Publié le 22 Sep 2020 - 20:27
BAH N'DAW, NOMME PRESIDENT DE LA TRANSITION AU MALI

Un choix surprenant et intriguant 

 

L’ancien ministre malien de la Défense sous l’ex-président Ibrahima Boubacar Keïta, a été nommé, hier, fort de son passé sous les drapeaux.

 

Le président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) a annoncé, hier, la nomination d’un président de la transition au Mali. Il s’agit de l'ancien ministre de la Défense, Bah N'Daw, qui sera à la tête du pays pour les prochains 18 mois.  Cette décision a été annoncée à la télévision nationale par celui qui sera le vice-président de la transition, le colonel Assimi Goita, Chef de la junte au pouvoir, depuis la chute de l’ancien président Ibrahima Boubacar Keïta dit ‘’IBK’’. Les deux hommes ont été nommés par un collège de 17 électeurs choisis par la junte pour superviser la transition censée aboutir à l’organisation de nouvelles élections.

La prestation de serment est prévue vendredi prochain, a ajouté le colonel Goita, lors de son allocution télévisée.

Par son parcours, Bah N'Daw semble être le parfait compromis entre la junte, qui souhaitait que le gouvernement de transition à venir soit dirigé par les militaires, le M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques) et les dirigeants africains de la région qui demandaient que la tâche soit confiée à des civils. Ministre de la Défense sous la présidence d'Ibrahim Boubacar Keïta, ce colonel-major à la retraite fut aussi aide de camp du général Moussa Traoré, ex-dirigeant militaire du pays. L'officier, âgé de 70 ans, a fait sa carrière sous les drapeaux. Formé essentiellement en URSS, comme beaucoup de militaires maliens de sa génération, le colonel Bah N'Daw a pris la tête de l'armée de l'air et du génie, après sa démission du poste d’aide de camp de Moussa Traoré. Par la suite, il a assuré la tête de la Société des anciens combattants. Un parcours qui le place à la croisée des chemins de ces deux positions.

Dans des propos rapportés par Reuters, Kaou N'Djim, porte-parole de l'influent imam Mahmoud Dicko, qui fut l'un des chefs de file de la contestation politique qui a conduit au putsch du mois dernier, s'est pour sa part félicité de ce choix, en estimant que ‘’Ba est une personnalité intègre. Il n'a jamais été impliqué dans des affaires de corruption financière’’.

Aucun commentaire cependant n'a pu être obtenu dans l'immédiat au siège de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Mais le nouveau chef de l'État devrait, a priori, satisfaire les exigences des chefs d’Etat ouest-africains. L'organisation régionale, qui a placé le Mali sous sanctions depuis le coup d'État, avait exigé, la semaine dernière, que le pouvoir soit restitué aux civils, avec la menace d'imposer un embargo total sur le pays, si celles-ci n'étaient pas respectées. Une mission de la CEDEAO, dirigée par l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, est attendue ce mardi pour entériner cette désignation express.

La junte a, elle aussi, des raisons de réjouir. Elle qui ne cachait pas sa frustration de ne pas pouvoir conserver les rênes du pays, devrait s'entendre avec cet ancien militaire réputé rigide.

Toutefois, le choix du président Bah N’Daw, un polyglotte qui parle notamment français, anglais et russe, n’était pas le plus évident. Des spécialistes de la crise au Mali, comme le chercheur Baba Dakono, en sont même surpris, et voient en lui un ‘’poids léger’’ qui ‘’ne sera pas à même de peser sur les décisions’’, donc une simple couverture ‘’pour Assimi Goita qui assurera la réalité de ce pouvoir qu'il ne veut pas lâcher’’. D'autres voient en lui un ‘’homme puissant’’. ‘’Il est derrière le coup depuis le début. C'est un homme très discret, mais avec des convictions très fortes’’, assure un bon connaisseur de la scène malienne.

En attendant, l'identité du Premier ministre n'a elle pas encore été dévoilée.

Lamine Diouf

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