Publié le 7 May 2016 - 21:59
MEDIAS AU SENEGAL

Quand la presse se conjugue au masculin

 

La place des femmes dans les médias en Afrique en général et au Sénégal en particulier reste très insignifiante. L’Institut Panos Afrique de l’ouest (IPAO) et des organisations de la société civile estiment que les femmes sont très marginalisées dans les médias.

 

La journée internationale de la liberté de la presse a servi de prétexte à l’IPAO pour revenir sur la place peu enviable qu’occupent les femmes dans les médias classiques au Sénégal. En partenariat avec l’Organisation non gouvernementale (ONG), Article 19 et l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint Louis, il a organisé mardi dernier une table ronde sur le sujet. Cette rencontre sur le thème : ‘’acteurs émergents, femmes et « ATCvistes », et liberté d’expression : nouveaux enjeux, nouveaux défis’’  a eu comme cadre, le Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti). Elle a permis aux panélistes de revenir sur la marginalisation de la femme et l’espoir que constituent les médias sociaux. Ces derniers sont considérés comme un moyen qui est en train de libérer la parole pour les femmes.

Selon Sokhna Seck, enseignante chercheuse en sciences de l’information et de la communication à l’UGB, les femmes peuvent investir l’Internet pour avoir plus de liberté d’expression et de parole.

L’espace public traditionnel africain a souvent privé la parole aux femmes. Ce fait reflète exactement les médias classiques. ‘’Les femmes ne jouissent pas de la liberté d’expression au même titre que les hommes. Sur 2 153 articles de presse au Sénégal, moins de 10% parlent de la femme’’, a dénoncé Alymana Bathily, coordonnateur des activités de l’Institut Panos. Mais les défenseurs de la cause féminine restent optimistes grâce au développement des technologies de l’information et de la communication (Tic). Selon Mme Seck, plusieurs femmes utilisent le net pour devenir de véritables actrices de la société civile. ‘’En consultant les interfaces Facebook des femmes activistes, j’ai trouvé plusieurs plaidoyers sur l’avancement de la femme et la société en général’’, a-t-elle dit.

Malgré cet optimisme, l’enseignante a souligné un autre aspect des réseaux sociaux qui peut être néfaste pour les femmes. Elle a par exemple déploré le fait que Facebook serve surtout à s’exposer. ‘’Il faut former la jeune génération sur la mobilisation citoyenne. Oui à la liberté d’expression des femmes sur le net et non à la liberté d’exposion’’, a conclu la panéliste en invitant les jeunes filles à faire attention à la course aux ‘’j’aime’. Animant le second panel, les blogueurs Basile Niane et Cheikh Fall eux, sont revenus sur l’importance des réseaux sociaux pour l’instauration de la démocratie et le changement. ‘’Ils ont permis beaucoup de changements démocratiques. Aujourd’hui, on ne peut pas parler de démocratie sans parler de ces nouveaux outils de communication’’, a soutenu M. Niane.

 Quant à Cheikh Fall, il estime que l’information est devenue élastique. Selon lui, sans les médias sociaux, on n’allait jamais parler de révolution au Burkina Faso. Il faut réorganiser notre présence sur les réseaux sociaux. A ceux qui qualifient cet espace d’anarchie, il répond : ‘’On ne peut pas imposer les gens d’être dans un espace personnel et de sourcer leurs informations.’’ Il estime donc qu’il faut faire une différence entre une info, une opinion et un commentaire. ‘’Le changement, c’est nous et non les médias car c’est nous qui les faisons’’, a conclu le blogueur en rappelant que tout le monde ne peut pas être journaliste.

Abdourahim Barry (Stagiaire)

 

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