Publié le 14 Jan 2021 - 20:39
AFFAIRE HIBA THIAM

Confessions post-mortem

 

Dame Amar et Cie ont été jugés hier devant la barre de la chambre correctionnelle de Dakar. Au nombre de 8, ils ont été arrêtés suite au décès de Hiba Thiam par overdose, dans un appartement aux Almadies, au mois d’avril 2020. Le parquet a requis 8 mois d’emprisonnement ferme contre tous les prévenus. La partie civile réclame un milliard F CFA et des réponses.

 

Le dossier concernant la mort de Hiba Thiam a été évoqué, hier, au tribunal correctionnel. Poursuivis pour association de malfaiteurs, violation du couvre-feu, détention et usage de cocaïne, non-assistance à personne en danger, entre autres délits, Dame Amar et ses amis ont tous contesté les faits. Au nombre de 8 dont le policier Lamine Diédhiou qui est poursuivi pour corruption passive, ils sont tour à tour revenus sur ce qui s’est passé le soir du drame. 

Il a eu lieu dans la nuit du 3 au 4 avril 2020, en plein couvre-feu. Hiba Thiam venait de perdre la vie par overdose, dans un appartement sis aux Almadies. Informés dans la matinée, les gendarmes ont fait une descente sur les lieux. Le corps de la jeune dame a été retrouvé par terre, du sang dans le nez. Selon les constatations des pandores, il y avait des résidus de cocaïne un peu partout dans l’appartement qui avait été loué par Dame Amar. Ce dernier dit l’avoir fait pour accueillir sa copine Alya Bakir qui était venue en vacances.

Hier, devant la barre, il a tenu à préciser qu’il n’avait organisé aucune fête, cette nuit-là. Il a ajouté qu’il n’avait invité personne.

Dame Amar : ‘’J’ai réveillé Layla et on s’est enfui.’’

‘’Hiba m’a appelé vers 18 h pour me dire qu’elle voulait venir chez moi. Je lui ai répondu oui. Elle m’avait aussi dit qu’elle était à l’hôtel Radisson avec Diadia et des amis, et qu’ils avaient bu cinq bouteilles de vin’’, a raconté Dame. Il a ajouté que, plus tard, Hiba l’a rappelé, mais il n’a pas décroché. ‘’Je ne sais pas par quel moyen, mais elle a réussi à venir chez moi vers 21 h, avec Diadia Tall’’.

Sur le malaise de son amie, Dame Amar affirme qu’il n’était pas au courant, car il était parti se coucher.

‘’En quittant le salon, Hiba était là-bas, toute joyeuse, en train de danser. C’est vers 6 h du matin que Bassène m’a appelé pour m’informer du malaise de Hiba’’, a-t-il soutenu, toujours, à la barre. ‘’Quand je suis sorti, elle était déjà morte. Paniqué en la voyant ainsi, j’ai réveillé Layla et on s’est enfui’’. Dame Amar jure n’avoir pas vu de cocaïne, encore moins y avoir touché. 

Mais il a été contredit par Pape Djibril Bassène et sa copine Alya Bakir. Celle-ci, à l’instar de Bassène, déclare avoir vu Hiba détenir de la cocaïne. Mais Fatoumata Jacqueline Rigal alias ‘’Poupette’’, Louty Ba et Diadia Tall restent formels, en niant l’existence de cocaïne sur les lieux. Ce, malgré les tests qui attestent le contraire.

Pour asseoir leurs dénégations, ils ont tous contesté la manière dont les tests ont été effectués.

Pape Bassène : ‘’Elle (Hiba) m’a tendu le plateau où il y avait la drogue et m’a demandé de goûter.’’

Donc, selon Bassène, lors de cette sauterie, la cocaïne était bien au rendez-vous. Il a révélé qu’en allant dans les toilettes, il a retrouvé Hiba, assise sur la chaise, tenant la drogue. ‘’Elle m’a invité à la rejoindre. Elle m’a tendu le plateau où il y avait la drogue et m’a demandé de goûter. Elle m’a donné une paille et j’ai goûté. Ensuite, je suis sorti. J’avais la tête qui tournait. Cinq minutes après, j’ai entendu un grand bruit. Je suis allé voir ce qui se passait. J’ai vu Hiba par terre en train de saigner du nez.’’

Là, Bassène qui dit avoir hurlé pour alerter ses amis. Néanmoins, il précise que c’est à l’aube qu’il a réveillé Dame Amar. Confortant ainsi les allégations de ce dernier sur le moment où il a appris la tragédie. 

Si les déclarations de Pape Djibril Ndiogou Bassène ont quelques fois été en faveur de Dame, celles de Louty Ba l’ont plutôt enfoncé, même s’il ne semble pas très sûr de lui. En effet, il a déclaré qu’ils étaient tous là-bas, au moment du malaise de Hiba, à l’exception de Layla qui dormait dans la chambre. Invité par le juge à être plus précis, il est revenu sur ses dires et a déclaré : ‘’Il me semble que Dame était là-bas.’’

Sur le délit de non-assistance à personne en danger qui pèse sur eux, il a assuré avoir fait tout son possible pour sauver Hiba. ‘’J’ai essayé de la ranimer, mais en vain. On a appelé les secours durant toute la nuit, mais personne n’a répondu’’, s’est-il défendu.

Diadia Tall : ‘’Je ne savais pas qu’en étant avec un policier, on violait le couvre-feu.’’

Sur la violation du couvre-feu et la corruption, Diadia Tall raconte que c’est à cause de l’insistance de sa copine qu’il a sollicité les services du policier Lamine Diédhiou. ‘’Hiba et moi étions convenus de lui donner 20 000 F pour le service qu’il nous a rendu. Il n’avait fixé aucun prix’’, a-t-il témoigné. ‘’Pourquoi vous nié le chef de violation du couvre-feu qui pèse sur vous, alors que vous vous êtes rendus chez Dame vers 21 h ?’’, lui a demandé le juge. ‘’Je ne savais pas qu’en étant avec un policier, on violait le couvre-feu’’, a rétorqué Diadia Tall.

Lamine Diédhiou a, lui, reconnu sans ambages avoir reçu la somme de 20 000 F CFA et avoir escorté Diadia et sa copine. ‘’Il m’a remis 20 000 pour acheter de l’essence. J’ai refusé, mais il a insisté. Je savais qu’il n’avait pas le droit de circuler dans pareilles circonstances. On a rencontré un barrage. J’ai dit au gendarme que je suis policier et que mon ami a mal à la dent’’, a-t-il reconnu. 

Cité dans la cause pour avoir refusé de dire aux enquêteurs où s’était planqué Dame Amar, Amadou Niane raconte : ‘’Je n’étais pas avec eux. J’étais chez moi. C’est vers 18 h que j’ai été informé de la tragédie. C’est moi qui ai dit aux gendarmes où se trouvait Dame. Dans un premier temps, j’ai refusé de leur indiquer l’endroit.’’

La partie civile réclame 1 milliard de francs CFA. ‘’Le père de Hiba m'a dit qu'il voulait savoir ce qui s'est passé dans cette affaire. Nous sommes en justice pour savoir ce qui s'est passé’’, a soutenu Me Seydou Diagne. 

Le parquet requiert 8 mois d’emprisonnement ferme contre tous les prévenus 

Le représentant du ministère public a requis la relaxe de Loty Ba pour le chef de non-assistance à personne en danger. De même qu’Alya Bakhir. Mais il a demandé que les autres prévenus soient reconnus coupables de ce délit. Sur la violation du couvre-feu, le maître des poursuites est convaincu que Diadia Tall est coupable. Il a, par ailleurs, requis la relaxe de Dame pour complicité sur la violation couvre-feu et pour la corruption. Quant au policier Lamine Diédhiou, il a demandé qu’il soit condamné pour corruption passive.

En ce qui concerne Niane, le substitut du procureur de la République soutient qu’il est sans conteste coupable du délit d’entrave à l'action de la justice. Pour la peine, le parquet a requis 8 mois fermes contre tous les prévenus. 

Les conseils de la défense ont, à tour de rôle, sollicité la relaxe de leurs clients. 

MAGUETTE NDAO 

 

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