Publié le 12 Apr 2020 - 22:41
AMINATA MBOW DIOKHANÉ (CHEF DU CGQA)

“Les restrictions prises ont contribué à la baisse des concentrations de polluants”

 

La Covid-19 et les restrictions semblent apporter une bouffée d'air à l’environnement. La qualité de l'air se porte beaucoup mieux, comme l'explique, dans cet entretien, la directrice du Centre de gestion de la qualité de l’air (CGQA) Aminata Mbow Diokhané.

 

Comment se présente la qualité de l'air, ces derniers mois ?

Durant le mois de février 2020, nous avons enregistré des épisodes intermittents de forte pollution (alerte orange ou rouge). Le début du mois de mars a été marqué par une qualité de l’air mauvaise, entre le 10 et le 14 mars. A partir du 17 mars, la qualité de l’air s’est considérablement améliorée, en devenant moyenne la plupart du temps.

Quel est l'impact de la pandémie, des restrictions prises à cet effet sur la qualité de l'air ?

En fait, les restrictions prises avec la pandémie de coronavirus ont contribué à la baisse des concentrations de polluants dans l’atmosphère, particulièrement les particules en suspension (PM10 et PM2,5) et le dioxyde d’azote (NO2).

Comment cela s'explique-t-il ?

Les mesures de couvre-feu et l’état d’urgence, la réduction du trafic automobile, le ralentissement des activités économiques sont autant de facteurs qui expliquent l’amélioration de la qualité de l’air. A cela s’ajoutent les conditions météorologiques favorables, avec notamment la rareté des événements de poussières désertiques et les vents modérés qui favorisent une bonne dispersion des polluants. 

Pensez-vous que certaines décisions prises actuellement méritent d'être gardées, même après la Covid-19 ?

Ça sera difficile de respecter ces mesures après la pandémie, mais il serait intéressant de pouvoir appliquer certaines d’entre elles, au moins pendant les pics de pollution. Cela peut concerner la circulation alternée, la réorganisation du trafic en piétonnisant, par exemple, certaines zones et même le port du masque, surtout par les personnes sensibles, pour se protéger contre la pollution de l’air.

Que proposez-vous pour améliorer la qualité de l'air dans les grandes villes, et particulièrement à Dakar ?

Pour améliorer la qualité de l’air dans les grandes villes, il faut agir à la source, en mettant en œuvre des stratégies de réduction des émissions dans le moyen et le long terme. Parmi celles-ci, on peut citer la promotion des transports de masse et des transports non motorisés ; le développement des infrastructures routières pour fluidifier le trafic automobile ; le renouvellement du parc automobile par des voitures moins polluantes. Il va également falloir améliorer la qualité des carburants ; faire la promotion des énergies renouvelables et des modes de production plus propres, dans le but de réduire les rejets industriels et penser à la gestion écologiquement rationnelle des déchets.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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