Publié le 10 Jul 2020 - 13:36
ATTEINTES A LA VIE PRIVEE A L’ERE NUMERIQUE

L’Asutic prône l’effectivité et le renforcement de la loi

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Face aux atteintes à la vie privée à l’ère numérique notées ces derniers jours, l’Association des utilisateurs des Tic (Asutic) souligne l'urgente nécessité de l’effectivité et du renforcement de ce droit.

 

Les propos d’un député de l’Assemblée nationale du Sénégal, 2e vice-président, Moustapha Cissé Lo, ont été divulgués sur les réseaux sociaux. Depuis lors, l’Association des utilisateurs des Tic (Asutic) signale que non seulement il a été exclu du parti au pouvoir dont il est membre fondateur, mais il est aussi l’objet d’un ‘’lynchage médiatique’’ pour des propos qualifiés de ‘’diffamatoires et d’injures publiques’’.

‘’Encore une fois, l’actualité, au Sénégal, est dominée par la publication sur Internet et les réseaux sociaux de contenus privés. Au fur et à mesure de l’accroissement de l’accès à Internet et de son appropriation par les populations, une tendance inquiétante s’est développée et est devenue aujourd’hui bien ancrée dans les habitudes des Sénégalais : la divulgation de contenus privés sur les réseaux sociaux qui finissent sur la place publique’’, explique l’Asutic, dans un communiqué transmis, hier, à ‘’EnQuête’’.

Cette association trouve que ces ‘’agissements malveillants’’ sur l’honneur et la réputation, par la diffusion d'une conversation privée, de messages électroniques, sms, images et autres sans avoir le consentement de la personne concernée, constituent une ‘’intention manifeste de nuire’’ en portant atteinte au droit à la vie privée.

Ainsi, l’Asutic recommande l’application de la loi dans ‘’toute sa rigueur’’ contre les pourvoyeurs des atteintes au droit à la vie privée. D’informer les citoyens sur les moyens techniques et les voies de recours dont ils disposent pour se protéger, de les sensibiliser au recueil du consentement afin de les mettre en garde contre la collecte et les mauvais usages des données d’autrui. Et invite les autorités à élaborer un ensemble d’outils pédagogiques visant à développer et à promouvoir auprès des jeunes un usage responsable du numérique, en particulier au devoir de respecter le droit à la vie privée en ligne.

L’Asutic souligne que le droit à la vie privée est une notion ‘’très récente’’ au Sénégal et en Afrique. ‘’En effet, jusqu’à présent, dans beaucoup de contrées africaines, la question du droit à la vie privée ne se pose pas : chaque personne est sous l’œil permanent de la communauté, qui a un droit de regard, au propre comme au figuré, sur elle. Les conduites individuelles sont ainsi disciplinées par cette surveillance de tous, par tous, sur tous. Les dérives aux normes collectives pouvaient être punies sans que la question du droit ne soit pas posée’’, lit-on dans le communiqué.

Même si une définition universelle de la vie privée n’existe pas, l’Asutic relève que son importance est telle, qu’elle a été élevée au rang de droit fondamental par les Nations Unies, en adoptant la résolution 68/167. Celle-ci invite tous les États à respecter et à protéger le droit à la vie privée à l’ère numérique. Elle rappelle que le Sénégal a adhéré à tous les instruments internationaux y faisant référence. Il s’agit notamment de la Déclaration universelle des Droits de l’homme (article 12) et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (article 17).

Sur le plan régional, le Sénégal a ratifié, en 2016, la Convention de l’Union africaine sur la cybersécurité et la protection des données personnelles dont l’un des principaux objectifs est de mettre en place, dans chaque État partie, un dispositif permettant de lutter contre les atteintes à la vie privée.

MARIAMA DIEME

 

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