Publié le 15 Sep 2014 - 10:05
AEROPORT INTERNATIONAL BLAISE DIAGNE

Acte 2 de la délocalisation des populations

 

Après le recasement des villages affectés par la construction de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD), les responsables du chantier se lancent dans l’action sociale. Ils ont organisé, ce week-end, une caravane médicale et de distribution de vivres sur le site de recasement.

 

Aux abords d’une route poussiéreuse, sous une bâche bleue, plusieurs femmes accompagnées d’enfants  âgés de moins de 10 ans environ prêtent une oreille attentive à une voix qui s’élève d’un brouhaha. Un jeune homme habillé d’un tee-shirt blanc, entouré d’une foule majoritairement composée des femmes, appelle des noms inscrits sur une liste. Ceux qui entendent leur nom se frayent difficilement un chemin pour, soit recevoir une moustiquaire, soit pour se faire consulter par un médecin ou recevoir des médicaments. Une dizaine de sacs de riz et de sucre sont entreposés tout près de l’entrée.  

L’Aéroport Internationale Blaise Diagne (AIDB) organise des séances des consultations médicales gratuites et de remise de vivres aux populations des communes de Keur Mousseu et Diass. La caravane médicale et la distribution des dons se déroulent dans le site de recasement construit en trois zones par l’AIDB, récemment inauguré. Situé à quelque 4 km de l’AIBD, il  accueille les villages de khessoukhate, kathialite et Mbadate. Sa superficie totale est de 150 ha, dont 75 ont été entièrement aménagés afin d’accueillir ces villages.  Pour le moment, seules quelques parcelles restent à construire.

‘’300 logements sur 342 prévus sont entièrement achevés’’, explique le Directeur général de l’AIDB, Abdoulaye Mbodj. Les logements sont construits sur des parcelles de 400 m², avec eau et électricité. ‘’Tout le village de Mbadatte est déjà là. Certains bénéficiaires de deux autres villages (khesoukhate, kathialite) sont venus volontairement s’installer dans leurs nouvelles maisons’’, renseigne le DG avant d’indiquer que le dialogue se poursuit pour faire venir les récalcitrants qui hésitent encore à rejoindre le site de recasement. ‘’Les chambres font une superficie de 3m sur 5. Ce sont des chambres conventionnelles à l’image de celles qui existent en milieu urbain’, précise le responsable technique Alassane Ndiaye.

A une dizaine de mètres de la route, plusieurs femmes dont certaines avec des bébés au dos forment une file indienne sous le soleil ardent. C’est là que s’effectue l’enregistrement des noms. De temps en temps, des ‘motos taxis’ communément appelés Jakarta transportant des clients empruntent l’artère. A l’intérieur de l’une des nombreuses maisons, une équipe médicale s’active intensément à recevoir des patients pour des consultations. ‘’Une équipe de 50 personnes comportant 11 spécialités font en ce moment des dépistages et des diagnostics. La maladie dépistée est le cancer du col de l’utérus’’, explique Dr Choréa. Et le chef de l’équipe médicale de poursuivre : ‘’nous faisons également de la sensibilisation sur le virus hémorragique Ebola, le choléra, le cancer...etc.’’. A en croire le Dr, l’équipe a reçu environ 500 personnes depuis le matin. A côté de ces consultations, de nombreux jeunes garçons ont pu également être circoncis.   

Devant la porte d’un petit bâtiment annexe, dans la cour de la maison transformée en poste de santé pour l’occasion, des dizaines de personnes dont certaines venues des villages riverains se bousculent pour recevoir leurs médicaments. ‘’Depuis plusieurs jours, je ne me porte pas bien. Le médecin m’a remis une ordonnance après la consultation et je viens de recevoir les médicaments’’, dit joyeusement une patiente en exhibant d’un petit sachet une boîte de médicaments et quelques tablettes de paracétamol.  Certaines personnes souhaitent une amélioration du service. ‘’Depuis 7 h du matin, nous sommes là, on n’a pas pris le déjeuner. On n’a pu faire les consultations mais le service est très lent pour la remise des médicaments’’, dénonce Mayacine Fall.

Au cours de cette caravane, plus de 5 mille moustiquaires doivent être distribuées. ‘’Il y a beaucoup de moustiques ici. Je pense que ces moustiquaires nous aideront à dormir en paix et à nous préserver contre le paludisme surtout en cette période d’hivernage’’, espère un bénéficiaire du nom d’Aliou Ciss. Par ailleurs, 155 sacs de riz et 120 sacs de sucre ont été distribués à la population. Le Directeur général de l’AIBD, Abdoulaye Mbodj,  affiche toute sa satisfaction. Pour lui, les premiers bénéficiaires de l’AIBD sont d’abord les populations environnantes.

‘’Le futur de ce territoire est radieux à cause de cette infrastructure  qui est au cœur du pôle économique situé autour de l’axe Diamniadio et Mbour. Les dons sont certes insuffisants mais, c’est un acte qui est loin d’être négligeable’’, précise-t-il. Le Sous-préfet de Keur Mousseu, Makhtar Mbengue, pour sa part salue la bonne coopération des villageois. ‘’Le sacrifice vaut la peine pour l’intérêt général de tous les Sénégalais. Nous saluons votre courage, car vous avez accepté de donner ce que vous avez de plus cher au monde’’, apprécie l’administrateur territorial.

Equipements sociaux 

 Au beau milieu des trois villages, un projet annexe pour les équipements sociaux est encore en cours de construction. Les maçons sont à pied d’œuvre sur le chantier. Quelques bœufs broutent avidement de l’herbe, abondante en cette période de saison de pluie, aux abords des constructions. Au total, 6 mosquées dont une grande et 5 petites sont en train d’être réalisées. Outre ces lieux de culte, un poste de santé et une école de 12 classes ont déjà pris forme. Cependant, les inquiétudes demeurent chez les villageois.

‘’L’école est inachevée jusque-là alors que la rentrée scolaire est fixée pour le 29 prochain’’, s’inquiète le chef du village de Mbdatte, Aliou Faye. A cet effet, Alassane Ndiaye rassure : ‘’L’école va bel et bien accueillir les élèves à la rentrée. Il ne reste plus que la toiture à faire et l’AIDB va équiper l’école en tables-bancs’’.  Le site de recasement est baptisé  Médinatou Salam par l’imam ‘ratib’, selon le vieux Faye. Mais lui et les autres habitants tiennent à l’ancien nom de leur village. Pour eux le nom de Mbadatte ne doit pas disparaitre même s’ils ont été délocalisés. Ainsi, ils comptent baptiser un quartier de ce nom pour perpétuer leur histoire qui date du 16ème siècle.

75 pour cent des travaux achevés

La construction de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) avance à grand pas. Les responsables de l’aéroport ont tenu ce week-end un atelier de 3 jours à Saly Portudal pour expliquer l’état d’avancement des travaux.

MAMADOU DIALLO (stagiaire)  

‘’On estime en ce moment l’état d’avancement des travaux à environ 75%. Les 25% qui restent concernent les finitions des travaux de façon générale, le remblaiement de la zone de Mbadate mais surtout les équipements de l’aéroport, de navigation aérienne, les chaises pour les voyageurs…etc. ’’. Ces propos du Directeur général de l’Aéroport International Blaise Diagne traduisent une satisfaction générale tirée de la construction de l’AIBD. Les principaux acteurs de ce projet en cours de réalisation ont organisé durant le week-end une session d’information et de partage sur la construction de l’Aéroport.

Construit sur une superficie de 42 mille m² pour un coût global estimé à environ 400 milliards de francs CFA à la fin des travaux, l’AIBD fait le double de l’Aéroport International Léopold Sédar Senghor (AILSS).  A en croire les responsables, bientôt les premiers avions feront leur atterrissage. ‘’Suivant le planning qui a été fait, le 1er atterrissage d’avion est prévu en juillet 2015. Toutes les parties prenantes sont en train de travailler pour atteindre cet objectif’’, a expliqué le Directeur général. 

MAMADOU DIALLO (Stagiaire)

 

 

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