Publié le 11 Jul 2019 - 22:09
AFFAIRE ELIMANE KANE CONTRE OXFAM

La réplique de Legs à l’Ong britannique

 

En retrait depuis l’éclatement de l’affaire qui oppose son président Elimane H. Kane à Oxfam, l’association Legs (Leadership, éthique, gouvernance et stratégie) est sortie, hier, de son mutisme pour apporter la réplique à Oxfam qui accuse son ex-employé de conflit d’intérêts.  

 

D’emblée, l’association signale qu’elle aurait bien pu se passer de cette sortie, en accord avec son président et consciente que les instances administratives ainsi que le ‘’vaillant’’ personnel sénégalais d’Oxfam seront des remparts sûrs pour faire obstacle à la volonté de l’Ong britannique. Hélas, elle a été extirpée de son coin pour deux raisons fondamentales.

D’abord, le communiqué-explication d’Oxfam. Un communiqué qui, à les en croire, est révélateur des ambitions ‘’cachées’’ de l’organisation. ‘’Legs Africa, en communion avec toutes les composantes de la nation, dit : Non ! Nous n’approuvons pas l’homosexualité. Non ! Nous nous opposons à la discrimination positive en faveur des personnes Lgbti. Oui ! L’homosexualité est en total conflit avec nos croyances individuelles, collectives, culturelles et religieuses. Oui ! L’homosexualité est et restera illégale au Sénégal aux termes de l’article 319 du Code pénal sénégalais…’’, lit-on dans la déclaration.

L’organisation panafricaine lance ainsi un appel aux chefs religieux de toutes confessions et de toutes obédiences, aux organisations engagées dans la lutte contre la dépravation des mœurs et à tout le peuple sénégalais de se mobiliser ‘’pour montrer avec fermeté à Oxfam et à toute organisation poursuivant un objectif similaire, qu’un tel projet ne saurait prospérer au Sénégal, pays de foi et de traditions profondes’’. L’association de souligner ce qu’elle considère comme de nombreuses ‘’contradictions, incohérences et ambiguïtés’’ dans ledit communique de Oxfam. Relativement à l’implication de son président dans le débat sur la gestion du pétrole invoquée pour justifier son licenciement, elle rappelle que ce débat a démarré le 4 juin 2019, après la diffusion du reportage de la Bbc.

Or, souligne Legs, ‘’les supposés rappels à l’ordre verbaux et écrits ont été servis depuis février 2019 (date non précisée dans le communiqué rendu par Oxfam). Ils n’ont donc visiblement aucune relation avec l’objet de licenciement. Par conséquent, l’articulation de ces deux faits dans le dossier introduit auprès de l’inspection du travail est totalement infondée’’.

Par ailleurs, s’interroge l’organisation, ‘’pourquoi avoir attendu jusqu’au vendredi 28 juin pour y donner suite, avec cette précipitation à limiter les accès aux ressources techniques de l’institution ? Y avait-il un lien particulier entre le motif du licenciement et les informations diffusées en interne le même jour ? (la lettre d’amour : Ndlr)’’.

Legs est antérieur au recrutement d’Elimane à Oxfam

Pour ce qui est de l’accusation de conflit d’intérêts et de violation du code de conduite, Legs informe que c’est bien Oxfam qui est prise en flagrant délit de viol de son propre code de conduite. ‘’Le deuxième alinéa de l’article 1 du code de conduite du personnel précise… se référant aux normes et valeurs du contexte culturel différentes de celles énoncées dans ledit code, que ‘tout agent sollicitera (et recevra) si nécessaire, l’assistance et les conseils d’Oxfam’’.

La réaction de M. Kane à une note d’orientation diffusée au personnel, selon Legs, ‘’devait, de ce fait, être considérée en vertu de cet article comme une sollicitation d’un agent faisant face à une situation de conflit culturel et devrait, par conséquent, recevoir une réponse appropriée en lieu et place de cette sanction d’une extrême sévérité’’.

Aussi, l’organisation panafricaine signale qu’elle aurait bien pu se passer d’intervenir dans ce débat, si elle n’y avait pas été citée par l’Ong britannique.  A les en croire, la création de Legs est antérieure au recrutement d’Elimane Kane à Oxfam. Ce qui n’avait pas empêché l’Ong britannique de faire appel à ses services pour ses compétences. ‘’Le code de conduite d’Oxfam, selon leurs dires, ne requiert nullement une autorisation comme préalable à l’engagement civique d’un membre du personnel. Ce qui est le cas de M. Kane et qui, bien évidemment, n’a rien à voir avec le fait d’assumer un rôle dans un parti politique ou d’exercer une fonction publique’’.

Donc, soulignent-ils, le motif de conflit d’intérêts est inopérant, les questions d’intérêt financier, personnel ou familial étant bien évidemment sans objet dans la présente affaire. Enfin, l’association Legs rappelle qu’elle aurait bien aimé se passer de cette affaire, surtout à ce moment crucial où toute l’attention et l’énergie du peuple sénégalais étaient mobilisées dans la lutte légitime et vitale pour obtenir justice et transparence dans la gouvernance de leurs ressources naturelles.

Le personnel d’Oxfam dénonce une cabale contre leur employeur et ‘’défend’’ Elimane

Après la réaction mitigée de la direction, le personnel d’Oxfam est monté au créneau, avant-hier, pour couper la poire en deux, dans le litige opposant un des leurs à l’organisation. ‘’Ces derniers jours, disent-ils dans le communiqué, Oxfam au Sénégal fait face à une polémique concernant la promotion des homosexuels. Cette polémique est née du traitement de l’information liée à un courrier interne adressé par un groupe d’employés d’Oxfam à leurs collègues à travers le monde. Nous avons constaté que la situation a été présentée dans la presse et sur les réseaux sociaux comme si Oxfam au Sénégal fait la promotion de l’homosexualité au Sénégal. Ce qui n’est pas le cas’’.

Pour les membres du personnel, cela proviendrait de ‘’confusions et amalgames volontairement entretenus, allant jusqu’à exposer la dignité et l’honorabilité du staff d’Oxfam au Sénégal’’ et qui ‘’entachent notre crédibilité et jettent l’opprobre sur des preux citoyens sénégalais engagés pour ce pays et les communautés’’. A les en croire, au Sénégal, le staff travaille uniquement sur 4 axes : la gouvernance et le contrôle citoyen, les moyens de subsistance durables et la sécurité alimentaire, l’eau, l’hygiène et l’assainissement de qualité, l’humanitaire.

Toutefois, par son communiqué, l’Ong confirme qu’Elimane n’a pas été le seul à se prononcer contre la fameuse lettre d’amour. ‘’En réaction à ce courrier, M. Elimane Haby Kane, tout comme de nombreux collègues encore en service au sein d’Oxfam, ont exprimé leur point de vue pour marquer vigoureusement leur total désaccord. Se basant sur le respect mutuel, le personnel national d’Oxfam au Sénégal n’a jamais accepté et n’acceptera jamais qu’on lui impose des valeurs et croyances qui ne sont pas nôtres’’.

A ce titre, plaident-ils, ‘’nous, personnel national d’Oxfam, informons l’Etat du Sénégal, les partenaires de tous les programmes et le peuple sénégalais dans son entièreté que nous n’avons jamais travaillé et ne travaillerons jamais à la promotion de l’homosexualité. Nous rassurons l’opinion publique sur le fait que nous sommes les premiers remparts pour la protection des valeurs communes, des cultures, de nos identités, de nos valeurs et croyances religieuses. Aussi, nous respectons fièrement les dispositions légales de notre pays en la matière’’.

Malgré la ‘’confusion entretenue’’, ils tiennent à préciser également que le Syndicat des employés d’Oxfam au Sénégal et l’Amicale des employés d’Oxfam au Sénégal continuent de soutenir leur collègue Elimane Haby Kane contre les griefs qui lui sont reprochés (conflit d’intérêts, refus d’obtempérer, etc.).

MOR AMAR

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