Publié le 11 Mar 2015 - 15:16
3 QUESTIONS AU PROFESSEUR IBRAHIMA BARA DIOP (CHEF DU SERVICE CARDIOLOGIE MEDICALE)

‘’Ceux qui sont opérés actuellement constituent moins de 5% de la demande’’ 

 

Aujourd’hui, il y a plus de 1 500 enfants souffrant de pathologies qui sont sur la liste d’attente. Comment gérez-vous cette situation ?

C’est une situation complexe. Car tout le monde n’a pas accès au centre. Pour ceux qui arrivent, il y a un tri que nous faisons. Et cette sélection est fondée sur les possibilités chirurgicales, parce que tout ne peut pas être opéré. L’infrastructure et l’équipement ne permettent pas d’opérer des moins de 10 kilogrammes. Donc tous les enfants qui pèsent  moins de 10 kilogrammes sont exclus. Pour opérer des moins de 10 kg, il faut plus d’investissements en termes d’équipements, de personnels, de formation. Et en plus tout dépend des possibilités des chirurgiens.

Est-ce à dire que le Sénégal a encore des difficultés en matière de chirurgie cardiaque pédiatrique ?

La réalité, c’est  que tout chirurgien cardiaque ne peut pas tout opérer. Comparé au Maghreb, il n’y avait pas une autonomie pour la chirurgie cardiaque pédiatrique. Eux, ils font venir des chirurgiens ou évacuent les cas les plus complexes. En France même, il y a des villes entières qui ne sont pas autonomes sur des cardiopathies de petits poids. D’où des évacuations sur Paris. Dakar est un carrefour où nous avons l’ambition de pouvoir développer un centre qui puisse faire ce travail. Avec des partenaires, c’est un travail de longue haleine et ça nécessite beaucoup d’investissements. Ceux qui sont opérés actuellement constituent moins de 5% de la demande. On n’est pas du tout sorti de l’auberge. Et il y a encore beaucoup de travail à faire.

Et ceux qui n’ont pas les moyens de se payer une opération ?

Leur cas se complique et souvent ils décèdent. Sauf si les organisations humanitaires les évacuent. Chaque année, on évacue des enfants, mais les humanitaires choisissent ceux qui correspondent à leurs critères, en particulier les moins chers et les moins compliqués. Donc on n’est pas autonome et il suffit d’avoir un enfant qui accède d’une mal formation pour s’en rendre compte. Nous sommes dans un dédale de problèmes. Du Maroc à l’Afrique du Sud, il n’y a que le Sénégal, ce qui veut dire qu’il y a un besoin de tous les pays qui nous entourent. C’est un centre qui a une ambition sous régionale.

VIVIANE DIATTA

 

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