Publié le 16 Jul 2020 - 22:25
APRÈS LA PUBLICATION DES RAPPORTS DE L’IGE

Macky se fâche

 
 
Le président de la République laisse 45 jours à ses ministres pour faire leur déclaration de patrimoine. En Conseil des ministres tenu hier, Macky Sall est revenu sur la nécessité d’améliorer la gouvernance des ressources publiques.
 
 
 
Les rapports de 2016 à 2019 sur l’état de la gouvernance et de la reddition des comptes produits par l'Inspection générale d'Etat (IGE) semblent avoir rappelé au président de la République ses idées de bonne gouvernance. En Conseil des ministres présidé hier par le chef de l’Etat depuis le palais de la République, Macky Sall a donné 45 jours à tous les membres de son gouvernement pour procéder à leurs déclarations de patrimoine auprès de l’Ofnac (Office national de lutte contre la fraude et la corruption).
 
Les ministres ont ainsi été sommés de déclarer leurs avoirs avant fin août 2020. Parmi les promesses d’une gouvernance sobre et vertueuse du président Macky Sall à son accession au pouvoir, la loi n°2014-17 du 2 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine a été mise en application par le décret n°2014-1463 du 12 novembre 2014.
 
Elle assujettit à la déclaration de situation patrimoniale le président de l’Assemblée nationale, le président du Conseil économique, social et environnemental, le Premier questeur de l’Assemblée nationale et tous les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses, et les comptables publics effectuant des opérations portant sur un total annuel supérieur ou égal à un milliard de francs CFA.
 
Toutefois, son application par l’Ofnac avait rencontré la résistance de quelques administrateurs, souvent proches du président. 
 
Dans même logique, le chef de l’Etat va charger l’IGE, le Bureau organisation et méthodes et le Contrôle financier de mettre en œuvre les moyens de finaliser une nouvelle doctrine de pilotage des administrations de mission, des administrations décentralisées et du secteur parapublic, afin de relever définitivement l’efficience et la qualité du service public.
 
Relance économique
 
La relance de l’activité économique étant le nœud de la guerre actuelle contre la Covid-19, le président de la République compte s’appuyer sur les PME (petites et moyennes entreprises). Créée en 2016 comme filiale de la Caisse des dépôts et consignations, la Caisse des marchés publics (CDMP SA) devait servir d’accélérateur aux PME. Son opérationnalisation est devenue une urgence, aux yeux du chef de l’Etat, pour encadrer, financer et développer les PME-PMI afin d’avoir un meilleur accès aux marchés publics. Ceci, dans l’optique de l’intensification de la mise en œuvre des réformes visant à améliorer durablement le climat des affaires au Sénégal.
 
L’éparpillement des missions et services de l’Etat dans différentes structures ayant souvent les mêmes rôles ou qui s’entremêlent dans leurs actions, a été relevé dans le rapport 2018-2019 de l’IGE. Macky Sall s’inscrit dans la logique de régler ce souci, en donnant des instructions pour une évaluation, sans délai, et la mutualisation des services financiers  que sont le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip), le Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis), la Banque nationale pour le développement (BNDE), la Délégation de l’entreprenariat rapide (DER) et les services non financiers d’appui aux PME et terminaux de paiement électroniques (TPE) à l’image de l’ADEPME, APDA, Aspit, Directions des PME et PMI, Bureau de mise à niveau, etc.
 
Dans cette logique de production locale, le président a rappelé aux ministres de l’Industrie et de la Santé ses instructions relatives à la relance effective des activités de l’usine pharmaceutique Medis Sénégal SA (ex-Sanofi), seule unité productrice de chloroquine au Sénégal et remise au cœur de l’actualité depuis la vulgarisation du protocole du Dr Raoult dans le traitement des malades du coronavirus. C’est surtout la viabilité du modèle économique de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) que le chef de l’Etat souhaite réexaminer en vue d’assurer un approvisionnement régulier du pays en produits pharmaceutiques.
 
Une autre évaluation concernera la mise en œuvre de la Stratégie nationale de protection des enfants.
 
Talibés
 
Adoptée en décembre 2013, la SNPE devait permettre d’améliorer le sort des enfants, à travers l’instauration d’un environnement propice à leur croissance et à leur développement optimal. Sept ans plus tard, de nombreux rapports ont épinglé le Sénégal sur la situation des talibés, victimes d’abus et d’exploitation. Le président a invité le gouvernement et les services compétents de l'Etat, ‘’en relation avec tous les acteurs sociaux et partenaires, à déployer toutes les actions consensuelles nécessaires à l’accentuation de la lutte contre la mortalité infantile, du retrait des enfants de la rue ainsi que de la protection des droits et du bien-être de l'enfant’’.
 
Si la polémique sur le transfert des gazelles Oryx, par le ministre de l’Environnement, dans sa réserve privée n’a pas été évoquée dans le communiqué du Conseil des ministres, des sujets environnementaux ont été discutés. Occasion saisie pour annoncer un projet de parc forestier urbain de Dakar-Yoff, dans le cadre de l’initiative ‘’Le Sénégal vert’’, prévu sur une zone de 10 hectares. Un espace vert de détente, constitué d’un bois, de bocage, de marais et d’aires de jeu pour la promotion de la biodiversité floristique, qui sera adossé à la zone des 30 hectares affectés à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) sur l’emprise de l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor de Yoff. 
 
Enfin, le président de la République a instruit le ministre de la Communication de finaliser, dans les meilleurs délais, la mise en œuvre optimale de la nouvelle Convention collective nationale du secteur de la presse, signée en novembre 2018.  
 
Lamine Diouf
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