Publié le 5 Sep 2019 - 20:41
ECHOGRAPHIE DU MANNEQUINAT AU SENEGAL

Dans l’univers de la débauche

 

Mannequinat ou mesquinerie ? Profession ou prostitution déguisée ? Les avis sont partagés dans ce monde où les acteurs sont rarement ce qu’ils prétendent être, comme le soutient  le journaliste Serigne Mansour Sy Cissé dans son ouvrage intitulé ‘’Echographie du mannequinat au Sénégal’’. Dans cet ouvrage, il plonge ses lecteurs dans les coulisses de ce cercle fermé.

 

Si vous n’êtes pas patient, épris de philosophie et de littérature, vous risquez de somnoler à la lecture des premières pages de ce livre. Mais passé cette étape assez théorique pour un livre qui se veut une enquête, l’auteur va de révélations en révélations. De témoignages en témoignages. Très audacieux et agressif dans le ton, il étale dans l’espace public tout ce que le monde du mannequinat a de vilenie, de sordide, d’abjecte. Avec une liberté déconcertante, le journaliste dévoile la vie de ces hommes et femmes qui, la nuit tombée, peuplent le Dakar by night.

Se droguant, se saoulant, vendant leur chair pour certains. Un monde où pullulent, si l’on en croit Serigne Mansour Sy Cissé, auteur du livre ‘’Echographie du mannequinat au Sénégal’’, malgré quelques exceptions, lesbiennes, homosexuels, prostituées. A ce propos, l’apport du journaliste aura surtout été d’avoir réussi à décrocher, dans cette société qu’il dit fermée, quelques témoignages poignants et ‘’sincères’’ de la part de certains acteurs qui sont encore dans le milieu chic et tendance ou d’anciennes vedettes des planches. Il a aussi, dit-il, exploré des fiches de renseignements et autres documents pour en savoir davantage sur ce qui se cache derrière certains gros scandales qui ont secoué le monde des strass et paillettes.

‘’Je connais, affirme-t-il tout de go, une fille mannequin qui, avant sa mort, avait consommé de la drogue par injection, fumé du cannabis et fait un rapport sexuel. Après son décès, l’autopsie a montré tout le massacre qu’elle avait fait subir à son corps. Mais la vérité médicale n’a jamais été révélée au grand public’’.

Mansour Cissé ne s’en limite pas à cela. Au-delà des mannequins, il parle également de ces coaches qui usent de leur position pour abuser de certaines de leurs élèves avides de notoriété. En atteste ce trainer en mode qui a eu l’audace d’engrosser sa très belle élève de 18 ans, fille d’un ancien ministre de la République. ‘’Sa famille, choquée, blessée et outrée, a envoyé la fille en France pour qu’elle puisse continuer tranquillement ses études’’, rapporte l’auteur à la page 80.

Selon lui, les dérives dans le monde du mannequinat doivent interpeller toutes les consciences. Il s’interroge : ‘’Comment comprendre qu’un mannequin qui gagne rarement un cachet de 50 000 F Cfa puisse dépenser en un jour, en shopping, jusqu’à 400 mille francs ? Il faut savoir que rares sont les stylistes qui paient des cachets de 200 mille’’.

A son avis, cette profession n’est, en réalité, qu’un paravent pour beaucoup de ses acteurs. Ces derniers, estime l’auteur, ne sont intéressés que par l’appât du gain facile. Esclaves du paraitre, selon le journaliste au ‘’Soleil’’, ils font du suivisme aux fins d’exister, de se mettre à la page et d’élargir leurs cercles d’amis, d’être dans la galaxie des boys ou buzz sisters. ‘’L’habillement glamour, chichi du monde des strass et paillettes a l’avantage de placer le mannequin dans des postures dandies’’, ajoute l’auteur.

Tout en appelant les candidats à plus de prudence,  coach Mansour ne manque pas de faire des recherches sur les critères permettant de faire carrière dans ce milieu. Se disant contre une uniformisation de la beauté, il cite toutefois quelques indices standards : ‘’Pour les mensurations, lors des castings de mode qui précèdent les défilés, fait-il savoir, l’idéal c’est d’avoir une très grande taille, entre 1,73 m et 1,80 m. Le tour de poitrine entre 80 cm et 90 cm. Pour ce qui est du tour de taille, il doit être inférieur à 62 cm, celui des hanches doit être de 85 cm ou plus. Quant au poids pour une femme, il faut tout faire pour être dans les 48-60 kg’’.

Rebuté, outré, indigné, le journaliste enfile ainsi le boubou d’éveilleur de conscience pour aller à l’assaut des impies. Pour lui, ce n’est ni être justicier, moralisateur, censeur comme le taxent ses détracteurs.

MOR AMAR

 

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