Publié le 5 Dec 2020 - 07:58
ÉMIGRATION IRRÉGULIÈRE

Les députés optent pour le durcissement des mesures répressives

 

Le vote du budget du ministère de la Jeunesse de l’année 2021 a donné lieu, hier, à des débats sur l’émigration irrégulière et sur l’intégrisme. Députés et tutelle cherchent des solutions.

 

La jeunesse sénégalaise est déboussolée. Son horizon obscurci. L’émigration clandestine en est la manifestation la plus éclatante. Hier, les députés ont plaidé pour la hausse du budget du département, afin qu’il puisse répondre aux défis de la jeunesse et surtout aux enjeux actuels, avec le phénomène de l’émigration irrégulière qui est en train de briser la vie de beaucoup de familles et menace l’avenir du pays. 

A ce propos, certains ont suggéré une étude approfondie des causes de sa recrudescence, puisque, de leurs avis, le chômage ne saurait être le principal motif d’une telle aventure. Ils ont, par conséquent, appelé à une sensibilisation forte des jeunes, pour leur faire comprendre qu’ils peuvent réussir leur vie en demeurant au pays. Dans ce cadre, des députés ont préconisé la médiatisation des modèles de réussite nationaux, afin que cette frange de la population tentée par cette aventure puisse s’inspirer d’eux.

Dans le même temps, les parlementaires demandent le durcissement des mesures répressives, notamment à l’encontre des passeurs, afin de décourager toute velléité d’embarcation des jeunes. Ensuite, ils ont pris la défense du ministère qui, devant ce fléau et sa particularité à toucher la jeunesse qui est sa cible, disent-ils, est mis en cause à tort. Ils en veulent pour preuve le fait qu’il ne dispose pas de ressources suffisantes pour répondre efficacement à tous les problèmes auxquels sont confrontés ces jeunes.
Ils considèrent, donc, que ce département ne peut appuyer, de manière significative, les jeunes et les convaincre de rester au pays, alors que ses ressources sont très limitées.

Ainsi, ils réitèrent leur demande d’augmentation considérable des dotations du département, en plus du rattachement de la Direction de l’entreprenariat rapide (Der) en son sein. Pour ce faire, certains ont incité leurs collègues parlementaires à porter le plaidoyer. 

Sur l’émigration irrégulière, le ministre a répondu que le phénomène est très complexe et la responsabilité de l’Etat, dans tous les fléaux qui touchent ses populations, est engagée. Toutefois, Néné Fatoumata Tall souligne que si cela ne tenait qu’aux politiques publiques et à une vision éclairée pour en venir à bout, ce fléau n’aurait pas atteint ces proportions. A ce titre d’illustration, elle souligne que le budget dédié à la formation professionnelle a présentement plus que triplé, en passant de 24 à 78 milliards de francs CFA. Que les centres de formation sont passés de 71 à 172. Pour les financements de la Der, un montant de 57 milliards de F CFA a été mobilisé au profit de 108 000 bénéficiaires.

Ainsi, elle considère qu’une gestion globalisante est plus efficace, puisque l’État, à lui seul, ne peut pas résoudre ce problème. Par conséquent, les parents, les ONG et les autres organismes de la société civile ont un grand rôle à jouer dans la prise en charge de la jeunesse du Sénégal. ‘’On doit dépassionner cette question de l’émigration irrégulière. Qu’on soit de l’opposition ou du pouvoir, personne n’a le droit de politiser ce sujet. C’est une question sensible. La nation perd une force vive. Donc, la jeunesse est profondément touchée. Il nous faut une réponse profonde. Ça mérite une démarche inclusive. Tout le monde doit être associé. Aujourd’hui, notre économie est portée en grande partie par le secteur informel. Il faut reconnaitre que ceux qui partent font partie, à 90 %, du secteur informel. C’est ce secteur qui est majoritairement touché. Il faut prendre en compte ces considérations’’, déclare Néné Fatoumata Tall.

Elle annonce la construction de sept centres départementaux d’éducation populaire et sportive (Cdeps) ainsi que la réfection de l’existant.

Terrorisme

En commission et en plénière, les députés ont insisté sur l’urgence de mettre en place des politiques publiques efficaces pour freiner l’enrôlement des jeunes par des groupuscules extrémistes. Sur ce, ils ont recommandé le recours aux ressources financières destinées à la jeunesse africaine par la CEDEAO, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

De plus, ils ont préconisé des appuis financiers conséquents aux projets initiés par les jeunes dans le domaine de l’industrie, l’élevage et l’agriculture, entre autres. Ils considèrent, en effet, que de tels financements doivent être privilégiés à la place des nombreux séminaires et ateliers de formation organisés par le département qui, de leur point de vue, ne constituent pas une gestion efficiente des dépenses publiques. Encore, ont-ils préconisé le suivi rigoureux des bénéficiaires des prêts, afin de s’assurer de leur remboursement, ainsi que l’évaluation de l’impact des financements octroyés aux jeunes.

Le budget du ministère de la jeunesse a été voté hier par les députés de l’Assemblée nationale. Il est de l’ordre de 117,573 milliards F CFA (100,004 milliards en autorisations d’engagement et 17,659 milliards en crédits de paiement). Soit une hausse de 18 % par rapport à l’an dernier.

CHEIKH THIAM

 

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