Publié le 12 Jun 2020 - 21:48
APPUI AUX PME ET MICROENTREPRISES LOCALES

Plus de 1,045 milliard de francs CFA alloués au Sénégal

 

Une enveloppe de 1,8 million de dollars, soit plus de 1,045 milliard de francs CFA, a été mobilisée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour le Projet d’appui aux secteurs productifs des populations vulnérables. La convention a été signée, hier, par la ministre du Commerce et des PME, Aminata Assome Diatta, et la représentante résidente du programme onusien à Dakar, Amata Diabaté.

 

La convention de financement du Projet d’appui aux secteurs productifs des populations vulnérables a été paraphée hier, entre la ministre du Commerce et des PME, Aminata Assome Diatta, et la représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à Dakar, Amata Diabaté. ‘’Ce projet va certainement aller à plus long terme. Nous avons formulé un projet de 3 ans, avec un budget de 1,8 million de dollars, soit plus de 1,045 milliard de francs CFA, qui va couvrir les 5 communes pilotes choisies et qui va s’élargir aux 23 communes, au pays. Nous avons réuni beaucoup d’agences des Nations Unies qui vont ensemble réussir à mobiliser des ressources dont nous avons besoin. Cela va certainement aller au-delà de ce qui a été déjà mobilisé pour qu’aucune des PME ne soit pas laissée pour compte au Sénégal’’, explique Mme Diabaté.

En effet, environ 637 millions de francs CFA de ce budget ont été mobilisés et 407 millions de francs CFA sont à rechercher. La première phase porte sur un budget d’environ 359 millions de francs CFA en 2020, avec une phase d’amorçage au niveau des 5 communes championnes de Ndiob, Sandiara, Bargny, Ndiaffate et Montrolland. ‘’Je fais ici le plaidoyer pour un engagement de tous les acteurs impliqués pour réussir cette phase d’amorçage et engendrer un passage à l’échelle nationale, à travers un programme d’envergure. (…) Je lance un appel pour sa mise en œuvre efficace et efficiente’’, poursuit-elle.

Ainsi, sa représentante onusienne a réitéré l’engagement et l’appui des agences du Système des Nations Unies à ‘’accompagner’’ les collectivités territoriales, non seulement dans la réponse à la Covid-19, mais surtout dans la relance des économies locales. Ceci pour une ‘’décentralisation effective’’ des politiques publiques, afin de soutenir l’Agenda 2030.

Madame Diabaté reste ‘’convaincue’’ que le développement se fait d’abord au niveau territorial pour s’agréger et assurer le développement global des pays. ‘’Avec cette pandémie, avec les petites et moyennes entreprises établis dans le territoire, il était important que nous pensions à les appuyer. Parce que l’appui au niveau sanitaire et la fourniture de matériel de protection va de pair avec la continuité de l’activité économique. Et les PME, surtout celles qui appartiennent à des femmes et des jeunes qui sont les plus faibles, on veut les appuyer à être plus résilientes pendant la Covid-19 et aussi après’’, affirme-t-elle.

Il convient de noter que les PME constituent une ‘’frange importante’’ de l’économie nationale, aussi bien s’agissant de sa composante formelle que de sa composante informelle. En effet, d’après la ministre du Commerce et des PME, elle génère 42 % du total des emplois du secteur moderne, fournit 26,7 % du chiffre d’affaires et 22,4 % de la valeur ajoutée des entreprises, selon les statistiques de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) de 2017.

‘’La grande majorité d’entre elles, 97 %, évoluent dans le secteur informel. Ce segment de l’économie, qui pourtant a une productivité souvent faible, faute de capital, de savoir-faire, de formation, de technologie et de crédit, contribue à hauteur d’environ 55 % du PIB et occupe plus de 94 % de la population active. La crise actuelle risque d’entraîner des conséquences désastreuses sur cette couche fragile de notre économie, surtout s’agissant des chefs d’entreprise femmes’’, souligne Aminata Assome Diatta.

Plus de 200 micros, petites et moyennes entreprises à soutenir

Afin d’atténuer les répercussions sanitaires, économiques et financières de cette crise, la ministre a fait savoir que le projet va ‘’œuvrer’’ pour le renforcement de la résilience des communautés vulnérables, notamment dans les ‘’communes de convergence’’, avant d’être étendu à l’échelle nationale.

D’après Aminata Assome Diatta, il vient ainsi compléter le plan de riposte national et soutenir la prévention de la pandémie. Et va se traduire par la mise en place d’une plateforme multi acteurs dédiée à la Covid-19, le soutien à plus de 200 micro-petites et moyennes entreprises et la mise à disposition d’équipements de protection individuelle à plus de 1 000 personnes vulnérables dans les municipalités ciblées. Conformément aux orientations de la stratégie nationale d’équité et d’égalité de genre, le projet intègre le principe ‘’Ne laissez personne pour compte’’ ainsi que la dimension genre dans sa mise en œuvre.

Pour sa part, le représentant de l’Association des maires du Sénégal, Oumar Ba - l’édile de Ndiob - ce choix d’accompagner les communes locales sera ‘’très pertinent’’, puisque ce projet appuie un acteur ‘’déjà engagé’’. ‘’Cette démarche est innovante. C’est une des rares fois qu’on aborde un processus de développement de ce genre, centré sur les secteurs et groupes vulnérables. On ne pourra pas développer le Sénégal du sommet à la base. Il faut accompagner les initiatives locales pour nous permettre d’être productifs, d’avoir une agriculture qui puisse assurer la sécurité alimentaire. Ceci de sorte que si, demain, l’Etat devait apporter une assistance alimentaire, que ce soit des camions qui quittent les villages pour venir ravitailler le monde urbain. Qu’on soit capable de se nourrir. Si chaque commune assure sa sécurité alimentaire, c’est le Sénégal qui assurera sa sécurité alimentaire’’, témoigne-t-il.

D’ailleurs, l’élu local pense qu’il serait ‘’très réducteur’’ de percevoir ce projet uniquement comme une initiative de riposte au coronavirus. Pour lui, de par la stratégie, la vision, c’est un indicateur de ‘’changement de paradigme’’ en matière de développement et dans la volonté de territorialiser les politiques publiques. ‘’Si le développement doit se faire, il doit d’abord se faire localement. Il faut que nous parvenions à impulser une économie locale forte, capable de dégager des excédents de nature à combler les déficits au niveau national. Par les renforcements de capacités qui seront faits aux microentreprises localement. Dans cette démarche de renforcement des secteurs productifs, il sera beaucoup question d’accompagner, d’encadrer et de former les acteurs’’, dit-il.

Ainsi, M. Ba a fait un plaidoyer pour que les autorités étatiques augmentent leurs capacités d’écoute aux collectivités territoriales.

Le directeur général de l’ADEPME, Idrissa Diabira, admet en effet que les PME se trouvent sur les territoires dynamiques et il y a des dirigeants qui veulent ‘’faire bouger’’ leur commune et c’est comme ça que ces 5 communes pilotes ont été choisies. ‘’Dans le cadre de cette crise et de la post-crise, l’élaboration de masques peut être faite à Dakar et aussi dans les territoires. On a des tailleurs, des producteurs de savon, des groupements qui pourront produire des denrées de première nécessité. A travers ce programme, on va s’appuyer d’abord sur les acteurs qui sont au niveau des territoires pour qu’ils puissent produire ce dont la commune a besoin et peut-être ailleurs. C’est une manière d’intervenir au plus proche des besoins avec les acteurs. Quand on intervient avec eux, on sait qu’on répond à la demande pour les masques, mais aussi on vient mettre des ressources auprès de ces dirigeants’’, conclut-il.

MARIAMA DIEME

 

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