Publié le 5 May 2014 - 10:08
ACCORD DE PECHE AVEC L’UNION EUROPEENNE

Au quai de Mbour, un ennemi nommé Haïdar 

 

Les accords signés par Ali Haïdar, le ministre de la Pêche, avec l'Union européenne dont les bateaux sont désormais autorisés à pêcher du merlu (tiof) et du thon, ne sont pas du goût des acteurs de la pêche artisanale au niveau de la Petite Côte. A Mbour, la quasi-totalité des pêcheurs artisanaux craignent que leur activité soit réduite à néant, d’autant que ''l'accalmie'' notée sur les côtes sénégalaises n’a pas empêché le secteur d’être en crise, avec la rareté des poissons.

''Ces accords constituent une réelle menace pour nos activités. Cette décision nous fait retourner en arrière d’un combat que nous avons longtemps mené contre le régime du Président Abdoulaye Wade qui avait octroyé des licences de pêche aux bateaux étrangers qui surexploitaient nos ressources halieutiques'', s'insurge Ousmane Guèye, un chef de pirogue au quai de pêche de Mbour. ''Le tonnage estimé à des milliers de tonnes chaque année est la preuve qu’il va y avoir forcément une surexploitation des ressources par les bateaux étrangers'', ajoute Adama Ndoye, un pêcheur.

Malgré les assurances données par le ministre de la Pêche, dont une promesse d'investir les ''milliards de francs'' tirés de ces accords dans le secteur pour ''mieux sécuriser l’activité maritime'', les pêcheurs aussi ont fait une promesse : se faire entendre par les autorités étatiques. Fatou Diouf, propriétaire d’une pirogue de pêche à Yenne, une localité du département de Mbour, dit ''attendre de voir'' car ''les gouvernants sont habitués à faire des promesses qu’ils ne respectent jamais''.

Mais une chose est certaine, ''le devoir des autorités est de protéger d’abord les citoyens avant de chercher de l’argent quelque part. Certes si ces accords permettent à l’État de renflouer ses caisses et ne constituent pas un handicap majeur dans nos activités, il n’y aura pas d’inconvénients. Sinon, nous allons descendre dans la rue et exiger que l’État revienne sur sa décision''.

Les espèces autorisées par le ministre de la Pêche sont très prisées des pêcheurs artisanaux. Selon un mareyeur du quai de pêche qui a requis l’anonymat, ''le merlu (tiof) et le thon coûtent très cher, c’est pourquoi ils ne sont pas à la portée de tous les consommateurs dont la majeure partie se rabat dans les pélagiques (yaboye)''.  

André BAKHOUM (Mbour)

 

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