Publié le 2 Sep 2020 - 06:09
BABACAR NDIAYE (PRESIDENT DE LA FSBB)

‘’Je demande à ces présidents de club de travailler et de s’occuper de leur équipe’’

 

Le président de la Fédération sénégalaise de basket-ball (FSBB) sort de sa réserve et répond aux critiques des membres de la Convergence pour le renouveau du basket sénégalais (CRBS). Maître Babacar Ndiaye invite les détracteurs de la fédération à la discussion et au dialogue, dans le cadre du respect des textes et règlements. L’avocat a aussi évoqué les questions d’actualité relatives aux impacts de la pandémie de Covid-19 sur le championnat local, les éliminatoires des Afrobasket masculin et féminin, les menaces sur la tenue de la fenêtre de novembre 2019 prévue à Dakar…      

 

L’actualité de la balle orange est marquée par les critiques de la Convergence pour la relance du basket sénégalais (CRBS) contre la Fédération sénégalaise de basket-ball. Qu’est-ce qui ne marche pas ?   

J’ai toujours dit et soutenu que je ne vais pas polémiquer avec les membres de la famille du basket par presse interposée. Je reste encore aujourd’hui dans cette dynamique, parce que personne ne m’a pas encore entendu dire du mal à quelqu’un de notre grande famille. Ce n’est pas mon rôle en tant que personne morale. La fédération a été élue par acclamation le 15 juin 2019. Cela fait déjà un an, et depuis lors, toutes les instances de la fédération, à savoir le Comité directeur, l’Assemblée générale, marchent correctement.

Le consensus a toujours prévalu, depuis que je suis à la tête de la fédération, parce que toutes les décisions sont prises par acclamations et à l’unanimité. La seule fois qu’on a voté, c’était lors de mon élection de 2015. Après ma réélection en 2019, on a tenu trois assemblées générales : une assemblée générale d’informations le 7 avril, une assemblée générale d’adoption des textes le 27 avril et une assemblée générale élective le 15 juin. La fédération organise aussi une assemblée générale d’informations à la fin de chaque saison.

Maintenant l’unanimité n’est pas de ce monde et si certaines personnes ne sont pas d’accord, c’est leur droit. C’est pourquoi nous avons ouvert nos portes pour entendre toute personne qui a des suggestions à faire pour la marche et le développement de notre discipline. Les personnes qui sont en désaccord avec nous peuvent le dire dans le respect de nos textes et de la réglementation. Cela veut dire que ce n’est pas la presse le lieu indiqué pour s’attaquer à la fédération. Nous sommes tenus de respecter et de faire respecter la fédération qui est une institution que nos pairs ont l’honneur de nous confier. Cela signifie qu’on n’acceptera pas des dérives.

Maintenant, chacun est responsable de ses actes. Toute personne qui aura failli à ses obligations sera soumise à nos textes. Ce ne sont pas des menaces. J’en appelle au sens de responsabilité, de dialogue et de consensus. Je rappelle aussi que le rôle d’un président de club, c’est de travailler pour le développement de son équipe et non de s’attaquer à la fédération. Moi, j’ai été président du Dakar université club, mais personne ne m’a entendu m’attaquer à la fédération, parce que j’ai estimé que ce n’était pas mon rôle. Je demande à ces présidents de club de travailler et de s’occuper de leurs équipes, parce que leurs collègues sont en train de se renforcer et de recruter des joueurs. Il y a toujours eu des clubs qui ont joué les grands rôles dans le basket. Donc, il ne faut pas que l’arrivée d’une personne coïncide avec la décadence.

Est-ce que la FSBB maintient la traduction en conseil de discipline des présidents de club membres de la CRBS ?

 Il n’y a pas eu encore de convocation. Nous avons précisé dans le communiqué que la commission juridique est en vacances pour cause de Covid-19. Les mesures idoines seront prises à la reprise des activités.

La CRBS exige le bilan détaillé de l’Afrobasket féminin 2019 organisé à Dakar et une assemblée générale d’informations. Que répondez- vous ?

L’Afrobasket-2019 a été organisée de fort belle manière. Je dirais même que c’est la meilleure organisation de l’histoire de la Fiba-Afrique. Tout le monde l’a reconnu parce que c’est la première fois qu’on a vu un match de basket joué devant plus de 15 000 personnes. Cela a été une réussite totale sur tous les plans. Je pense qu’aucun Sénégalais ne peut le nier. On a même reçu des félicitations de Fiba-Afrique, Fiba-Monde et des autres présidents de fédération présents à Dakar.

Donc, on ne peut qu’être fier de l’Afrobasket-2019. Mais je l’ai dit, l’organisation d’un Afrobasket n’est pas une prérogative fédérale. C’est un pouvoir de l’Etat. Il y a eu une commission d’organisation qui a été mise en place par le ministre des Sports. Cette commission que j’ai dirigée comprenait d’autres personnes en dehors des membres de la fédération. Il y avait le Dage (directeur de l’Administration générale et de l’Equipement, NDLR) du ministère des Sports, le directeur de la Haute compétition, le chargé de la communication du ministère des Sports, le conseiller en sport du président de la République, etc. Donc, on peut dire que c’est à la fédération de faire le bilan. Mais nous avons fait un bilan qu’on a adressé au ministre des Sport à la fin de la compétition.

Le problème, c’est que la situation sanitaire du pays fait qu’on ne peut pas tenir une assemblée générale. Un homme de foi ne peut pas soutenir ou exiger la tenue d’une assemblée générale dans ces conditions où on regroupera des centaines de personnes venant d’horizons divers. Donc, nous attendons que la situation soit maitrisée pour organiser une assemblée générale au cours de laquelle toutes les informations demandées seront données. L’autre difficulté, c’est qu’en 2019, nous avons eu une année sportive trop chargée. Il fallait aller à la Coupe du monde U18 et organiser l’Afrobasket féminin. Il y a eu ensuite le voyage en Chine pour la Coupe du monde des garçons en septembre. Il fallait au retour terminer la saison avec la 2e division et le tournoi de montée en 1re division. C’est ce qui fait qu’on a terminé la saison de 2019 au mois de décembre. Nous avons observé une pause d’un mois et avons démarré la saison 2020 en février. On n’a pas eu le temps d’organiser l’assemblée générale et la Covid-19 est venue en début mars pour remettre tout en cause.

Donc, on a toujours organisé une assemblée générale d’informations. Mais cette année il y a eu une circonstance exceptionnelle qui fait qu’on n’a pas pu la tenir à date échue. C’est ça la vérité et je pense que cela ne valait pas tout ce tollé-là.

Et pourtant il y a eu une forte adhésion à la CRBS. Est-ce que cela ne traduit pas des problèmes qu’évoquent les initiateurs de ce courant ?   

Il n’y a pas une adhésion. C’est des leurres tout simplement. Il n’y a que cinq clubs qui ont adhéré à cette convergence. Je vous parle en connaissance de cause et la vérité, c’est que les quatre n’ont jamais été d’accord avec la fédération. Ils ont été contre moi depuis 2015, mais ça ne nous a pas empêché d’avancer. Ce qu’il faut surtout noter, c’est quand on organisait l’assemblée générale élective, ils ne se sont pas présentés pour voter, du moment qu’ils n’ont pas présenté un candidat au poste de président. Donc, il n’y a pas de nouveauté dans cette affaire-là. C’est les mêmes personnes qui, depuis 2015, se mettent à critiquer la fédération. Mais ce n’est pas méchant. Le travail de la fédération est une œuvre humaine qui n’est pas parfaite. Mais il n’y a pas une adhésion massive, car sur les 102 clubs régulièrement affiliés à la fédération, il y a 5 présidents qui se réclament de cette convergence. Il reste évident qu’on ne peut pas avoir tous les clubs avec nous. Mais ne pas être d’accord avec la fédération ne vous donne pas le droit de créer une structure parallèle. Donc, on ne l’acceptera pas.

Ils disent qu’ils ont le droit d’organiser une plateforme pour discuter des problèmes du basket sénégalais…

 Les textes ne le permettent pas. Ceux qui créent des structures parallèles portent atteinte à l’honorabilité, à la crédibilité et au fonctionnement de la fédération.

Les membres de la CRBS vous reprochent de ne pas les écouter et d’agir en solo… 

Je n’ai pas ce problème et je l’ai déjà dit. Mes portes sont ouvertes à tout le monde. Si quelqu’un veut me rencontrer, il n’a qu’à me le demander. Il peut aussi m’appeler pour qu’on discute. Je suis prêt à discuter avec tout président de club, mais je ne vais pas recevoir une structure parallèle.

Des informations évoquent une éventuelle délocalisation au Rwanda de la fenêtre de novembre prochain programmée à Dakar, en perspective des éliminatoires de l’Afrobasket masculin 2021. Qu’en est-il ?   

 La Fiba est en train de réfléchir sur un plan B consistant à supprimer les fenêtres et rassembler toutes les équipes dans un même pays, compte tenu de la situation sanitaire qui prévaut actuellement en Afrique, comme l’a fait la NBA. Mais ce n’est pas encore officiel. Ils sont en train de réfléchir sur ce schéma, mais rien n’est encore définitif.

Etes-vous optimiste pour l’organisation de cette fenêtre en novembre à Dakar ?    

Tout dépendra de la solution retenue par les dirigeants de la Fiba et nos gouvernants. Si les autorités considèrent que la situation ne permet pas d’organiser, on ne va pas organiser. Les éliminatoires ne concernent pas Dakar seulement. La fenêtre de novembre doit se jouer dans quatre pays différents. Mais la Fiba-Afrique veut regrouper tout le monde dans un seul pays, par mesure de précaution.

Quand est-ce que vous comptez démarrer la saison de 2021, après l’arrêt de vos activités de 2020 imposé par le coronavirus ?      

En principe, on devrait commencer la saison le 7 novembre prochain. Mais matériellement c’est impossible, compte tenu de l’interdiction des manifestations sportives par le préfet du département de Dakar jusqu’au 30 octobre. Donc, d’ici le 30 octobre, les équipes ne pourront pas s’entrainer convenablement. Or, le démarrage d’une saison doit être précédé d’une période de préparation hivernale d’un mois. 

Donc, on va se réunir pour réajuster la date comme le football. La fédération de football a pris la précaution de fixer le démarrage de sa saison au 1er janvier. Je pense que c’est une décision sage, compte tenu de la situation sanitaire actuelle. Mais ce que je peux dire, c’est qu’il y a une réunion entre le ministère des Sports et les fédérations prévue en octobre pour évaluer la situation. C’est au sortir de cette réunion-là qu’on pourra savoir la date réelle du début de notre prochaine saison.

Est-ce que la Covid-19 a eu des incidences sur les équipes nationales masculine et féminine du Sénégal ?

 La pandémie n’a pas beaucoup impacté sur nos équipes nationales, parce que les compétitions internationales sont organisées par la Fiba. Aujourd’hui, les dates des fenêtres de novembre sont maintenues pour les garçons. Les éliminatoires des filles sont aussi confirmées. Donc, toute la programmation n’a pas changé pour le moment. Le Sénégal n’est pas impacté à ce niveau, parce que la quasi-totalité de basketteurs de l’équipe masculine joue à l’étranger. Les basketteuses de la sélection féminine jouent actuellement avec leurs clubs respectifs à l’étranger, même si le coach à l’œil sur des filles qu’il doit superviser dans le championnat local.  

 Peut-on avoir une idée de l’impact de la Covid-19 sur la FSBB ?

L’impact est réel, surtout au niveau des finances. Nous n’avons signé aucun contrat de sponsoring pour l’année 2019, à cause de la pandémie. Les sociétés ont dépensé l’essentiel de leurs revenus dans la lutte contre la Covid-19. Nous n’avons pas aussi organisé des évènements et des compétitions. Donc, nous sommes vraiment impactés par la crise sanitaire, mais on va essayer de se relever et voir comment aider les clubs avec le préjudice qu’ils ont subi.  

OUMAR BAYO BA AVEC CHEIKH FANTAMADY KEITA (‘’Le Soleil’’)

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