Publié le 12 Feb 2019 - 17:55
AFFAIRE DES 253 VICTIMES DE LA CITE GADAYE

Le promoteur Babacar Fall renvoyé 

 

Huitième renvoi pour l’affaire des 253 impactés de la cité Gadaye victimes de démolition de leurs maisons. En fait, hier encore, la Cour d’appel de Dakar a renvoyé l’affaire au 18 février prochain, bien que le prévenu, Babacar Fall, ait été présent à la barre. Seulement, c’est la manière dont il s’est présenté à l’audience qui est à l’origine du renvoi. En fait, selon les avocats des victimes, le promoteur immobilier, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt après sa condamnation en première instance à 2 ans ferme pour destruction de biens appartenant à autrui, devait préalablement se constituer prisonnier. Or, selon Mes Assane Dioma Ndiaye et Abdou Dialy Kane, le prévenu s’est présenté au tribunal à bord d’un taxi. C’est pourquoi ils ont sollicité un renvoi pour la régularisation de l’exécution du mandat d’arrêt.

‘’L’opinion publique doit comprendre ce qui se passe dans cette affaire. Babacar Fall est un Sénégalais qui a osé détruire 253 villas appartenant à des familles dans un pays aussi pauvre que le nôtre, où avoir une maison relève du chemin de croix. Ce sont des faits extrêmement graves’’, martèle Me Kane. Avant de poursuivre : ‘’Le premier juge avait lancé un mandat d’arrêt contre le prévenu, compte tenu de la gravité des faits. Mais, ce matin, nous avons constaté que les conditions d’exécution du mandat d’arrêt n’étaient pas claires, car tout le monde a constaté que le prévenu ne venait pas de la maison d’arrêt, comme le prévoit la loi.’’

A son avis, si Babacar Fall venait de la prison, il devrait être accompagné par des gardes pénitentiaires officiant au niveau de la salle d’audience ou à la cave. Mais, fait-il remarquer, le prévenu a été accompagné par un garde en service à la Cour d’appel de Dakar.

Me Ndiaye de renchérir en affirmant que le prévenu Babacar Fall errait dans le hall du tribunal. ‘’Pour la deuxième fois, il est venu avec un agent civil. Ceci est anormal et le mandat d'arrêt n'est pas exécuté’’, ajoute la robe noire. C’est pourquoi Me Ibrahima Mbengue soutient qu’on doit se conformer au Code de procédure pénale.

Le parquet général s’est inscrit en faux contre la défense, en soulignant que ce sont les avocats qui l’ont informé que le prévenu vaquait à ses préoccupations vers les coups de 9 h ou 10 h. ‘’Ce dossier draine beaucoup de passions, alors que c’est quelque chose de simple. Le mandat d'arrêt vient d'être exécuté et le procès-verbal d'exécution a été envoyé à l'État du Sénégal. Il y a un agent de l'Administration pénitentiaire qui l'a accompagné au sein de la salle, mais il était en civil.

J'ai signé l'ordre d'extraction qui lui a permis de comparaître’’, a précisé le maître des poursuites. Me Ciré Clédor Ly a embouché la même trompette. ‘’En quoi la détention de mon client intéresse la défense, surtout qu’elle n’est intéressée  que par les intérêts civils ?’’, s’est-il interrogé. Très en verve Me Ly plaide : ‘’Que Babacar Fall fasse la prison n'est pas de votre office. Mes collègues de la partie civile soutiennent l’avoir vu se pavaner, c'est injuste. J'ai été à la prison de Rebeuss où il a été incarcéré.’’ Ces précisions faites, l’avocat a demandé la liberté provisoire, arguant que son client ne va pas s’enfuir.

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