Publié le 21 Jul 2012 - 16:09
AFFAIRE HISSENE HABRE

 La Cour internationale de justice met la pression sur le Sénégal

 

''Le Sénégal doit, sans autre délai soumettre le cas d'Hissène Habré à ses autorités compétentes pour l’exercice de l’action pénale, si elle ne l’extrade pas'', a enjoint la Cour internationale de justice (CIJ), vendredi , dans un arrêt. L'organe judiciaire principal des Nations Unies met ainsi la pression sur les autorités Sénégalaises, si l’on sait que le Président Macky Sall, bien qu’étant favorable au jugement de Habré, s’est gardé jusqu’ici de communiquer une date pour sa tenue.

 

Estimant que le refus du Sénégal de poursuivre ou d'extrader l'ex-président tchadien pour crimes contre l'humanité notamment "viole l'obligation générale de réprimer les crimes de droit international humanitaire", Bruxelles avait saisi la CIJ le 19 février 2009, lui demandant d'ordonner au Sénégal de le juger ou de l'extrader. Six audiences publiques avaient été tenues devant la CIJ, du 12 au 21 mars, au cours desquelles les représentants de la Belgique et du Sénégal avaient exposé leurs arguments.

 

Bruxelles avait émis en 2005 un mandat d'arrêt contre Hissène Habré à la suite d'une plainte déposée en 2000 par un Belge d'origine tchadienne en vertu d'une loi belge dite de "compétence universelle" pour les crimes de droit international. Plusieurs demandes d'extradition avaient été déposées en vain par Bruxelles pour faire venir en Belgique M. Habré, accusé de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et torture notamment.

 

''Cette décision est avant tout une victoire pour les victimes de Hissène Habré qui se battent pour la justice depuis 21 ans. Elle récompense la Belgique qui a eu le courage de porter l’affaire des victimes devant la Cour internationale de justice. Cet arrêt envoie aussi un message fort aux nouveaux dirigeants du Sénégal indiquant qu’ils doivent mettre en œuvre rapidement leur promesse de traduire Habré en justice'', a laissé entendre Reed Brody, conseiller à Human Rights Watch qui travaille depuis 13 ans les victimes présumées l'ancien président du Tchad accusé de crimes contre l'humanité.

 

''Mené à terme au Sénégal, ce procès fera mouche dans le continent'', estime, pour sa part, Alioune Tine de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho). Hissène Habré a été renversé par l'actuel président tchadien Idriss Deby Itno qui, après avoir été un de ses proches, était entré en rébellion. Habré vit en exil à Dakar depuis sa chute en 1990 après huit ans au pouvoir.

 

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