Publié le 15 May 2020 - 02:09
ALLEGEMENT DES MESURES DE RESTRICTION

Le secteur du transport à l’écoute de la tutelle

 
Le secteur du transport, qui n’a pas été cité ce lundi par le président de la République parmi les mesures d’assouplissement, continue de garder espoir. Ses acteurs s’attendent à une reprise effective de leurs activités.
 
 
L’assouplissement des mesures de restriction décidé, ce lundi, par le chef de l’Etat, ne concerne pas encore tous les secteurs. C’est le cas du transport qui reste restreint. Au-delà de l’immobilité des usagers coincés depuis des mois dans les régions, les acteurs de ce secteur vivent dans des difficultés. En atteste un article paru dans notre édition du lundi qui met en exergue des chauffeurs faisant la manche pour survivre, en ces temps de crise. Face aux charges familiales, ces Sénégalais établis à l’intérieur du pays n’ont d’autres alternatives que de tendre la sébile. 
 
Ainsi, ce lundi, ils ont été nombreux à guetter ‘’cette délivrance’’ qui n’a pas été prononcée. D’ailleurs, pour beaucoup, sur plusieurs décisions annoncées, l’Etat a fléchi devant la pression populaire : réouverture des marchés et des mosquées, et le rapatriement des corps. Laissant en rade le secteur du transport, au ralenti depuis plus de deux mois, pour freiner la propagation du virus. 
 
Seulement, dans son adresse à la Nation, le chef de l’Etat a annoncé la reprise des marchés hebdomadaires (‘’louma’’), de même que le déplacement des saisonniers, ainsi que les enseignants et élèves. Des activités qui vont nécessiter l’usage du transport interurbain. 
 
Le président de l’Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu) espère, lui aussi, un changement. Joint par ‘’EnQuête’’, Mbaye Amar indique qu’ils attendent les prochaines sorties du gouvernement pour voir les mesures qui seront prises pour leur secteur. ‘’Les cours vont reprendre le 2 juin prochain. Les marchés fonctionnent régulièrement, nous espérons que notre secteur aussi connaitra un meilleur sort’’, indique-t-il.
 
 Monsieur Amar et son association qui assurent, à travers leur réseau, le transport dans les différentes artères de Dakar, appellent de leurs vœux un changement dans le déroulement de leurs activités. Le secrétaire général de l’Union des routiers du Sénégal renchérit que le secteur du transport a joué son rôle pleinement, dans la lutte contre cette pandémie. En conséquence, dans les 13 régions du Sénégal, le travail est à l’arrêt, avec la suspension du transport interurbain. Même à Dakar, confie Gora Khouma, les acteurs travaillent à moitié. Pire, poursuit-il, plusieurs voitures sont immobilisées dans la capitale sénégalaise, à cause des nouvelles conditions de travail. Et pendant ce temps, le carburant est resté au même prix et les tarifs du transport n’ont pas connu d’augmentation.
 
‘’Aucun bénéficiaire ne percevra plus de 50 000 F CFA’’
 
Ces transporteurs ont rencontré la tutelle, ce mardi. ‘’A cette rencontre par vidéoconférence, le ministre nous a notifié de la disponibilité de notre subvention. Il nous a demandé de nous organiser pour la répartition de cette somme. Il a instruit le directeur des Transports urbains et du Cetud (Conseil exécutif des transports urbains de Dakar) de tenir une réunion pour la clé de répartition. Il n’a parlé que d’argent’’, semble se désoler Gora Khouma. 
 
Aussi, notre interlocuteur souligne que ses collègues ont saisi l’occasion pour exposer leurs doléances. ‘’Nous avons demandé la reprise normale du transport. Dans les bus, nous voulons l’occupation de toutes les places assises, pareille pour les ‘cars rapides’ et ‘Ndiaga Ndiaye’ où seuls les traverses seront inoccupées. Pour les taxis, nous souhaitons qu’ils prennent désormais trois passagers, en plus du conducteur. Le ministre du Transport nous a promis de contacter ses collègues de l’Intérieur et de la Santé pour voir si la demande est favorable. Il n’a pas parlé de reprise du transport interurbain’’, fait savoir Gora Khouma.
 
Mêmes préoccupations pour Mbaye Amar qui déclare : ‘’Nous avons 1 850 bus qui circulent dans la capitale sénégalaise et des prêts bancaires à rembourser. Donc, on ne peut pas continuer à ce rythme. Nous attendons d’être édifiés par l’Etat. A défaut, nous allons arrêter nos activités et laisser les Sénégalais retourner à l’ancien système, avec les ‘cars rapides’ et autres transports en commun’’, avertit-il. 
 
Conscient de la propagation rapide du virus, le président de l’Aftu demande au minimum le remplissage de tous les sièges assis dans les bus, en attendant la fin de la pandémie. Pour ce faire, il rassure que son association a pensé à des mesures préventives pour accompagner cet éventuel assouplissement. ‘’La distance entre les sièges est déjà de 80 cm ; on impose aussi le port du masque. Nous avons également des thermos-flashs et des gels hydro-alcooliques acquis par nos propres moyens, pour barrer la route à la maladie’’, fait-il savoir.
 
 Ainsi, selon Gora Khouma, il est impératif que la reprise soit effective, au moment où, rappelle-t-il, le président appelle les Sénégalais à essayer de vivre avec le virus qui risque de perdurer jusqu’au mois de septembre. Il promet, toutefois, que toutes les mesures sanitaires seront prises par les acteurs du secteur, pour éviter la propagation de la maladie.
 
Le syndicaliste indique, par ailleurs, que la subvention allouée à leur secteur ne peut pas régler leurs problèmes. A l’en croire, si le partage se fait normalement, aucun bénéficiaire ne percevra plus de 50 000 F, alors que, rappelle-t-il, ils sont restés trois mois sans travailler. ‘’Nous allons rester disciplinés et obéir aux directives. Mais on ne peut pas continuer à être immobilisés, vu que la fin de la pandémie n’est pas pour demain. On ne peut pas garer nos véhicules et attendre son éradication totale. L’Etat doit trouver des solutions’’, prévient-il.  
 
HABIBATOU TRAORE

 

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