Publié le 25 Jan 2020 - 03:01
ALPAGUE PAR LA BRIGADE DE LUTTE CONTRE LA CYBERCRIMINALITE

Un faux Kocc Barma faisait chanter une journaliste 

 

Les limiers de la Brigade de lutte contre la cybercriminalité (BLCC) ont interpellé, mardi dernier, M. Lo, fils d’un célèbre marabout. Muni d’un numéro de téléphone de l’Angleterre, il se faisait passer pour Kocc Barma et a fait chanter une journaliste. Il demandait de l’argent ou des relations sexuelles.

 

Dimanche dernier, en début d’après-midi, la demoiselle S. Ndour a reçu, via WhatsApp, un message d’un numéro de téléphone de l’Angleterre. L’auteur se présentait comme le fameux Kocc Barma et disait avoir en sa possession une vidéo compromettante d’elle. Il menaçait de la diffuser via son site, le mardi, à condition que son interlocutrice débourse un montant de 200 000 F CFA ou qu’elle ait une partie de jambes en l’air avec lui. Intriguée, la gérante de l’Institut des métiers de l’information et de la communication et journaliste au sein du groupe Sen Média Tv Sénégal a tenté d’en savoir plus. La demoiselle, convaincue de l’inexistence d’une vidéo, a dès lors cherché à le faire arrêter. Elle lui a demandé de lui donner le temps de chercher les sous et lui a donné rendez-vous le mardi.

Mais le maitre chanteur a essayé de faire pression sur elle. Il n’a eu de cesse de la harceler, en la menaçant de publier la vidéo le mardi à 20 h. Pour mieux la ferrer, il lui a envoyé le montage d’une image sur laquelle il laisse croire aux internautes qui le suivent qu’il a une nouvelle affaire. En attendant le rendez-vous, la demoiselle Ndour a continué à investiguer. Elle s’est renseignée sur les agissements de Kocc, mais on lui a dit qu’il n’utilise pas ce modus operandi. Que probablement, elle a affaire à un escroc ou une connaissance qui veut lui jouer un mauvais tour. On lui a alors conseillé de porter l’affaire à la police.

Elle s’en est ouverte aux limiers du commissariat de Dieuppeul qui lui ont suggéré de prendre langue avec la Brigade de lutte contre la cybercriminalité (BLCC) l’entité de la police qui est en charge de ce genre d’affaire. Elle est allée les voir et y a déposé une plainte, le lundi. Une enquête a été ouverte sur le champ et confiée à un commissaire.

La jeune journaliste a continué à correspondre avec le faux Kocc et changé de stratégie. En lieu et place de lui donner de l’argent, elle lui a fait croire qu’elle était dans les dispositions d’avoir une relation intime avec lui. Il a accepté et lui a fixé un rendez-vous, le mardi à 10 h, à Dalifort, non loin de l’usine de mèches. A partir de ce moment, les enquêteurs ont pris les choses en main et dicté à la dame la conduite à tenir.

Selon nos informations, comme convenu, après avoir discuté avec les enquêteurs en charge de l’enquête, S. Ndour a quitté son domicile pour le lieu de rencontre. Le bonhomme lui a indiqué le chemin. La police surveillait discrètement la fille. D’ailleurs, les limiers n’ont pas tardé à comprendre que le faux Kocc ne se trouve nullement en Angleterre, mais au Sénégal, même s’il utilise une puce britannique.

D’après nos sources, une fois dans le bâtiment indiqué, qui est en chantier dans un quartier non peuplé, elle a finalement rencontré son ‘’Kocc’’. Celui-ci a confisqué son téléphone, aussitôt. Avant de lui balancer à la figure : ‘’On va changer de lieu. Je te convoque et tu viens avec la police. Ce n’est pas ce qu’on s’était dit. On va ressortir et suis-moi.’’ Quelques minutes après, le bonhomme a changé de version. Il lui a dit : ‘’Mon ami avec qui tu parlais et qui se trouve en Angleterre m’a expliqué qu’il te taquinait. Il n’a pas de vidéo de toi. Il m’a dit que tu avais quelque chose à me donner.’’

Mais son téléphone éteint, la jeune demoiselle a pris peur, car elle se demandait comment elle allait faire pour indiquer sa présence aux flics. Lorsqu’ils sont ressortis du bâtiment, elle a dit au gars qu’elle n’en pouvait plus et qu’elle était fatiguée. Il y avait des gens non loin. Contre toute attente, le jeune homme lui a remis son téléphone et pris la fuite. Elle a rapidement remis en marche son téléphone pour rejoindre les enquêteurs qui étaient en grand nombre dans les parages. Elle leur a donné son signalement. Après quelques minutes de recherche, les agents de la BLCC ont mis la main sur lui.

Le faux Kocc s’est déjà fait passer pour le lutteur Boy Niang 2

Il ressort de l’enquête que le faux Kocc se nomme M. Lo. C’est le fils d’un célèbre marabout de la cité religieuse de Ndam. L’enquête a aussi montré que ce n’est pas la première fois qu’il agit ainsi. L’homme se faisait aussi passer pour le lutteur Boy Niang 2. C’est d’ailleurs sous le faux nom du lutteur que le jeune Lo a entretenu, dans le passé, une correspondance (par WhatsApp) avec la jeune journaliste. Mais il n’avait jamais voulu la rencontrer.

On apprend aussi que le chargé de communication du lutteur a porté plainte aussi contre M. Lo. Puisque le lutteur avait eu vent qu’un individu utilisait son nom et qu’il s’en était ouvert à la police. Selon nos informations, l’usurpateur a reconnu tous les faits qu’on lui reproche durant son face-à-face avec les enquêteurs. D’après toujours nos interlocuteurs, durant la période de garde à vue, ses proches ont tenté de faire passer la thèse d’une maladie dont il souffrirait. Ils soutiennent que leur fils est, des fois, victime de crises. Ils ont demandé clémence. Ce que la partie civile n’a pas voulu entendre.

Aux dernières nouvelles, M. Lo a été déféré hier au parquet de Dakar.

CHEIKH THIAM

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