Publié le 18 Jul 2016 - 22:04
3 QUESTIONS A MOUSTAPHA FAYE, PROVISEUR DU LYCEE MIXTE MAURICE DELAFOSSE

‘’Il faut la création de lycées professionnels’’

 

Les années se suivent, les résultats au Baccalauréat restent décevants. Au lycée mixte Maurice Delafosse, après la proclamation des résultats provisoires samedi, le proviseur Moustapha Faye a fait une analyse de la situation. Selon lui, pour  régler le problème du système éducatif, il faut la création de lycées professionnels.

 

Comment appréciez-vous ces résultats provisoires?

Il me semble qu’il y a un léger mieux par rapport à l’année passée. On ne peut même pas le dire dans l’absolu, parce que le deuxième tour aussi, c’est un examen. Mais il me semble que les résultats bruts, c’est un léger mieux dans le centre, parce que l’on tourne autour de 44% pour l’un des jurys, 41% pour l’autre jury. Si on perdait cinq points au deuxième tour on serait à 35%. Donc, c’est toujours des résultats très faibles. Au regard du budget de l’Education nationale, c’est encore des résultats faibles. Je crois qu’il y a toujours quelque chose à faire pour la stabilisation de l’espace scolaire ; pour que les gens puissent travailler dans la sérénité au moins sur une durée de cinq ou six ans.

Qu’est- ce que vous proposez pour résoudre le problème?

Des concertations sérieuses avec les syndicats d’enseignants. Il me semble que leurs revendications sont justes. Les enseignants ne doivent pas être des fonctionnaires de seconde zone. Ils doivent être bien traités. S’ils ne sont pas bien traités ils vont aller travailler dans le privé. Quand on fait du surtravail on n’est pas efficace. Je crois qu’il y a surtout cette question de rémunération des enseignants qui doit être prise en charge sérieusement par le gouvernement. En plus de cela, il y a la question de la stabilisation des années scolaires ; il y a la question du quantum horaire. Nous, on travaille peu.

On fait moins de neuf cent heures. J’ai calculé, j’ai commencé les cours le 12 octobre, mais on défalque les fêtes de Noël, le Gamou, le Magal, les nombreuses autres fêtes, les grèves, ça nous fait même moins de sept cent heures. J’ai fait le décompte, il faut que les élèves restent pendant un temps assez long à l’école pour que les professeurs puissent dérouler les cours, exercer les travaux dirigés. Tant qu’il n’y aura pas cette stabilité-là, on est bon pour encore cinq ans de résultats de moins de 40%. J’ai dit à quelqu’un ce matin (samedi) que l’on est encore parti pour des résultats de moins de 40%. Il faut aussi que le gros des effectifs aille vers les filières professionnelles. Ça ne sert à rien de mettre les élèves dans des séries L, S2 et L2, alors qu’il y a des filières professionnelles où on pourrait facilement améliorer les résultats des élèves. Il y a beaucoup de baccalauréat professionnel en France, par exemple. Il faut que l’on aille  vers ça.

Donc vous pensez que l’Etat a encore du chemin à faire dans ce domaine ?

 Oui ! L’Etat a fait des efforts. On va créer un lycée professionnel à Sandiara, à Richard Toll. Si mes souvenirs sont exacts, je crois que l’on est très avancé pour trois lycées professionnels et pour d’autres aussi qui vont venir. Mais il me semble que c’est encore très lent. S’il faut attendre de faire le tour du Sénégal, en créant quatre lycées professionnels par an, on perd beaucoup de temps. Le problème, c’est qu’il y a un ministère de l’Education nationale qui gère l’enseignement général qui gère toutes les infrastructures, la majorité du personnel et des lycées d’enseignement techniques.

Si c’était le même ministère (Education et formation professionnelle), on aurait pu très facilement balancer 25% des effectifs des lycées ou 30% des effectifs lycées, en peu d’année, vers les filières professionnelles, parce qu’il y a des lycées. Il suffit tout simplement de les équiper pour créer des filières professionnelles. Tant que c’est un ministère, ça va être très lent. C’est ce qui explique que le ministère de la Formation professionnelle ne peut pas atteindre ses objectifs dans ces conditions-là. Je sais qu’il y a beaucoup d’efforts qui se font dans ce domaine, mais il faut beaucoup plus de moyens. Et ça règle beaucoup de problèmes ; ça améliore les résultats au baccalauréat ; ça fait que beaucoup de bacheliers frappent moins à la porte de l’université, parce qu’ils ont un baccalauréat professionnel : un baccalauréat en pâtisserie. On va travailler aussitôt ou bien on continue, on fait un BTS. 

AIDA DIENE

 

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