Publié le 26 Sep 2020 - 00:43
ASSEMBLEE NATIONALE

Doudou Wade corrige Moustapha Niasse

 

A travers une lettre ouverte, l’ancien président du groupe parlementaire libéral, sous le règne du président Wade, corrige le président de l’Assemblée nationale et l’accuse de plusieurs violations.

 

C’est une lettre très pimentée écrite par l’ancien député libéral, Doudou Wade, au président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse. ‘’… Suite à cette réunion (réunion du bureau de l’Assemblée nationale du 15 septembre), j’exprime mon étonnement et mes inquiétudes du fait de votre comportement. Monsieur le Président, vous faites peur à bon nombre de vos concitoyens. Comment pouvez-vous oser, à la réunion du bureau du 15 courant, signer une déclaration dite ‘’de l’Assemblée nationale ?’’, s’insurge-t-il. Avant d’ajouter : ‘’Au regard de votre cursus universitaire et professionnel, au regard de l’expérience politique et gouvernementale que vous charriez, vous n’avez pas droit à un tel manquement.’’ 

Rappelant que l’Assemblée nationale est hors session depuis le 30 juin 2020, il soutient qu’elle n’a donc pas été saisie. Selon lui, les pouvoirs du bureau et de son président sont clairement définis par les articles 17 et 18 du règlement intérieur. ‘’Vous n’avez donc aucun pouvoir d’agir de la sorte, car le bureau de l’assemblée n’est pas l’Assemblée nationale et ne s’aurait l’être’’. 

Outre ce manquement grave, Doudou Wade est revenu sur les deux décisions prises à cette occasion et dont l’une serait frappée d’illégalité. Il déclare : ‘’Vous avez pris deux décisions majeures, durant cette réunion (refus de convoquer une session extraordinaire aux fins d’entendre les ministres impliqués dans la gestion des inondations et la mise en place d’une mission d’information, NDLR). Si, pour la première décision, je ne peux rien vous reprocher, parce que c’est votre droit le plus absolu, par contre, pour la deuxième, je vous signale que vous en n’avez pas le droit. Cette deuxième décision est un abus, du ‘’ma tey’’. Vous avez outrepassé vos prérogatives. Je suis au regret de vous le dire’’. 

Selon le responsable libéral, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ne donne aucune prérogative au bureau dans la constitution et l’orientation des missions d’information prévues par l’article 49 auquel le président Niasse a fait référence. ‘’Sans équivoque et sans risque de me tromper, j’affirme que les missions d’information et d’étude dont il s’agit ici, sont celles des commissions permanentes et non ‘celles’ du bureau de l’Assemblée nationale’’, souligne l’ancien président du groupe parlementaire des libéraux, sous le règne du président Wade.

A l’en croire, dans sa déclaration, Moustapha Niasse a fait référence à l’esprit et à la lettre du premier alinéa de l’article 49 du règlement intérieur qui est ainsi libellé : ‘’Sans préjudice des dispositions les concernant contenues au Titre Premier, les commissions assurent l’information de l’assemblée pour lui permettre d’exercer son contrôle sur la politique du gouvernement.’’ 

‘’Par omission volontaire ou par ignorance, renchérit-il, mais de manière suspecte, vous faites table rase du deuxième alinéa de l’article 49 qui stipule : ‘A cette fin, elles (les commissions) peuvent confier à un ou plusieurs de leurs membres des missions d’information ou d’étude.’ Ce deuxième alinéa constitue une preuve formelle que seules les commissions permanentes peuvent envoyer des missions d’information ou d’étude’’.

En conséquence, l’ancien député du Parlement de la CEDEAO estime que le président Niasse a décidé ‘’illégalement’’ de sa mission, de son rapport et de son destinataire, à savoir le chef de l’Etat. ‘’Qu’à cela ne tienne, souligne-t-il’’. ‘’Bien entendu, les députés en auront déjà pris connaissance, sans doute pour jouer les seconds rôles. Ceci m’amène à me poser la question de savoir depuis quand le bureau de l’Assemblée nationale s’est transformé en un démembrement ou en une officine du cabinet du président de la République ?’’. 

Soutenant qu’il a toujours essayé d’apporter sa contribution dans le sens de rehausser la dignité de l’Assemblée nationale, il exprime sa désolation : ‘’Aujourd’hui, je suis au regret de vous dire qu’au regard de ce qui s’est passé depuis cette date (l’installation de Moustapha Niasse à la tête de l’institution) que l’espoir n’est plus permis. C’est dommage, mais l’histoire retiendra sans doute que vous n’avez pas su (pu) cristalliser cet espoir que j’avais et que nourrissaient plusieurs de nos compatriotes.’’ 

MOR AMAR

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