L’ancien député de la Mauritanie et ‘’son amie’’ bataillent pour un terrain

La cour d’appel a jugé hier, pour la deuxième fois, le procès opposant Abdoul Houdou Bâ à Dior Fall. Le délibéré sera rendu le 27 août prochain.
Une romance qui a viré au vinaigre ou à une duperie ? La Cour d’appel de Dakar ainsi que le parquet général se sont intéressés à la nature de la relation entre l’ancien ministre et député Abdoul Houdou Bâ, et Dior Fall. Dans tous les cas, cette affaire a été jugée devant le tribunal correctionnel, le 28 mars 2017 et Dior Fall reconnue coupable d’abus de confiance. Elle a été condamnée à 6 mois assortis de sursis et devait reverser 50 millions à A. Houdou Bâ. Ce dernier, trouvant que le montant fixé par le tribunal était peu par rapport aux dommages qu’il a subis, a fait appel pour réclamer 300 millions à ‘’sa copine’’’. Ensuite, Mme Fall et son conseil ont interjeté appel pour infirmer le premier jugement.
Donc, l’affaire a été, de nouveau, jugée devant la Cour d’appel correctionnel avant-hier et l’appelant clame son innocence et la paternité du terrain qui fait l’objet de tiraillement entre eux, depuis 2016.
Monsieur Bâ, qui se trouve être l’ex mari de feu Fatoumata Matar Ndiaye (assassinée par son chauffeur chez elle, à Pikine, le 19 novembre 2016 ) a donc expliqué à la barre qu’il avait acheté un terrain de 2,30 ha à Bambilor, en 1983. L’ancien député explique qu’il en avait fait un verger et faisait des allers-retours entre la Mauritanie et le Sénégal. Et que c’est seulement en 2016 qu’il avait décidé de viabiliser le terrain. Houdou Bâ soutient qu’il en a parlé à Dior, qui se trouve être son amie depuis un bon moment, puisque c’était elle qui s’occupait de ses réservations d’hôtel, à chaque fois qu’il venait au Sénégal. Aussi, c’est elle qui l’accompagnait quand il signait les papiers de délibération du terrain, courant 2016, pour ensuite lui remettre tous les documents affairant à la parcelle, pour qu’elle se charge de réguler les papiers, afin qu’il puisse y construire.
Suite à cela, il est rentré dans son pays natal. Un an après, Dior Fall lui avait fait savoir qu’elle avait besoin d’une procuration. Chose que Houdou fit et lui a envoyé ladite procuration par fax. Ainsi, elle lui faisait croire qu’elle recevait des propositions de vente et de projet, mais n’arrivait jamais à poser quelque chose de concret sur la table. Dans la même année, selon lui, il est revenu pour s’enquérir de la situation, mais grande a été sa surprise quand son amie lui a présenté des papiers du terrain en question sur lesquels figurait son nom.
Il continue, arguant qu’il l’avait menacé de la trainer en justice, mais que cette dernière lui a demandé pardon. Une médiation a même été entreprise pour trouver une solution. ’’Elle à dit à son oncle que je lui avais offert le terrain pour ensuite vouloir le reprendre. Elle m’a éjecté et a falsifié mes documents pour s’approprier mon terrain. Je me demande comment peut-on être aussi malhonnête ? J’ai deux femmes et des enfants. Trouvez-vous logique que je lui offre un terrain ?’’, s’est-il désolé.
Notons qu’il a présenté à la barre un acte de vente daté et signé de 1983 et l’un des témoins de cette vente était l’ancien khalife de Bambilor. Son conseil, Me Ndiogou Ndiaye, a sollicité la cour pour confirmer le jugement et a demandé qu’on alloue à son client 500 millions pour le préjudice.
Dior Fall, quant à elle, explique qu’elle avait un projet d’habitation qu’elle avait rédigé et déposé : ’’C’est par la suite qu’on m’a octroyé une parcelle de 2 ha, pour après le réduire à 1 ha 500, puisque les riverains commençaient à se lamenter’’, a-t-elle déclaré. Assertions que le conseil d’Houdou trouve de mauvaise foi, puisqu’il a soutenu dans sa plaidoirie que Dior prenait exemple sur la population de Ndingler pour amuser la galerie.
Elle ajoute qu’elle avait pris connaissance qu’Houdou avait un terrain à Bambilor, mais n’en savait pas plus sur sa localisation exacte, ni la surface du terrain. La dame Fall nie également avoir été présente quand Houdou recevait sa délibération et réfute également s’être vue confier un quelconque papier. ’’J’ai investi plus de 500 millions dans le terrain. Je suis une femme battante et, au lieu de m’épauler, il cherche à me dépouiller’’, a-t-elle laissé entendre.
Quand le parquet lui a demandé quel genre de rapport elle entretenait avec M. Ba, elle a rétorqué qu’au départ, il la draguait, mais que c’était sans plus. Son avocat, Me Assane Dioma Ndiaye, a plaidé que le premier juge ‘’s’était trompé’’ de bonne foi, car il y avait confusion entre la délibération datée de 2016 et l’extrait de délibération signé en 2018. De plus, il a trouvé que la présence de sa cliente pour la manifestation de la vérité était nécessaire, alors qu’elle n’avait pas comparu durant le premier procès. Maitre Ndiaye a sollicité que la cour infirme le premier jugement avant d’ajouter qu’avec sa cliente, ils pouvaient bien poursuivre le sieur Bâ pour dénonciations calomnieuses.
Le parquet général, lui, s’est rapporté à la décision de la cour qui a fixé le délibéré au 27 août.
Fama Tall