Publié le 16 May 2020 - 18:07
25e DECES DU CORONAVIRUS

Retour sur l’histoire tragique d’Aliou Diouf

 

Déclaré guéri samedi dernier, Aliou Diouf, qui avait rechuté le même jour, a finalement rendu l’âme, hier, à l’hôpital Principal de Dakar. Son épouse et ses enfants, encore en quarantaine dans un hôtel à Mboro, sont inconsolables.
 
 
Loin de son terroir, dans la populeuse commune dakaroise de Yoff, Aliou Diouf tenait un petit atelier où il exerçait la cordonnerie, depuis plus de 30 ans. Après y avoir chopé le virus, il y a quelques semaines, le natif de Pire, qui souffrait déjà d’un diabète, avait été déclaré guéri, le samedi 9 mai dernier et libéré de l’hôpital Fann où il a été interné pendant 20 jours environ.
 
Très heureux de son nouveau statut de ‘’guéri du coronavirus’’, il n’a pas perdu du temps pour rejoindre épouse et enfants, laissés dans son Pire natale, commune située dans le département de Tivaouane, à environ 100 km de Dakar, mais aussi pour s’éloigner de cette contrée de la capitale considérée comme un des épicentres de la maladie au Sénégal. En effet, sorti vers 9 h, il y est arrivé vers les coups de 11 h. 
‘’Ses proches ne savaient même pas qu’il avait eu à contracter le coronavirus. On savait qu’il était malade, mais on croyait que c’était juste de son diabète. Ce qui est dommage, c’est qu’il ait été déclaré guéri alors qu’il ne l’était pas encore’’, témoigne un parent.
 
Comme cela se fait, habituellement, dans les localités de l’intérieur, les voisins, amis et proches ont alors commencé à défiler pour le saluer, mais aussi pour s’enquérir de son état de santé. Tout allait donc assez bien, jusque vers 20 h, quand, soudain, la victime fit une rechute. Devant ses proches impuissants, Aliou développe à nouveau des problèmes respiratoires, 10 heures seulement après sa libération du centre hospitalier national de Fann. Ainsi a-t-il été évacué à l’hôpital Mame Dabakh de Tivaouane. De là, les prélèvements qui ont été faits se sont révélés positifs, au grand malheur de celui qui tentait de se confiner dans son terroir où aucun cas n’avait jusque-là pas été répertorié.
 
Dans la foulée, les équipes médicales se sont déployées à Pire pour mener l’enquête. C’est ainsi que 16 parmi les contacts du patient ont été identifiés et mis en quarantaine. Parmi eux ses enfants, son épouse, ses frères et sa grande sœur. Lesquels ignoraient totalement son état virologique. Hier, à l’annonce de la nouvelle de son décès par les services d’Abdoulaye Diouf Sarr, c’était comme si la terre s’était dérobée sous leurs pieds, rapporte notre source. ‘’C’est très difficile. Imaginez que vous soyez en quarantaine dans un hôtel, votre maison fermée. On vous annonce le décès de votre époux et vous ne pouvez pas le voir. Vous ne pouvez voir personne. C’est très compliqué, mais on s’en remet au Bon Dieu’’. 
 
Il existe 30 à 40 % de faux négatifs, selon une étude
 
Comme une goutte de chance dans cette avalanche de mauvaises nouvelles, les tests jusque-là effectués sur les cas contacts se sont révélés négatifs. C’est du moins ce que croient les proches, vu que ces derniers sont toujours à l’hôtel, malgré les prélèvements qui ont été effectués.
 
Ce décès repose la lancinante question de l’immunité protectrice des malades du coronavirus et le suivi des cas déclarés guéris. Dans nos précédentes éditions, le docteur Alioune Blondin Diop expliquait que seuls 24 % des patients de Covid-19 développent des anticorps qui les protègent contre le virus mortel. En ce qui concerne les cas de rechute –c’est-à-dire les patients libérés alors qu’ils n’étaient pas complètement guéris - il préconisait ‘’une surveillance de 14 jours’’ pour parer à toute complication. D’autant plus, indique-t-il, que des études faites en France ont montré qu’il existe 30 à 40 % de faux négatifs (des personnes dont les tests se sont révélés négatifs, alors qu’elles ont le virus, NDLR).
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