Publié le 11 May 2020 - 19:03
ATTENDUS LE 18 MAI A LEURS POSTES

Le oui mais des enseignants et parents d’élèves

 

Le président de la République a choisi la date du 2 juin pour une reprise des cours sur toute l’étendue du territoire national. Avant cette date de reprise des cours, une note d’orientation de reprise signée par le ministère de l’Education nationale pour un retour des enseignants à la date du 18 de ce mois à leur poste pour des besoins de tests, circule.

 

Une note d’orientation pour la reprise qui décline les axes majeurs de la planification de la réouverture circule depuis le week-end dernier. Dans cette note émanant du ministère de l’Education nationale, il est indiqué que les enseignants doivent rejoindre leur poste le 18 de ce mois, c’est-à-dire quatorze jours avant le 2 juin, date de la reprise des cours pour les classes d’examen. Ainsi, il est envisagé la disponibilité du personnel dans les circonscriptions de service pour éventuellement procéder à des tests durant quatorze jours, afin de garantir la sécurité du milieu pédagogique.

Joint par ‘’EnQuête’’, le secrétaire général du Syndicat national des enseignants libres du Sénégal (Sels), Souleymane Diallo, a fait savoir qu’il n’y a pas de problème pour que les enseignants rejoignent leur poste, mais il se demande dans quelles conditions cela va se faire. Le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saemss), Saourou Sène aussi, embouche la même trompette. Il se demande avec quels moyens cela se fera.

Ces enseignants semblent désorientés. Pourtant, la note faisant état d’un retour en classe le 18 mai prochain a été publiée après une réunion d’information tenue le 5 mai dernier. Le ministère de l’Education nationale et des acteurs du système éducatif y avaient pris part. En outre, Saourou Sène dit prendre acte de toutes les décisions prises. En effet, en dehors de la date du retour des enseignants à leur poste, celles des différents examens ont également été choisies et communiquées. Monsieur Sène informe que son syndicat annoncera, la veille du 2 juin, le comportement à adopter. Il rassure tout de même qu’ils retourneront dans les salles de classe.

Mais cela ne va pas se faire sans condition. ‘’Si, d’ici le 2 juin, on voit que la pandémie est là, que ce qui était à l’origine des fermetures est davantage d’actualité, comment pourrait-on reprendre ? L’école risque d’être le lieu de propagation de la maladie et ça, personne ne l’acceptera. Nous attendons les avis médicaux que nous aurons à la veille du 2’’ juin, précise Saourou Sène. Il rappelle que la réunion tenue avec la tutelle n’a pas été une réunion de consultation, ni de concertation, mais une réunion d’information.

‘’Nous ne nous aventurerons jamais à envoyer les enfants à l’école pour qu’ils soient porteurs du virus’’

Le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), Souleymane Diallo, qui a été représenté à la réunion, car ayant reçu tardivement sa convocation, indique qu’ils ont clairement affiché un principe d’accompagnement du gouvernement, pour éviter une année invalide. ‘’ Nous sommes contre une année blanche. Par contre, nous sommes pour une mobilisation de toutes les ressources pour voir comment sauver cette année. Pour nous, pour sauver l’année scolaire, il faut sauver la santé des enseignants et l’ensemble des élèves’’, a-t-il déclaré. En mettant à disposition le matériel adéquat, c’est-à-dire les masques, les gels hydro-alcooliques, entre autres, dans les établissements. En observation actuellement, lui et ses collègues donneront leur position entre le 20 et 27 mai.

Position tranchée des parents

Du côté des parents d’élèves, les choses semblent plus précises, plus claires et plus nettes. Le président de l’Union nationale des parents d’élèves, Abdoulaye Fane, a indiqué qu’ils ont reçu la note d’information qui prévoit un arsenal de dispositifs. Il y a un comité sectoriel qui regroupe les ministères des Transports, de l’Hygiène et de l’Intérieur pour la délivrance des laissez-passer, afin de respecter les normes de prévention. Selon lui, une pré-évaluation va se faire pour voir si toutes les conditions sont réunies. ‘’A cette réunion d’évaluation, si nous voyons des manquements, nous prendrons nos responsabilités. Nous ne nous aventurerons jamais à envoyer les enfants à l’école pour qu’ils soient porteurs du virus. Nous ne l’accepterons pas. Nous sommes une structure de veille’’, avance M. Fane.

Le préalable, pour lui, est la maîtrise de la pandémie. ‘’Même si l’Etat fixe le 2 juin comme date de reprise et que nous constatons que les conditions ne sont pas réunies, nous dirons à nos membres de retenir leurs enfants à la maison. Il faut que l’on obtienne des garanties sûres pour qu’on laisse les enfants aller à l’école’’, insiste-t-il. Par rapport à la note d’information des enseignants pour un retour à leurs postes le 18 mai, il apprécie positivement. ‘’Il y a beaucoup d’enseignants qui sont dans leur région d’origine. Donc, il faut ces tests au préalable. Dans les normes, les enseignants ne devaient pas quitter leur lieu d’affectation, car l’école n’est pas fermée’’, dit-il.

L’Alliance pour la défense de l’école publique et des travailleurs (ADEPT) a tenu, pour sa part, ‘’à rappeler au président de la République qu’à la date du 16 mars 2020, le pays ne comptait que 27 cas déclarés positifs dont 25 sous traitement. Aujourd’hui samedi 9 mai 2020, le Sénégal compte 1 634 cas déclarés positifs dont 975 sous traitement’’. Dans un communiqué reçu à ‘’EnQuête’’, l’organisation émet des réserves quant à la concrétisation de toutes les mesures annoncées.

‘’Dans les mesures préparatoires pour la reprise, le gouvernement a instruit ses services et démembrements compétents à réunir toutes les conditions de sécurité sanitaires pour tous les acteurs de l’éducation. ADEPT se permet de douter de la volonté et de la capacité du gouvernement à réunir les conditions requises pour une bonne reprise’’. Elle argue ‘’qu’il y a quelques années, ce même gouvernement était dans l’incapacité de doter certains établissements de craie blanche pour fonctionner correctement. N’oublions pas non plus que ce même gouvernement n’a toujours pas réussi à résorber les abris provisoires dont le nombre s'élève à 6 639, à la rentrée d'octobre 2019’’.

Cependant, prévient-elle, ‘’si malgré tout, la date du 2 juin 2020 est maintenue pour la reprise des cours, ADEPT invite le gouvernement à avoir un minimum de cohérence dans l’ensemble des mesures prises pour protéger les citoyens de façon générale. Car il serait paradoxal d’ouvrir les écoles et de fermer les ‘daaras’ et les lieux de culte. Aussi, les restrictions imposées aux transports et aux commerces devront être revues’’.

En conséquence, ‘’si, par négligence et du fait de décisions inopportunes, des enseignants étaient infectés par la Covid-19 après la réouverture prévue le 2 juin 2020, ADEPT tiendrait le gouvernement pour seul responsable’’. 

ANNEE SCOLAIRE

Le doute plane sur le respect des dates d’examen

Lors de la réunion tenue la semaine dernière entre le ministère de l’Education nationale et des acteurs de l’école, les enseignants ont été informés des dates retenues pour les différents examens. Ces dates, dit le secrétaire général du Sels, Souleymane Diallo, le sont en fonction des dates de reprise.

‘’Si les cours reprennent le 2 juin, il n’y aura pas de problème. Mais si, par malheur, ils ne le sont pas, les dates d’examen seront revues’’, signale-t-il. Le secrétaire général du Saemss, Saourou Sène, pense qu’il est préférable de se concentrer d’abord sur l’effectivité du démarrage des cours. Il considère que l’on ne doit pas mettre les charrues avant les bœufs. ‘’Avant de parler d’évaluation, il faut d’abord avoir quelque chose à évaluer. Faisons d’abord de sorte que, si c’est possible, qu’il y ait un démarrage des cours, un contenu, pour espérer évaluer ce contenu’’, prie-t-il.

D’ici le 2 juin, tout est possible !

AIDA DIÈNE

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