Publié le 5 Aug 2020 - 14:41
AUGMENTATION RAPIDE DES DECES COVID

Le Sénégal dans l’impasse 

 

Trois patients sont morts, hier, de la Covid-19, au Sénégal. Un chiffre qui vient alourdir le nombre déjà inquiétant de décès. Selon le professeur Mamadou Diarra Bèye, cette situation est liée à l’augmentation des cas dans le pays.

 

Deux cent quatorze. C’est le nombre de décès noté par le Sénégal, à ce jour, officiellement. Un nombre qui fait peur, surtout qu’il y a, à côté, énormément de cas graves. Ils sont 41, pour le moment.  Et le chiffre gonfle, tous les jours. La situation est d’autant plus alarmante que plusieurs décès de personnalités ont été notés, cette semaine. Ces constats confortent nos sources qui soutiennent que, depuis le premier cas de Covid-19 enregistré au Sénégal le 2 mars 2020, la maladie ne cesse de progresser, causant beaucoup de décès. De la semaine 10 (S10 correspondant au début de l’épidémie au Sénégal) à la semaine 16 (S16), l’évolution de la Covid-19 était modérée, dit-on, avec un total de 368 cas pour une moyenne hebdomadaire de 53. 

Durant cette période, poursuivent nos sources, le taux d’attaque moyen hebdomadaire a été de 0,3 pour 100 000 habitants, avec 2 décès à la semaine 14 (S14), soit une létalité de 0,54 %. Dans la période suivante, allant de la semaine 17 à 31 (S17 - S31), l’épidémie a connu une évolution très rapide, avec un cumul de 9 965 cas pour une moyenne hebdomadaire de 664 cas (soit 13 fois plus que la période précédente). Le taux d’attaque moyen hebdomadaire pour cette période, soutiennent nos interlocuteurs, a été de 4 pour 100 000 habitants (soit 13 fois plus que la période précédente), avec un maximum de 28 décès à S27, soit une létalité moyenne de 2 %.

Le Sénégal a actuellement adopté de nouvelles stratégies visant à améliorer la prise en charge des personnes vulnérables.

De l’avis du directeur général du Samu national, les décès sont liés au nombre de cas qui augmentent. Donc, souligne le professeur Mamadou Diarra Bèye, si le nombre de cas augmente, celui de patients graves et forcément les décès vont augmenter. ‘’Si on compare la situation depuis le commencement, au début, il y avait peu de cas. Maintenant, il y a beaucoup de patients. Ce n’est pas la même chose. Je vous assure que plus de la moitié en réanimation s’en sorte. Si on a 10 malades en réanimation, les 6 guérissent’’, rassure l’urgentiste.

Selon le spécialiste, ce ne sont pas tous les malades en réanimation qui meurent. ‘’Chaque jour, des malades rentrent et d’autres sortent. Parmi les guéris, il y en a ceux de la réanimation. Sur 10 malades en réanimation, il y a même moins de 6 qui décèdent. Souvent, les malades qui décèdent sont ceux qui arrivent tellement tard, à la limite, on ne peut pas faire grand-chose. Les malades qu’on voit tôt, on les soigne’’, explique le Pr. Bèye. Qui soutient, en outre, qu’il y en a qui décèdent même avant d’arriver en réanimation. Ce sont surtout, souligne-t-il, des personnes qui sont malades, depuis une semaine, et qui restent chez eux. ‘’Quand ils sont dans des états catastrophiques, ils appellent les gens. On va les chercher, le temps de faire le bilan, le scanner et tout, parfois avant même que le résultat sorte, ils décèdent’’.

Le médecin-colonel, Chef du Service d’anesthésie-réanimation-urgence-hémodialyse de l’hôpital Principal, bat aussi en brèche certaines idées reçues sur la Covid-19. Selon le professeur Khalifa Ababacar Wade, les gens disent que tous les patients qui rentrent en réanimation meurent, alors que c’est loin d’être le cas. ‘’Dans toutes les réanimations du monde, on dit qu’un patient de réanimation sur quatre meurt. Certaines études ont montré que dans certains pays développés, ils ont un taux de mortalité au-delà de 28 %. La réanimation est destinée aux patients les plus lourds. Donc, forcément, on va avoir plus de décès en réanimation que dans les autres services’’, renseigne l’anesthésiste-réanimateur.

 Au Sénégal, dit-il, on a une mortalité qui est inférieure, pour le moment, à la mortalité des autres pathologies.

VIVIANE DIATTA

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