Publié le 20 Aug 2012 - 10:58
AFRIQUE DU SUD

Nouveau bras de fer mineurs-direction à Marikana

 

 

 

 

 

Trois jours après le massacre de la mine de Marikana, l’exploitant Lonmin a menacé dimanche de licencier les grévistes qui ne reprendraient pas le travail lundi matin, mais la majorité des mineurs ont rejeté cet ultimatum et entendaient poursuivre le mouvement.

 

Par ailleurs, le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé une semaine de deuil national à partir de lundi, en mémoire des 44 victimes de la mine de platine.

 

Dix personnes dont deux policiers ont été tuées entre les 10 et 12 août dans des affrontements intersyndicaux, et 34 mineurs ont été abattus et 78 blessés par la police jeudi. Dimanche matin, Lonmin a sommé les ouvriers de reprendre le travail lundi. "L’ultimatum final a été repoussé au lundi 20 à la suite des événements de jeudi", a indiqué la société britannique, "l’ultimatum final donne aux employés une dernière chance de reprendre le travail ou de s’exposer à un possible licenciement".

 

Les mineurs interrogés par l’AFP dimanche ont réagi avec colère.

"Je ne retourne pas au boulot.Où est l’argent ?", demande David Sikonyela, 52 ans, mineur du Lesotho, en prenant connaissance de l’ultimatum.

 

"On est en colère"

"Est-ce qu’ils vont virer aussi ceux qui sont à l’hôpital et à la morgue ?", s’emporte son collègue Thapelo Modima, 46 ans."De toute façon, c’est mieux d’être mis à la porte parce qu’ici, on souffre.Nos vies ne vont pas changer.Lonmin se fiche de notre bien-être, jusqu’à maintenant ils ont refusé de nous parler, ils ont envoyé la police pour nous tuer". "Des gens sont morts.On est en colère.Si on reprenait le travail, ce serait comme s’ils étaient morts pour rien", ajoute Fezile Magxaba, un contremaître de Marikana, en faisant sa lessive à un robinet collectif.

 

Les mineurs, qui touchent en moyenne 4.000 rands (400 euros) par mois, réclament 12.500 rands (1.250 euros), soit plus qu’un triplement de leur salaire. Dans cette petite communauté proche de Rustenburg, dans le nord du pays, des services religieux discrets se sont tenus dans la journée : "Beaucoup de gens ont peur d’être vus en train de se rassembler, même pour venir à l’église.Nous faisons attention à ce que notre service ne puisse pas être considéré comme un rassemblement politique ou syndical", explique un prêtre de l’Eglise Pentecôtiste, sous couvert de l’anonymat.

 

Non loin de là, à l’hôpital de la mine, des familles encore dans l’ignorance du sort d’un proche continuaient à venir s’informer.

"La nation est sous le choc et dans la peine", a déclaré le président en annonçant le deuil national. "Cette semaine (...) nous devons nous unir contre la violence, quelle qu’elle soit.Nous devons réaffirmer notre foi en la paix, la stabilité et l’ordre, et dans la construction d’une société solidaire débarrassée du crime et de la violence".

 

Une commission d’enquête inter-ministérielle

La présidence a également précisé que le jeudi 23 août serait le jour officiel pour les cérémonies commémoratives organisées dans le pays.

 

Africa n°1

 

 

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