Publié le 23 Feb 2014 - 16:27
ABDOULAYE DABO, JOURNALISTE À LA RTS

''Fakhry était une passerelle entre le Sénégal et le foot européen''

 

Avec le décès de Said Fakhry, mercredi dernier, à l'âge de 77 ans, le Sénégal a perdu l'un de ses plus grands fils du monde sportif. Ancien président de la Fédération sénégalaise de football (FSF) entre 2003 et 2004, cet industriel est considéré comme celui-ci qui a permis aux Sénégalais de mieux découvrir le foot européen à travers la Rts, avec sa société SAF (Savonneries africaines Fakhry) comme sponsor. Abdoulaye Dabo, ancien chef du service des Sports à la Télévision nationale (Rts), explique le vrai rôle que cet homme a joué dans le rayonnement de la télé dans les années 1990 et l'amour entre les Sénégalais et le foot.

 

Said Fakhry avait permis aux Sénégalais de suivre le foot européen via la Rts. Quel impact cela a eu sur l'audience et l'aura de la Télévision nationale, à l'époque ?

'Fakhry a été un précurseur dans la retransmission des grands événements, notamment le football au niveau de la Rts (Radiodiffusion télévision du Sénégal). Bien évidemment, ça a été de grands moments de télévision. C'est vrai que c'était la seule chaîne, vous savez que Canal+ n'était pas encore au Sénégal, il n'y avait pas mal d'expatriés sénégalais en France, beaucoup d'Africains, c'était dans les années 90 où le footballeur africain était en train de s'imposer en Europe.

Fakhry nous permettait, nous au niveau de la Rts, de retransmettre certains matches, notamment de l'OM (Olympique de Marseille), du Paris Saint-Germain, de Bordeaux, où il y avait des Africains que nous avions envie de voir. C'était une période de pic pratiquement pour la Télévision nationale à l'époque, parce que tout le monde suivait, tout le monde était féru de football. Et comme c'était avec des Africains qui étaient en vue, Fakhry nous avait vraiment permis d'atteindre des taux d'audience assez forts.

Est-ce qu'on peut dire qu'il a influencé les Sénégalais à aimer le foot européen ?

Absolument ! Il a aidé le Sénégalais à se familiariser avec le football, à mieux le connaître et à l'aimer finalement. Parce que voir jouer l'OM, à l'époque, c'était quand même un événement pas très ordinaire. L'OM avait des racines très profondes en Afrique ; donc rapprocher cette équipe qui est très proche des Africains eux-mêmes par le biais de la télé, c'étaient des instants très magiques ; il y avait également d'autres clubs tels que Bordeaux et le Paris Saint-Germain où il y avait des Africains. Donc, il a été une passerelle entre le Sénégal et le football européen d'une manière générale. En tout cas, nous, à l'époque, avions bien apprécié, le public sénégalais était toujours fidèle au rendez-vous.

C'était des moments où on sentait que c'était la grande pénétration du football africain et européen au Sénégal, c'était aussi le début du grand amour entre les Sénégalais et le football français d'une manière générale. C'est vrai qu'il était un industriel et avait les moyens, mais il était aussi un dirigeant français à la fois. Après, Canal+ est arrivé et ça a été plus formel et plus régulier. Comme la Rts était gratuite, ce n'était pas une chaîne à péage, donc voir des matches des clubs européens gratuitement, il fallait le faire et il l'a fait ; et la Rts reste reconnaissante vis-à-vis de Fakhry par rapport à ça.

Si le Sénégal compte aussi autant de supporters de l'OM, est-ce que Fakhry n'est pas à l'origine de cet amour ?

Oui, absolument ! D'ailleurs, lorsque Pape Diouf présidait l'OM, on s'est dit que c'était un peu une continuation des jalons que Fakhry avait pu poser avec cette équipe par le biais de la télévision. Les Sénégalais sont devenus plus proches de l'OM. Il en est le précurseur par le biais des matches qu'il retransmettrait. Marseille restait à l'époque un très grand club qui faisait de bons résultats en France et en Europe.''

ADAMA COLY

 

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