Publié le 22 Apr 2020 - 22:25
1 000 MILLIARDS FORCE-COVID-19

Environ 325 milliards de francs CFA collectés 

 

Le montant des fonds collectés par le gouvernement, dans le cadre du Fonds de riposte contre les effets de la Covid-19 (Force-Covid-19), avoisine 325 milliards de francs CFA. L’annonce a été faite, hier, par le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, lors d’une vidéoconférence avec l’ambassadrice de l’Union européenne à Dakar, Irène Mingasson.

 

La somme reçue des partenaires techniques et financiers du Sénégal, du secteur privé, des acteurs économiques et des bonnes volontés pour le financement du Fonds de riposte contre les effets de la Covid-19 (Force-Covid-19) est, pour le moment, environ 325 milliards de francs CFA sur les 1 000 milliards. C’est ce qu’a annoncé, hier, le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération Amadou Hott, lors d’une vidéoconférence avec les responsables de l’Union européenne à Dakar.

‘’Les fonds que le Fmi a accordés, c’est 266 milliards, la Banque mondiale a déjà payé les 13 milliards. On attend encore à peu près 135 milliards de la BM, un peu plus tard. La BOAD a mis également 15 milliards. Les bonnes volontés et le secteur privé y ont contribué à plus de 15 milliards. Il y a aussi le Luxembourg qui a déjà fait un virement de 3 milliards. L’UE promet, incessamment, 13 millions d’euros dans les 130 d’appui budgétaire’’, explique-t-il.

D’après Amadou Hott, d’autres partenaires ne sont pas en reste. Ainsi, la Banque islamique de développement (Bid) est en train de finaliser son appui budgétaire de 98 milliards, d’ici la ‘’fin de la semaine prochaine, au plus tard’’. Un montant qui sera essentiellement dédié à l’achat de matériel de santé et de vivres. ‘’Environ 325 milliards sont mobilisés pour le Force-Covid-19. Nous attendons également l’approbation de la Bad pour 100 milliards durant le mois de mai. Nous attendons aussi un don de l’Allemagne dont le montant n’est pas encore défini. De la part de la Banque européenne d’investissement (BEI), on s’attend à près de 50 millions d’euros ; l’Agence française de développement (AFD) sera également au rendez-vous. Nous avons aussi nos partenaires des pays arabes, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) qui est à Khartoum, avec 13 milliards prévus. Il y a aussi l’Arabie saoudite et le Koweït qui feront des prêts concessionnels. Nous attendons également le reste de l’appui budgétaire de l’UE, environ 117 millions d’euros, qui sera libéré d’ici 2 mois’’, renchérit-il.

Sur ce, le ministre du Plan affirme que tous les financements que l’Etat va recevoir en dons ou prêts concessionnels vont leur permettre d’atteindre ces 1 000 milliards. Pour ce montant, il précise qu’une partie est constituée des annulations de dettes fiscales de l’année passée. ‘’Donc, il faut enlever ces 200 milliards. Il y a aussi les exonérations fiscales estimées à 30 milliards qui sont incluses dans les 1 000 milliards, dont 15 milliards pour la TVA qu’on devait encaisser cette année et on donne aux entreprises un moratoire d’un an et plus. Au moins 15 milliards sont destinés aux impôts sur les salaires, les retenus à la source aux salaires’’, poursuit-il. Selon M. Hott, le secteur privé et tous les secteurs en difficulté pourront bénéficier de cette exonération, pour faciliter le paiement des salaires nets de leurs salariés à 70 % pour ceux qui sont en chômage technique et 100 % pour ceux qui continuent de travailler, même si les entreprises sont en difficulté.  

Un appui aux entreprises et acteurs privés effectif dans l’immédiat

A ce propos, le ministre en charge de la Planification a fait savoir que l’appui que le gouvernement est en train de structurer, ‘’c’est vraiment immédiat’’. ‘’Nous avons pratiquement bouclé avec les banques. Les budgets sont déjà gérés pour ces appuis sectoriels. Les ministères demanderont au ministère des Finances de transférer vers la Der leurs appuis, pour assurer l’effet levier et la bonification. Nous avons travaillé avec les banques. L’accord cadre qu’on va signer avec eux leur a été déjà envoyé et nous espérons que, d’ici la fin de la semaine, nous aurons finalisé ce document et éventuellement le signer pour que, d’ici la fin du mois, les financements qui doivent aller vers les entreprises aillent vers elles et que les financements de la Der ou les garanties que le Fongip pourra apporter soient disponibles pour les entreprises et acteurs économiques impactés’’, dit-il.

Sur la relance économique post-Covid-19, le ministre a indiqué qu’ils y travaillent en parallèle. Ceci notamment avec le Comité de croissance et de veille économique qui est déjà en place avec différents ministères sectoriels, le secteur privé. ‘’Ils ont déjà eu plusieurs séances de travail pour regarder un peu les secteurs sur lesquels il faudra se focaliser pour la relance. Mais également, les projets du Pap2 du PSE qu’il faudra réorienter. Nous allons nous refocaliser le secteur de la pharmacie, alimentaire. Il nous faut assurer notre souveraineté alimentaire, pharmaceutique et même industrielle sur des produits qui sont essentiels, pour ne pas trop dépendre de l’extérieur’’, ajoute-t-il. Dans le cadre de l’appui aux entreprises en difficulté, le ministre du Plan informe qu’il y aura un appui dans le cadre de la relance. Tout cela se fera en harmonie avec les différents secteurs impactés.

Environ 100 milliards de l’UE pour l’appui au Force-Covid-29

A l’instar des autres partenaires techniques et financiers (PTF) du Sénégal, l’Union européenne compte apporter son soutien au gouvernement, pour lui permettre de faire face aux effets de la pandémie. ‘’En ces moments difficiles de pandémie de Covid-19, l’Union européenne a tenu encore à réaffirmer son engagement sans faille aux côtés de notre pays, en apportant une contribution financière en don non remboursable de 150 millions d’euros, soit près de 100 milliards de F CFA, dont 85 milliards en appui budgétaire, pour appuyer les efforts déployés par le gouvernement’’, relève le ministre de l’Economie.

Amadou Hott a précisé que, malgré le contexte ‘’difficile’’ marqué par les discussions en cours sur le futur cadre pluriannuel de programmation avec les pays ACP (Afrique-Caraïbes et Pacifique), l’UE a tenu à ‘’revisiter’’ les engagements en cours. Ceci pour ‘’explorer les marges’’ pouvant être dégagées à travers les plans d’action 2020 et 2021. ‘’Au mois de décembre dernier, lors de l’exercice de revue du cadre de programmation conjointe européenne, il était apparu que votre engagement total avait atteint un montant de 1 087 millions d’euros, soit environ 713 milliards de F CFA sur la période 2018-2022 et dépassant largement toutes nos estimations. Malheureusement, cette pandémie est venue frapper durement nos économies’’, a témoigné le ministre, à l’endroit de l’ambassadrice de l’Union européenne au Sénégal, Irène Mingasson. Qui a relevé que, par ailleurs, le portefeuille de projets de coopération au développement entre les deux parties est ‘’maintenu’’.

‘’Car, explique-t-elle, la pandémie n’a pas effacé les besoins d’hier. Nous sommes prêts à mobiliser au moins 20 millions d’euros, soit plus de 13 milliards de francs CFA, pour réorienter nos activités pour qu’elles répondent aux urgences de l’heure et pour les accélérer. Ce sera le cas dans les secteurs de la sécurité alimentaire et de la nutrition, de l’entreprenariat, de la défense des migrants, de notre appui aux forces de sécurité de l’Etat dans leur tâche de maintien de l’ordre et du couvre-feu, de l’eau et de l’assainissement’’, rassure-t-elle. Et Mme Mingasson affirme que ce sera le cas de leur coopération avec la société civile et les organisations de la jeunesse. Qui, d’après l’ambassadrice de l’UE, ‘’ont beaucoup d’idées’’ pour les ‘’inspirer’’, pour mobiliser des milliers de jeunes à l’action, ‘’à la responsabilité, à la transparence’’.

Sur ce, la représentante de l’UE note que leurs actions seront ‘’locales, proches des besoins’’. ‘’Parce que le ralentissement de l’activité met en danger les petits opérateurs économiques les plus vulnérables, au moins 100 d’entre eux seront soutenus, dans les régions de Dakar, Diourbel, Thiès, Saint-Louis, Louga, Kaolack couvertes par le projet Plasepri-Pasped mis en œuvre avec la coopération italienne. Le projet Développer l’emploi au Sénégal-Tekki Fii avec l’AFD aidera des entreprises par l’appui à la restructuration financière, au télétravail, mais aussi pour développer une offre de gels, de masques et de produits agro-alimentaires’’, soutient-elle.

Plus de 100 personnes à former pour l’hygiène et la sécurité sanitaires

Avec le projet Parerba, avec la coopération belge, l’ambassadrice de l’UE a indiqué qu’ils mèneront une campagne d’information des travailleurs dans le bassin arachidier, avec le matériel de prévention adéquat (masques, gels, savon). Et plus de 100 personnes seront formées par les personnels de santé locaux pour assurer la fonction de responsables ‘’hygiène et sécurité’’ au sein des coopératives, des micros et petites entreprises, et petites et moyennes entreprises (MPE/PME) et des entreprises de travaux.  ‘’A Hann et à Petit Mbao, sous le projet d'assainissement et de restructuration urbaine, nous appuierons le branchement effectif de tous les ménages vulnérables aux réseaux d’eaux usées et d’eau potable. Ceci n’est que quelques exemples. Avec vous le gouvernement, nous creuserons plus. Tous nos partenariats se mobilisent pour lutter contre la Covid-19 et ses conséquences’’, souligne Mme Mingasson.

Ainsi, la patronne de l’UE à Dakar assure que tous leurs partenaires sont ‘’prêts à s’investir activement’’ dans les campagnes de sensibilisation et d’équipement du public. Ceci pour que les mesures de précaution, les gestes barrières ‘’soient adoptés par tous’’. ‘’La réponse à la crise d’aujourd’hui nous interpelle aussi sur l’après : pour faire face aux chocs systémiques, le développement durable, l’Agenda 2030 et l’Agenda climatique restent plus importants que jamais. Le redémarrage s’appuiera sur l’Agenda numérique et sur le Green Deal européen, plus pertinents que jamais’’, conclut-elle.  

MARIAMA DIEME

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