’un mauvais œil. Il faut faire comprendre aux gouvernements qu’en baissant les taxes et en créant des sites marchands autour de nos aéroports, ils  peuvent les commercialiser. ‘’Combien de sites avons-nous qui ne disposent pas de sanitaires ou de parkings ? Ceci peut constituer un revenu additionnel pour le tourisme et qui permet de diminuer les taxes aéroportuaires pour rendre l’accès à nos destinations plus aisé’’, ajoute-t-il.

Pour M. Albin, les Africains doivent changer de plus en plus de mentalité, pour que quand ils parlent de vacances ou de congés, qu’ils restent sur le continent. ‘’On ne peut pas faire la promotion de la destination du Sénégal et passer ses vacances hors du pays. Le tourisme est un des rares produits d’exportation dont le service ne bouge pas. Les gens doivent venir. C’est un pourvoyeur de devises, d’emplois, d’activités de richesse. C’est des métiers d’avenir’’, renchérit-il.

Pour redynamiser le secteur au Sénégal, l’enseignant-chercheur à la Faculté des sciences et technologies de l'éducation et de la formation (Fastef) à la retraite, Youssou Diop, indique qu’il est nécessaire de ‘’revoir’’ l’environnement socio-écologique du pays et,, surtout, ‘’d’éduquer’’ les populations. ‘’Tout ce qui peut être développé aujourd’hui, c’est le tourisme intégré. On n’a même plus de plages au Sénégal. Elles ont été totalement confisquées par les hôtels. Or, il n’y avait pas de plage privée au Sénégal. Et les autres comme la baie de Hann sont polluées. Il y a aussi la dégradation du niveau de vie qui a créé des agresseurs. Tous ces facteurs font que le pays n’est pas attrayant, pour celui qui vient pour son plaisir’’, regrette le Pr. Diop.

MARIAMA DIEME

Section: