Publié le 14 Nov 2019 - 22:03
36e SEANCE DU DIALOGUE POLITIQUE

Entre heurts, déblocages et consensus

 

Mépris de Famara Ibrahima Sagna, définition des termes de référence de l’audit du fichier électoral, lenteurs dans les travaux, les mandataires retardataires, la Commission cellulaire en charge du dialogue politique panse ses plaies et informe que M. Sagna, Président du Comité de pilotage du dialogue national, sera installé dans les tout prochains jours. On apprend également que Famara Ibrahima tient enfin son siège.

 

Mardi 12 novembre 2019, la Commission politique du dialogue national s’est réunie pour la 36e fois depuis son installation le 31 mai dernier. Comme on pouvait s’y attendre, il a été abordé notamment la question de l’inertie du président du Comité de pilotage du dialogue national (Famara Ibrahima Sagna), celle du dernier amendement du gouvernement relatif à la date des prochaines élections locales, ainsi que le processus de l’audit du fichier électoral.  

En ce qui concerne la première question, il faut souligner qu’elle commençait vraiment à embarrasser plus d’un, au niveau de la Commission cellulaire en charge du dialogue politique. Pourquoi donc l’administrateur civil qu’est Famara Ibrahima Sagna, pendant longtemps, est resté sourd aux correspondances du général Niang, Président de la Commission cellulaire ? La question, semble-t-il, a trouvé un début de réponse, suite à l’échange entre les deux fortes personnalités. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux hommes semblent avoir arrondi les angles.

Selon les confidences, le président du Comité de pilotage du dialogue national a même exprimé sa gêne de n’avoir pu répondre aux multiples correspondances du Gl. Il a, par ailleurs, informé que désormais, tout est rentré dans l’ordre et que le président de la République a promis de l’installer dans les tout prochains jours, ‘’au plus tard la semaine prochaine’’, soufflent certaines sources. ‘’A moins d’un nouveau changement d’humeur du chef de l’Etat’’, s’empresse-t-on de railler.

Il résulte des confidences que Famara I. Sagna peut maintenant s’estimer tout heureux, car même le siège dont il avait besoin pour accomplir convenablement son job a été choisi.

Discorde

Toujours est-il que cette non-installation du comité, dont le président a été nommé depuis le 28 mai par le président de la République, a longuement paralysé le processus. Que de temps perdu, selon les différentes parties ! Et on est encore loin de voir le bout du tunnel. Hier encore (36e séance), comme aux premiers jours, il a été question des termes de référence et plus généralement de l’audit du fichier électoral. Et comme aux premiers jours, les démons de la discorde ont encore refait surface.

D’une part, il y a le général Niang, la majorité et les non-alignés qui proposent la mise en place d’un comité d’élaboration des termes de référence, de l’évaluation du processus et de l’audit du fichier électoral. D’autre part, il y a l’opposition qui dit niet, réclamant le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt, au plus tard le 1er décembre, dans l’optique de choisir un cabinet indépendant pour faire ce travail. Selon les confidences, la majorité des membres de la commission penche surtout en faveur de la première hypothèse et d’ailleurs, le président de la commission a même désigné monsieur Mazide Ndiaye pour piloter les travaux. Il a aussi demandé aux différentes parties de proposer, chacune, ses représentants.

Mise en minorité, l’opposition a campé sur sa position, rappelant qu’il est hors de question de revenir sur le consensus déjà acté. S’appuyant sur le compte rendu n°17 du 8 août 2019, ce pôle reste contre toute proposition qui remettra en cause ce consensus. La société civile, par contre, tout en consentant que ce point avait déjà fait l’objet d’un consensus, signale qu’il ne devrait pas être de nature à entraver les travaux qui ont déjà assez duré. Les experts des différents pôles, informe-t-on, sont bien habilités pour faire le job.

Répondant à ces prétentions, le général Niang estime qu’à défaut d’un comité pour l’élaboration des Tdr, la commission risque de perdre encore du temps. Il propose de rédiger des projets de Tdr qui seront mis à la disposition des auditeurs. Pour lui, la non installation du président Sagna ne peut pas empêcher le travail de se poursuivre puisque, souligne-t-il, le ministère de l’Intérieur a déjà engagé les moyens nécessaires pour l’évaluation et l’audit. Ainsi, il propose qu’à la prochaine séance, que chaque pôle propose trois personnes qui se chargeront de faire des propositions aux auditeurs.

Il informe, en outre, qu’on ne peut fixer de date tant que certaines obligations préalables ne seront pas satisfaites.

Après plusieurs mois de tergiversations, les parties prenantes au dialogue, à l’unanimité, ont constaté les lenteurs dans les travaux. En cause : les retardataires, l’éloignement de Ngor Diarama, la gestion des débats. Elles conviennent toutes qu’une réorganisation du travail s’impose pour aller plus vite et rattraper le temps perdu. Il a ainsi été proposé que les pôles discutent en interne des points objets de débats et de s’en référer au porte-parole de l’entité pour donner leurs points de vue. Ce qui, estime le président Niang, permettrait d’éviter les longues discussions.

Pour le pôle de l’opposition, il faudrait simplement augmenter le nombre de jours de travail, en incluant les vendredis, samedis et dimanches, pour espérer renverser la tendance. Sur le même point, le pôle des non-alignés a proposé l’organisation de deux sorties Vsd en résidence pour résorber le retard. A les en croire, ces retards sont surtout imputables à la difficulté d’accès de l’hôtel Ngor Diarama où se tiennent les travaux. Ce pôle, après avoir aussi fait le constat sur le lent rythme de travail de la Commission politique, invite à appliquer le code de conduite, même si des contraintes réelles subsistent. A défaut, ce pôle est d’avis que la commission perdra encore plus de temps.

Pour rappel, voilà maintenant bientôt 6 mois que la commission peine à produire des résultats concrets, si ce n’est le report des élections locales considéré par nombre d’observateurs comme regrettable.

Autre pomme de discorde, c’est l’amendement du gouvernement relatif au report des élections locales. Pour l’opposition, il s’est agi de regretter et de rejeter énergiquement la démarche unilatérale du gouvernement. D’autant plus que la question n’a même pas été débattue en commission. Celle-ci, à en croire les opposants, était pourtant plus habilitée à proposer l’intervalle dans laquelle serait organisé le scrutin.

Pour sa part, le pôle des non-alignés trouve que l’important, c’est de régler les questions urgentes qui permettront d’aller vers l’évaluation et l’audit. Et une fois que les Tdr seront élaborés, la Commission politique pourra se déterminer sur la date probable des élections locales.

Par ailleurs, ce pôle dit comprendre parfaitement la position du ministre de l’Intérieur qui a seulement pris des garanties en fixant une date pour éventuellement éviter un second report. Cela ne remet pas en cause la capacité de la commission à proposer une date plus proche, pensent les camarades de Déthié Faye.  

Ces accusations ont poussé l’Administration à réagir, en signalant que le report n’a jamais été sa demande, puisqu’elle avait déjà commencé à dérouler ses programmes liés au processus d’organisation des élections. Même si cet argument a du mal à prospérer, l’Administration s’arcboute, en précisant que le report acté est le fruit d’un consensus de la Commission politique qui devait, ainsi, revêtir un aspect juridique pour sa matérialisation.

A l’instar des autres entités, la société civile, également, pense qu’il faudrait, dans tous les cas, aller plus vite. Dans ce dessein, elle a préconisé la mise en place des groupes de travail avec une représentation variée. Un mandat sera donné à chaque groupe de réfléchir sur un point et d’exposer le fruit de sa réflexion en plénière. 

MOR AMAR

Section: