Publié le 3 Jul 2020 - 12:36
AFFAIRES BINETA CAMARA, PUR ET COMMANDANT TAMSIR SANE

La chambre criminelle distribue les peines

 

Le juge de l'application des peines du tribunal de grande instance de Tambacounda, statuant en matière criminelle, n’a pas fait dans la dentelle, au moment de rendre les verdicts des 3 grandes affaires qui ont cristallisé toutes les attentions, lors de cette session de la chambre criminelle.

 

Les affaires Bineta Camara, commandant Tamsir Sané et Pur ont la particularité d’avoir été fortement médiatisées. Et les différents procès, lors de la session de la chambre criminelle du 24 au 26 juin 2020, ont donné lieu à de grosses empoignades entre le parquet, les défenses et les parties civiles. Le juge, après avoir déclaré la procédure légale, a reconnu les accusés coupables des faits reprochés et les a condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.

Dans l'affaire Bineta Camara, jugée le 26 juin 2020, l’accusé Pape Alioune Fall a été reconnu coupable de tentative de viol et de meurtre sur la personne de la fille de Malal Camara. C'est ainsi qu'il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Sur les intérêts civils, la cour a reçu la constitution de partie civile de Malal Camara et lui a accordé le franc symbolique, à titre de dommages et intérêts.

Pour rappel, il résulte de l'information de ce cas de meurtre les faits suivants : le 18 mai 2019, aux environs de 20 h, Pape Alioune Fall s'était présenté chez Malal Camara, DG de l'Agence de développement locale (ADL). Arrivé à la porte, il avait appelé Bineta Camara, la fille de Malal Camara. Celle-ci était venue lui ouvrir la porte, en l'absence du vigile Malick Diop. Il avait, selon ses mots, fait part à Bineta Camara de ses frustrations, vu qu'il était un partisan politique de première heure de son père et qu'il ne voyait pas les retombées de ce long compagnonnage.

Sur ce, Bineta Camara s'était fâchée et lui avait demandé de quitter la maison avant de l'empoigner. Ayant défait la prise, celle-ci avait couru vers la chambre de ses parents et il l'avait suivie. Une fois dans la chambre, il a prétendu que Bineta Camara s'était emparée d'un pot de fleurs pour le frapper. Mais il avait réussi à lui tordre le bras avant de la pousser violemment sur le lit. Bineta Camara s'était ainsi cognée le visage sur le pied du lit et le sang avait instantanément giclé. Elle s'était relevée, tenant toujours le pot de fleurs, avant de retomber sur le lit. Il avait alors étranglé la victime avec le foulard qu'elle portait autour de son cou. Ayant pris peur, il avait pris la fuite, emportant le téléphone de sa victime. La géolocalisation avait permis de retrouver le téléphone de Bineta Camara dans la chambre de Pape Alioune Fall qui a été interpellé à la maison de la victime où il rangeait des chaises à la cérémonie mortuaire.

La même peine a été prononcée à l’encontre de la bande d’Idrissa Sow alias ‘’Peulh bou Rafet’’. Le cerveau et ses acolytes Kékoroba Ba, Doudou Ba dit ‘’Demba Sirèye’’, Moussa Diop et Sidy Diallo ont été déclarés coupables d'association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec effraction et tentative de vol en réunion commis la nuit avec usage de véhicule, effraction, port et usage d'arme et violences ayant entraîné la mort. La cour a aussi reconnu Pathé Ba coupable du crime de recel de malfaiteurs ; Khoureyssi Diallo coupable de détention d'une arme de la 3e catégorie sans autorisation administrative et les a condamnés, chacun, à une peine d'emprisonnement de 6 mois avec sursis et à une amende ferme de 50 000 F CFA.

Sur l'action civile, la cour a reçu la constitution de partie civile des héritiers de feu Tamsir Sané, des gendarmes Serigne Sam Ngom, de Mamadou Samba Dione et d'Amadou. Elle a alloué aux héritiers de feu Tamsir Sané la somme de 100 millions et 2 millions pour chaque gendarme. Dans cette affaire qui a occasionné la mort du commandant de la brigade de gendarmerie de Koumpentoum Tamsir Sané, la nuit du braquage, lorsque le commandant et ses hommes sont arrivés sur les lieux, ils ont essuyé des tirs. Le commandant Sané a été atteint à la tête et a rendu l’âme, alors que les autres ont reçu des impacts de balles sur le corps et ont réussi à se réfugier à la brigade.

Dans l'affaire du Parti de l'unité et du rassemblement (Pur), Moustapha Ndiaye a été reconnu coupable de meurtre sur la personne d’Ibrahima Diop et de coups et blessures volontaires sur la personne de Djibril Kébé. Il écope de 15 ans de réclusion criminelle. Les 13 autres accusés reconnus coupables de détention d'arme blanche sont condamnés à 6 mois ferme d'emprisonnement. La cour a acquitté Ousmane Sidibé, accusé de meurtre.

Cette affaire date de la veille de l’élection présidentielle de 2019. Lors de la campagne électorale, des échauffourées avaient éclaté entre des partisans de l'APR et ceux du Pur. La garde rapprochée du leader du Pur, armée de bâtons et de couteaux, s’est acharné sur Ibrahima Diop, un jeune tailleur qui a trouvé la mort. A la suite de l'enquête, Moustapha Ndiaye et Ousmane Sidibé avaient été arrêtés.

A la fin de chaque délibération, le juge n'a pas manqué de notifier aux prévenus leur droit d'interjeter appel, dans un délai de 15 jours. Maître Siré Clédore Ly a prévenu qu'il fera appel des décisions rendues à l'encontre de ses clients. 

Boubacar Agna CAMARA

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