Publié le 13 Oct 2020 - 23:53
ALERTE DE L’ONU SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

‘’Si la Covid-19 est aussi terrible, l’urgence climatique peut être encore pire’’

 

En 20 ans, les catastrophes naturelles ont doublé, en raison des changements climatiques. Et dans les années à venir, les choses ne sont pas près de s’améliorer, si rien ne change, prévient un rapport de l’Organisation des Nations Unies.

 

Un million deux cent mille personnes. C’est le nombre de personnes mortes, victimes de catastrophes naturelles depuis 2000. Dans un rapport qui a été publié hier, à l’occasion de la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophe célébrée aujourd’hui, l’Organisation des Nations Unies (Onu) indique que cela est dû aux phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique. Leur nombre a tout bonnement doublé à travers la planète, passant de 3 656 (1980-1999) à 6 681 (2000-2019), une forte hausse par rapport aux vingt dernières années.

Selon l’auteure du rapport, la professeure Debarati Guha-Sapir, du Centre de recherche belge sur l’épidémiologie des catastrophes de l’université de Louvain, ce document ‘’couvre les vingt premières années de ce siècle et n’inclut pas les risques épidémiologiques comme la pandémie de Covid-19. Mais il met clairement en évidence le niveau de souffrance humaine et de pertes économiques qui résultent de l’incapacité à s’adapter au changement climatique et à réduire les émissions de gaz à effet de serre’’.

Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi au Palais des Nations à Genève, Mme Mizutori a soutenu que les dirigeants politiques et économiques ‘’peuvent voir que si la Covid-19 est aussi terrible, l’urgence climatique peut être encore pire’’. Pour la représentante spéciale du secrétaire général de l’Onu pour la réduction des risques de catastrophe, le nouveau coronavirus a ‘’sensibilisé les gouvernements et le public en général sur les risques qui nous entourent’’, mais ‘’la pandémie de Covid-19 n’est que la dernière preuve en date que les dirigeants politiques et économiques ne sont pas encore à l’écoute du monde qui les entoure. Nous sommes délibérément destructeurs. C’est la seule conclusion à laquelle on peut arriver, lorsqu’on passe en revue les catastrophes survenues au cours des vingt dernières années’’.

La décennie à venir, l’Onu redoute surtout les vagues de chaleur

Les experts de l’Onu s’accordent sur le fait que l’illustration de ces phénomènes météo extrêmes, ce sont les inondations qui ont doublé, de même que les tempêtes qui ont été les catastrophes les plus fréquentes au cours des deux dernières décennies. Le Sénégal, qui a récemment connu des inondations, n’ira pas dire le contraire.

Lors des années 2004, 2008 et 2010 ont été les plus dévastatrices dans le monde, avec plus de 200 000 morts à chacune de ces années. Notre pays n’a pratiquement pas été épargné. Mais c’est bien le tsunami de 2004, dans l’océan Indien, a été le plus meurtrier, faisant plus de 220 000 victimes. Le nombre moyen de décès de 2000-2019 s’est élevé à environ 60 000 par an.

Mais pour la décennie à venir, l’Onu redoute surtout les vagues de chaleur. Le rapport fait état d’une augmentation importante de sécheresses, d‘incendies de forêt et de températures extrêmes. Il y a également eu un accroissement des événements géophysiques, notamment les tremblements de terre et les tsunamis, qui ont tué plus de personnes que tous les autres risques naturels examinés dans le rapport. ‘’Si ce niveau de croissance des phénomènes météorologiques extrêmes se poursuit au cours des vingt prochaines années, l’avenir de l’humanité s’annonce très sombre’’, a averti la professeure Guha-Sapir.

Selon le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNSDIR), le nombre élevé de catastrophes naturelles comptabilisées dans le monde, au cours des vingt dernières années, a généré des pertes évaluées à près de 3 000 milliards de dollars. Mais le montant réel est plus élevé, en raison du problème de la collecte des données dans certaines régions, comme en Afrique où prévaut le secteur informel. ‘’En attendant, les pays développés comptabilisent la plupart des pertes économiques (67 %) avec un total de 1 990 milliards de dollars entre 2000 et 2019. En comparaison, les pays appartenant à d’autres catégories de revenus ont enregistré des pertes économiques totales nettement inférieures’’, informe l’Onu.

Le nombre de morts est ainsi passé de 1,19 million sur la période 1980-1999 à 1,23 million sur la période 2000-2019, alors que le nombre de personnes touchées par ces catastrophes naturelles a bondi (passant de 3,25 milliards à 3,9 milliards). 

Bien que comptant moins de 10 % de la population mondiale, les pays en développement représentent 23 % du total des décès dus aux catastrophes. Le plus grand nombre de catastrophes s’est produit en Asie, où l’on localise huit des dix premiers pays les plus touchés, suivie par le continent américain et l’Afrique.

‘’Le monde devra vivre avec les conséquences des niveaux actuels de changement climatique pendant longtemps encore’’

Face à ce sombre tableau que peint le rapport, les scientifiques invitent la communauté internationale à suivre les recommandations des experts et à investir dans les programmes de prévention et d’adaptation au changement climatique. Car ils estiment qu’il existe de nombreuses mesures pratiques qui peuvent être prises pour réduire le fardeau des pertes dues aux catastrophes, alors que le monde devra vivre avec les conséquences des niveaux actuels de changement climatique pendant longtemps encore.

‘’La bonne gouvernance des risques de catastrophe, font-ils remarquer, dépend du leadership politique et de la réalisation des promesses faites lors de l’adoption de l’Accord de Paris et du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, il y a cinq ans’’.

Lamine Diouf

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