Publié le 15 Jul 2019 - 22:42
AFFAIRE DU LICENCIEMENT D’ELIMANE KANE

Africtivistes envoie Oxfam dans les cordes

 

L’organisation de défense des acteurs de l’information, des activistes et des militantes pro-démocraties,  Africtivistes, dénonce le licenciement d’Elimane Kane par Oxfam Sénégal. Avant de rappeler à celle-ci qu’en aucun cas, une organisation non gouvernementale, apolitique, ne devrait imposer à un citoyen d’observer le silence sur internet et dans les médias.

 

Africtivistes prend fait et cause pour Elimane Haby Kane contre Oxfam. S’agissant de la procédure de licenciement, l’organisation de défense des acteurs de l’information, des activistes et des militantes pro-démocraties estime que les griefs évoqués par Oxfam Sénégal dans son communiqué et avec les pièces justificatives qui leur sont présentées vont à l’encontre des droits civiques et de la liberté d’expression de M. Kane.

Ainsi, Africtivistes marque son soutien total à M. Kane pour son rétablissement dans ses droits et sa dignité.

Dans un communiqué parvenu hier à ‘’EnQuête’’, l’organisation souligne que, suite à la lettre ouverte de M. Kane rendue publique le 6 juillet 2019 sur les réseaux sociaux pour présenter sa version des faits ayant mené à cette procédure de licenciement, elle a décidé d’attendre la position officielle d’Oxfam, avant de s’y prononcer.

Toutefois, Africtivistes a saisi M. Kane par téléphone pour lui renouveler son soutien, en tant qu’organisation de défense des activistes.

Le 7 juillet 2019, Oxfam a publié sur sa page Facebook Oxfam au Sénégal et son compte Twitter @OxfamAuSenegal, un communiqué pour partager sa version du problème en précisant que “Monsieur Kane a commis une faute lourde, dans la mesure où il n’a pas respecté l’intégrité et préservé la réputation d’Oxfam. De nombreux rappels à l’ordre verbaux et écrits ont été servis à M. Kane depuis février 2019, puisqu’il devenait habitué des faits”.

À la suite de ces deux positions publiques, le 9 juillet 2019, Africtivistes a préféré saisir directement la direction d’Oxfam par courriel officiel, pour lui exposer ses inquiétudes par rapport à la situation. Le même jour, Africtivistes a reçu une réponse du directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest, Adama Coulibaly. Dans la réponse, explique l’organisation, M. Coulibaly a apporté un peu plus de détails dans l’affaire de la procédure de licenciement et insisté sur le fait que M. Kane a commis une faute lourde. Sur le deuxième point, il a tenu à être ferme sur le fait qu’Oxfam n’a jamais eu une politique ou une stratégie allant dans ce sens. Il a réaffirmé l’engagement ferme d’Oxfam de ne mener ses activités que dans la légalité totale. 

Le 10 juillet, une équipe d’Africtivistes s’est rendue dans les locaux d’Oxfam pour y rencontrer le directeur régional, le responsable Rh et le directeur des opérations. Durant cette rencontre, l’équipe d’Oxfam a présenté ce qu’ils retiennent comme des preuves de la faute lourde reprochée à M. Élimane Haby Kane. Concernant la question du mail interne, suite aux propos fermes de M. Coulibaly et du communiqué du personnel d’Oxfam au Sénégal rendus publics le 9 juillet aussi, Africtivistes prend acte de l’engagement d’Oxfam à ne jamais mener une politique qui irait à l’encontre de la légalité au Sénégal.

Toutefois, l’organisation dénonce avec la plus grande énergie l’injustice et l’inconsistance venant d’une organisation comme Oxfam qui finance et promeut la libération de l’expression publique, l’engagement citoyen et la bonne gouvernance. Ce, au moment critique où l’on parle de questions de bonne gouvernance, de transparence et de gestion des ressources naturelles et minérales au Sénégal.

L’organisation de défense des acteurs de l’information, des activistes et des militants pro-démocraties ne peut tolérer que des citoyens, engagés de surcroît, soient privés de leur droit d’expression, quelle que soit la raison. Car, selon elle, reprocher à M. Kane ses fréquentes publications Facebook et ses prises de position sur les questions d’intérêt public aussi cruciales que la question relative aux accusations de corruption de la Bbc impliquant Aliou Sall, frère du président Macky Sall, c’est vouloir museler un activiste et militant de la bonne gouvernance.

Avant de rappeler à Oxfam Sénégal qu’en aucun cas, une organisation non gouvernementale, apolitique, ne devrait imposer à un citoyen, à un activiste d’observer le silence sur internet et dans les médias. Elle ne peut pas, non plus, tenter d’orienter en aucune manière que ce soit la façon dont la personne utilise ses propres supports sur les réseaux sociaux. Africtivistes invite Oxfam à revoir sa position et sa décision pour le rétablissement de M. Kane dans ses droits ou de trouver un terrain d’entente commun pour une séparation négociée à l’amiable comme souhaité initialement par les deux parties.

VIVIANE DIATTA

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