Publié le 18 Oct 2019 - 19:18
50 MILLIONS D’ENFANTS DE MOINS DE 5 ANS TOUCHES

La nécessité de transformer le traitement de la malnutrition aiguë

 

Il faut renforcer le Plan d’action mondial contre la malnutrition, en transformant le traitement de la malnutrition aiguë. C’est l’appel des organisations humanitaires, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation célébrée avant-hier.

 

La malnutrition aiguë est une menace majeure pour la santé publique mondiale. Au moins 50 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë (une perte de poids extrême qui nuit à la santé) et près de 50 % des décès d’enfants de moins de 5 ans résultent de la malnutrition. ‘’La malnutrition aiguë a été et demeure hautement traitable et évitable. Pourtant, malgré l’existence d’un traitement qui sauve des vies et deux décennies de travail pour répondre aux besoins des enfants les plus vulnérables, les solutions actuelles bénéficient à moins de 20 % des enfants affectés par la maladie’’, soulignent les organisations humanitaires, dont Save the Children, World Vision, dans un communiqué envoyé à ‘’EnQuête’’ avant-hier, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation.

Pour ces organisations, aujourd’hui, la situation se trouve à un ‘’tournant critique’’. ‘’Nous pouvons choisir de maintenir le cap, laissant environ 80 % des enfants souffrant de malnutrition aigüe non traités. Ou bien nous pouvons transformer le système et sauver des millions de vies’’, disent-elles.

En effet, ces organisations estiment que le problème est quadruple. Et elles jugent l’approche actuelle pour traiter la malnutrition aigüe sévère ‘’fragmentée et inutilement compliquée’’. Ceci avec une différenciation faite entre malnutrition aiguë modérée et malnutrition aiguë sévère qui sont traitées séparément dans des systèmes supervisés par deux agences différentes de l’Organisation des Nations Unies (Onu). ‘’Le diagnostic et le traitement de la malnutrition aigüe sévère sont compliqués et limités aux établissements de santé. Ce qui signifie que la mère et ses enfants doivent parcourir de longues distances avant d’avoir accès aux soins vitaux. Le financement du traitement de la malnutrition aiguë n’est pas à la hauteur de l’ampleur de la crise. Les ministères de la Santé nationaux n’accordent souvent pas la priorité aux politiques et aux lignes budgétaires liées à la malnutrition’’, regrettent les organisations humanitaires.

Tous les jours, elles rencontrent ces défis dans les pays et les communautés au sein desquels elles travaillent. Sur ce, elles pensent qu’une volonté politique et des investissements financiers s’imposent d’urgence pour faire face à ces difficultés. ‘’Nous, groupe d’organisations humanitaires reconnues, travaillant dans certains des endroits les plus difficiles d’accès, appelons les dirigeants mondiaux ; des fonctionnaires de l’Onu aux ministères de la Santé ; à accélérer leur action pour la mise en place d’un système de traitement plus efficace, rapide et accessible, qui ne laisserait aucun enfant derrière nous’’, plaident-elles. Tout en affirmant que le temps est venu ‘’d’agir et de rendre des comptes’’.

En fait, elles rappellent qu’en juillet dernier, les dirigeants de l’ensemble du système des Nations Unies ont annoncé qu’ils élaboreraient, d’ici à la fin de l’année, un plan d’action mondial contre la malnutrition ainsi qu’une une feuille de route pour lutter contre la malnutrition aiguë. ‘’Il s’agit là d’un premier pas essentiel vers une réforme nécessaire ; nous sommes impatients de voir cet engagement se traduire par des mesures concrètes et un traitement adapté’’, informent-elles.

Simplifier l’approche thérapeutique actuelle

À moins de deux mois de l’adoption, par l’Onu, du plan le ‘’plus complet de l’histoire récente’’ sur la malnutrition, ces organisations recommandent que ce plan d’action global inclue certains engagements. Il s’agit, notamment, de simplifier l’approche thérapeutique actuelle afin que tous les enfants souffrant de malnutrition aiguë, quelle qu’en soit la gravité, soient traités dans un seul et même programme.

D’élaborer un plan d’action assorti d’un calendrier précis sur la manière dont les Nations Unies passeront à un système de traitement unique adopté par tous les organismes onusiens, avec un leadership ‘’unique’’ responsable d’assurer une ‘’surveillance solide’’ du système mondial. Les organisations humanitaires souhaitent aussi la définition d’une vision et d’un plan de mise en œuvre ‘’clairement articulés’’ sur la manière. En même temps, la mise à jour des directives thérapeutiques de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) d’ici le milieu de l’année 2021. Ceci grâce à des efforts coordonnés visant à produire les preuves opérationnelles nécessaires et à fournir une orientation provisoire lorsqu’il existe déjà des preuves relatives au contexte.

Pour y parvenir, elles appellent à la mobilisation des ressources suffisantes pour assurer le financement nécessaire à la réalisation de l’objectif de lutte contre la malnutrition de l’Assemblée mondiale de la santé (Ams) d’ici 2025. Et celui des Objectifs de développement durable (Odd) d’ici 2030, avec “Nutrition pour la croissance 2020” comme occasion cruciale pour les donateurs et les Etats membres de prendre des engagements.

MARIAMA DIEME

 

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