Publié le 25 Mar 2019 - 19:06
AFFAIRE OUSSEYNOU SY

Le juge d’instruction écarte la thèse de la démence

 

L’étau se resserre autour d’Ousseynou Sy, qui a mis le feu au bus qui transportait des écoliers. En fait, le juge d’instruction du tribunal de Milan n’est pas convaincu par la thèse de la démence que le chauffeur a évoquée, pour mettre fin aux poursuites pénales initiées contre lui. 

Comme il l’a laissé entendre à la presse italienne vendredi, le juge Tommaso Perna s’est inscrit dans la logique du responsable du pool anti-terroriste basé à Milan, Alberto Nobili, et du procureur Luca Poniz. Ces derniers jugent que le suspect ‘’fait preuve d'une absence totale de considération pour les règles de la coexistence‘’ et d'une ‘’très forte tendance criminelle’’. Pour le magistrat, le mobile de celui qui est baptisé ‘’Loup solitaire’’ était de ‘’conditionner les politiques de migration actuellement adoptées par le gouvernement".

Parmi les raisons qui font qu’il doute de l’argument de défense d’Ousseynou Sy, c’est le fait que ce dernier avait par-devers lui un couteau et une arme à feu, comme rapporté par certains témoins. Des éléments à charge qui ne plaident pas en faveur du chauffeur. Il s’agit de circonstances aggravantes qui, selon le juge, ‘’ne permettent pas de formuler un pronostic positif sur son comportement futur’’. Et donc, ‘’la seule mesure adéquate pour contenir la forte tendance criminelle du suspect est celle de la détention en prison’’.

‘’Faux alibi’’

Selon le juge Perna, le chauffeur sénégalais de nationalité italienne a, lors de son interrogatoire vendredi dernier, fourni un "faux alibi’’, en alléguant avoir entendu des voix d’enfants morts et celles-ci l’auraient poussé à commettre son acte. Par conséquent, le magistrat instructeur relève qu’Ousseynou Sy a certes avancé des problèmes psychiques, mais son intention ‘’était plutôt de forcer ou de restreindre les politiques de migration actuellement adoptées par le gouvernement actuel". Son "intention" était de "mener une action démonstrative sur la honte et la colère" générées en lui, a-t-il rapporté, "de l'épisode de l'échec du débarquement de 49 personnes", c'est l'histoire du navire ‘’Ionian Sea’’. Pour le juge, le moyen de défense du suspect selon lequel son intention n'était pas de mettre en danger la vie des otages ne tient pas la route et que si son acte n’a pas abouti, c’est dû à une combinaison d'éléments indépendants de sa volonté.

Toujours est-il que face au juge, Ousseynou Sy a déclaré : ‘’Je ne dors presque jamais parce que j’entends toujours la voix des enfants décédés. Une fois dans le bus, j'ai été présenté à un enfant qui m'a demandé de diriger le bus vers Linate.’’ Il a également montré au juge une "effigie représentant le vice-Premier ministre Di Maio, présentée par le suspect comme une photo d'un enfant mort". Le chauffeur d’ajouter que les enfants qui se sont présentés dans sa tête ont sollicité son aide tout en lui demandant de ne pas blesser ceux qui étaient dans le bus.

D’après toujours les informations fournies par le juge, au cours de l’interrogatoire, Ousseynou a, à plusieurs reprises, usé du pluriel, notamment du ‘’nous’’, pour parler de lui et de ses enfants. ‘’Quand les carabiniers m'ont dit de m'arrêter, j'ai continué, parce qu'ils ne peuvent pas m'arrêter quand mes enfants et moi décidons de faire quelque chose. Parmi mes enfants, il y en a de très mauvais… Moi et les enfants morts en mer n'acceptons pas que l’Afrique soit exploitée. Je n'aurais jamais eu le même comportement, si mes enfants étaient morts dans le bus", aurait-il déclaré au juge. Mais ce dernier est d’avis qu’il s’agissait d'une ‘’tentative maladroite du suspect de justifier son acte’’.

Ousseynou Sy a été arrêté pour avoir détourné puis incendié un bus transportant 51 étudiants d'un collège de Crema.

 

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